Ven. Mar 29th, 2024

Par Émilie Lalonde

Le 19 avril dernier, la ville de Sherbrooke lançait un projet tout à fait innovateur : le CoDeBars qui signifie Conducteurs Désignés et Bars. En effet, plusieurs établissements de la région offriront désormais des consommations non alcoolisées gratuites aux conductrices et aux conducteurs désignés. L’initiative, qui a récolté de nombreux « j’aime » et partages sur les médias sociaux dans les dernières semaines, permettra de sensibiliser les jeunes adultes à l’adoption de comportements sécuritaires.  

Pour mieux comprendre le projet et ses impacts, l’équipe du Collectif s’est entretenue avec les responsables de trois bars populaires auprès de la communauté étudiante, soit la P’tite Grenouille, la Commission des Liqueurs et le Liverpool, ainsi qu’avec une agente communautaire du Service de police de la ville de Sherbrooke. Leur enthousiasme était tout à fait contagieux!

Simple et facile

Le concept du projet est assez simple. La personne désignée à conduire doit être accompagnée d’au moins deux personnes et doit signifier sa présence dès son entrée dans le bar. Un bracelet lui sera alors remis et les consommations non alcoolisées seront servies au même rythme que celles commandées par le reste du groupe. C’est aussi facile que cela! Les responsables des trois bars auxquels nous nous sommes adressés ont d’ailleurs mentionné qu’il est important d’insister sur cet aspect. Il favorisera ainsi la participation des jeunes – une participation qui est d’ailleurs nécessaire. Sans être une grande fervente de statistiques, Nicole Lévêque de la Division sécurité des milieux du Service de police de la ville mentionnait que plusieurs arrestations pour facultés affaiblies ayant eu lieu à Sherbrooke en 2016 impliquaient des personnes de 18 à 30 ans. Sur le site Internet de CoDeBars, il est possible de voir que ce chiffre s’élève à 47,5 %. Des changements doivent être effectués. Annie Faucher du Liverpool nous a confié qu’elle avait reçu plusieurs questions de la part de sa clientèle dès l’annonce publique du projet par la ville. Elle en est réjouie, car c’est la preuve d’un grand intérêt et du même coup, d’un pas dans la bonne direction!

L’idée n’est toutefois pas apparue en un éclair de génie! Depuis un bon moment déjà, elle trotte dans la tête de madame Lévêque. En effet, la policière indique que, depuis plus de dix ans maintenant, elle rencontre les finissantes et finissants de cinquième secondaire, afin de les sensibiliser aux dangers de l’alcool au volant. Elle a remarqué que, dans les dernières années, les jeunes déterminaient d’avance une personne pour les ramener en fin de soirée. Yann Doyon de la P’tite Grenouille mentionne, pour sa part, que cette pratique semble avoir pris plus d’ampleur dans les cinq dernières années. Toutefois, la conductrice ou le conducteur responsable voyait souvent sa tâche comme un fardeau. Les couts engendrés semblaient être un frein à la bonne foi de ces personnes! C’est ce qui a motivé la création de l’idée.

Rassembleur et pertinent

Madame Lévêque mentionne qu’il n’a pas été trop compliqué de convaincre les établissements de Sherbrooke de se joindre au projet. En effet, il y a présentement une vingtaine de bars participants. Ils sont non seulement du centre-ville, mais également des arrondissements Fleurimont, Jacques-Cartier, Lennoxville, Mont-Bellevue et Rock Forest–Saint-Élie–Deauville. Pierre-Louis Vigneux de la Commission des Liqueurs a déclaré que le milieu des bars n’a pas toujours une très belle réputation et que ce genre d’initiative permettait de redorer son image en plus d’être une excellente idée. Monsieur Doyon de la P’tite Grenouille a renchéri en mentionnant que la conduite en état d’ébriété constituait un énorme stress chez les tenanciers de bars. Il est donc important de trouver des moyens créatifs de faire passer le message aux personnes concernées. Lors de l’entrevue, madame Faucher a également avoué, sans l’ombre d’une hésitation, s’être jointe à CoDeBars dans le but de remplir une certaine responsabilité sociale. Elle a ajouté qu’elle trouvait le projet intéressant et innovant. De plus, comme elle est mère de deux enfants, elle est heureuse de voir naitre ce genre de campagne. Il faut remercier la Ville de Sherbrooke, mais aussi la Société de l’assurance automobile du Québec pour cela. Leur contribution financière a grandement aidé, mais leur étude de marché a également confirmé qu’il était nécessaire de rendre les routes plus sécuritaires.

Aidant et inspirant

Présentement, les établissements ont cent bracelets à leur disposition. Au moment de l’entrevue, le Liverpool avait déjà écoulé douze des siens. Madame Faucher mentionnait avoir bon espoir de voir ce chiffre augmenter au fil des soirées. Les autres responsables de bar mentionnaient que l’intérêt était bien présent. Cette initiative peut avoir un impact réel sur le comportement des jeunes conducteurs. C’est pourquoi madame Lévêque souhaite que le projet se perpétue année après année et même qu’il se propage dans les autres villes. Le processus est d’ailleurs déjà commencé. La policière de Sherbrooke a reçu de nombreux coups de fil de municipalités voisines et elle se fera un plaisir de leur partager les étapes de la mise sur pied du projet.


Crédits Photo © Facebook Ville de Sherbrooke

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