Lun. Mar 25th, 2024

Par Elizabeth Poulin

La récente boulette politique de notre ministre de la Condition féminine, madame Thériault, n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Quelques journées à peine avant la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, madame Thériault a refusé de porter le titre de « féministe », lui préférant le terme « égalitaire ».

Des propos de même nature sont sortis de la bouche de madame Vallée, ministre de la Justice. Bref, de sombres paroles pour amorcer le mois des femmes. Ces événements ont déjà été publicisés, publiés, tempérés, modifiés. En gros, pas besoin de revenir là-dessus.

Certains crient à l’outrance (et peut-être avec raison) que le poste de ministre de la Condition féminine devrait s’accompagner d’un minimum de connaissances à propos du féminisme, mouvement phare de la condition des femmes dans la province et partout dans le monde. Ces paroles, bien que surprenantes, voire révoltantes, ont peut-être eu au final plus d’avantages que ce que l’on aurait pu prévoir.

En effet, depuis le début du mois, nous assistons à une véritable effervescence du côté de la cause féministe. Des gens n’ayant jamais réfléchi à ce mouvement ont soudainement réalisé que le féminisme, c’est un sujet hot. On en parle, on en discute, on brasse des idées et on mijote l’avenir.

Des événements d’envergure, comme le Sommet des femmes, tenu le 4 mars à Montréal, se sont soudainement retrouvés sous les feux des projecteurs. Des projets ayant comme vocation de valoriser et de promouvoir les droits des femmes dans la société voient le jour, d’autres renaissent de leurs cendres. C’est le cas de l’Euguélionne, première librairie féministe de la métropole, qui a pour but de rassembler des écrits féministes dans un lieu où les femmes et les hommes pourraient lire et discuter sur ce mouvement légendaire, mais mal connu des nouvelles générations. La campagne interuniversitaire Sans oui, c’est non!, lancée cette semaine, vise à sensibiliser la communauté universitaire à travers la province sur les violences sexuelles, et met bien en lumière que les comportements inappropriés en regard à la gent féminine sont bien plus fréquents que ce que l’on pourrait s’imaginer.

À l’ère du numérique, elles sont aussi capables de se rassembler, les femmes. On pense notamment à Women in the World, page Facebook qui réunit le sexe féminin  à travers le monde pour faire état de la situation au niveau international. Fait nouveau, des sections dédiées au féminisme ont été instaurées dans différents médias, par exemple le blogue HuffPost Women, attaché au journal Huffington Post.

La mauvaise publicité et les stéréotypes négatifs sont les principaux maux qui rongent le féminisme. Beaucoup de jeunes femmes ne s’identifient pas au mouvement, par manque de connaissances à ce sujet. Or, depuis quelques semaines, le Québec traverse une véritable vague  de renouveau féministe qui rassemble tant les jeunes que les moins jeunes, les moins fortunés comme les plus aisés. Peut-être que cette énergie se consumera d’elle-même aussi rapidement qu’elle s’est installée dans le paysage québécois. Peut-être que les manuels d’histoire parleront de 2016 comme l’année ou le féminisme a repris l’ampleur de son passé. Dans ce cas, remercions mesdames Thériault et Vallée pour avoir remis le féminisme au goût du jour. L’ironie du destin aura fait en sorte que deux femmes, qui ne se considèrent même pas féministes, auront donné un second souffle à un des plus grands mouvements sociaux de l’histoire : le féminisme.


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