Jeu. Avr 18th, 2024

Par Catherine Foisy

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Après de longues années d’enquêtes et de réflexions, le Québec est arrivé, en juin 2014, à se positionner sur l’idée de l’assistance à mourir. Une loi spéciale, la loi 2, entrera en vigueur à compter du 10 décembre prochain, soit 18 mois après son annonce. Cette loi vise à reconnaître les soins de fin de vie, tant ceux concernant les soins palliatifs que l’euthanasie médicale.

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Le Canada en a fait du chemin depuis l’affaire de Robert Latimer en octobre 1993, cet homme qui avait tué sa fille qui était lourdement handicapée. Celui qui avait soulagé l’enfer de sa fille avait été condamné à un emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant dix ans. Ce passage qui a été douloureux pour son cœur de père, est, en mon sens, un passage obligé des courageux. Outre lui, des dizaines de cas se sont succédés au pays de la feuille d’érable. Certains cas se sont rendus dans d’autres pays, où ils avaient accès à ce suicide assisté, tellement leur souffrance les empêchait de respirer l’air canadien.

Avant de grimper dans les rideaux, il faut savoir qu’afin de bénéficier de cette injection fatale, il faut répondre à six exigences bien précises. D’abord, il faut être assuré au sens de la Loi sur l’assurance maladie, majeur et apte à consentir. Il faut bien entendu être en fin de vie, et être atteint d’une maladie grave et incurable. La situation médicale du receveur doit être avancée et irréversible. Finalement, les souffrances physiques et psychologiques qui accompagnent la maladie doivent être jugées incapables à apaiser et intolérables pour le patient. Somme toute, cela doit être le tout dernier recours.

Les souffrances, elles font parties du quotidien. Mais du plus loin que je me souvienne, j’ai cette petite voix en moi qui me rappelle que si tout était toujours beau, nous ne pourrions apprécier ce qui l’est véritablement. Je suppose que ce niveau de souffrance efface cette petite naïveté qui abrite mes pensées. Ces suppositions, elles ne sont fondées, elles ne peuvent l’être, parce que je n’en suis pas là, et assumant l’égoïsme de cette déclaration, je me dis que c’est tant mieux. Mais si je me rendais là, j’aimerais avoir le choix de poursuivre ou de m’arrêter, de marcher ou courir, d’avancer ou d’enfoncer fermement la main sur le frein de la souffrance. Le suicide assisté n’est pas imposé à personne, l’instauration de ce dernier dans les centres de santé est une ouverture sur la personne où on assume que nous sommes maîtres de nos corps et de ce que nous souhaitons en faire. Derrière plusieurs pays européens, nous voilà, enfin prêt à accepter que le patient ait le dernier mot qui, dans certains cas, sera réellement le dernier. D’autant plus qu’avec toutes ces conditions, le gravement malade ne peut faire autrement que de faire un choix éclairé, un choix pour lui, par lui.

Certes, comme toute nouvelle chose, une période d’adaptation est de mise. On parlera rapidement des premiers cas, qui espérons, demeureront l’exception, parce qu’au final, on ne souhaite à personne de souffrir à un tel point.


© Lepigeondissident

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