Jeu. Mar 28th, 2024

Lettre ouverte/ Le 2octobre de chaque année, la Journée internationale de la non-violence est célébrée partout dans le monde. Pour l’ONU et en vertu de la résolution de l’Assemblée générale du 15juin 2007, cette journée est «l’occasion de diffuser le message de la non-violence, notamment par des actions d’éducation et de sensibilisation» 

 Par Samya Lemrinijeune leader du projet Dialogue plus  Actions interculturelles  

 

La résolution réaffirme la pertinence universelle du principe de non-violence et souhaite favoriser une culture de paix, de tolérance, de compréhension et de non-violence. Cette année, avec le contexte de pandémie, force est de constater que la solidarité dont peuvent faire preuve les gens en temps de crise peut littéralement sauver des vies. Quelle que soit la couleur de notre peau, la langue que nous parlons, quelles que soient nos croyances religieuses et indépendamment de qui nous aimons, de comment nous nous identifions, nous ne sommes pas les ennemis les un-e-s des autres. Nous faisons front commun face à un adversaire de taille qui nous guette tous et toutes. Nous y faisons face avec solidarité, entraide, camaraderie, force et résilience. Nous n’avons pas le choix.  

 

Plus que jamais, le contexte actuel nous rappelle l’importance de nous unir, surtout avec ce début de deuxième vague. C’est en laissant de côté nos appréhensions de l’autre et en s’ouvrant vers notre prochain, en faisant passer l’intérêt commun avant le nôtre que nous parviendrons à lutter contre ce virus infatigable. Dans les conditions qui prévalent, porter notre masque est un geste solidaire, un geste militant, un geste que nous posons pour nous-mêmesmais aussi pour toutes les personnes qui nous entourent. Au-delà de nous unir contre la pandémie, nous ne réalisons pas que nous prenons soin de milliers d’inconnu-e-s qui sont peut-être né-e-s ici, mais peut-être aussi né-e-s outre-mer. Comme le virus, notre bienveillance en cette période ne fait pas de discrimination. Elle peut atteindre tout le monde, mais, plus robuste que la maladie, elle fait du bien, elle est rassurante et se pose comme un baume sur le cœur de toutes les personnes que l’on croise. Un simple regard ou un hochement de tête suffit pour dire «merci». Merci de porter ton masque même si c’est pas le fun et même si tu es asymptomatique. Nous apprenons à sourire avec les yeux et nous faisons de notre mieux pour passer à travers cette épreuve collective difficile. Rapprochons-nous tout en respectant la distanciation physique 

 

L’un des objectifs phares de la Journée internationale de la non-violence est de favoriser le dialogue interculturel et de faciliter le vivreensemble, au-delà de tout préjugé ou mythe lié à l’inconnu. Dans cette optique, il semble d’autant plus important d’insister sur lenrayement de l’intolérance par l’éducation et l’information sur la culture, les traditions et l’histoire de l’autre. Il peut s’agir de votre voisine, de votre enseignante, de votre médecin ou de votre commis d’épicerie. Elles et ils viennent de Madagascar, du Togo, de la Colombie ou d’Algérie. Leur accent est mélodieux et la couleur de leur peau est peut-être celle du sable ou du soleilmais leur sourire provient du Québec, des gens qu’ils et elles y ont rencontrés et des souvenirs qu’elles et ils y ont créés. 

 

Certes, il reste encore un bon bout de chemin à faire, mais en échangeant avec les gens qui m’entourent, j’ose espérer que le Québec est sur la bonne voie. Favoriser l’intégration des Néo-Québécois-es est important pour assurer le respect des autres cultures. Leur offrir des opportunités d’emploi sans discrimination à compétences égales est crucial. 

 

La reconnaissance que nous sommes sur des terres autochtones non cédées et que les Québécois-e-s né-es ici sont des descendant-e-s d’immigrant-e-s peut faciliter ce processus d’acceptation et relativiser cette notion de «nouvel-le arrivant-e». Car au fond, si nous ne sommes pas issu-e-s des Premières Nations, si nous ne sommes pas Inuits ou Métis, ne sommes-nous pas toute-s des immigrant-e-s 

 

Reconnaître qu’il y a du racisme au Québec est également un pas de plus vers un changement de paradigme nécessaire qui reflète l’importance de continuer d’éduquer les gens sur les différences qui nous unissent. Nous unissent, oui! Ce changement de paradigme prend racine dans l’éducation à la non-violence. Des drames indicibles comme la mort précoce de Joyce Echaquan nous rappellent le passé colonial du Canada et réitèrent notre devoir de mémoire et d’histoire. La détention de Mamadou Konaté nous indigne et nous révolte. Ces deux situations, comme bien d’autres, nous poussent à manifester pacifiquement pour faire entendre notre colère  avec notre masque. C’est d’ailleurs l’un des dogmes clés de la théorie de la non-violence : le pouvoir des dirigeants dépend du consentement des populations. Nous consentons à éradiquer le virus, mais nous ne consentons pas à ces tragédies évitables. La non-violence cherche à éroder l’arbitraire en refusant le statu quoRefuser le statu quo, ce n’est pas de s’insurger contre l’état d’urgence sanitaire. Non. C’est s’octroyer le pouvoir de participer à notre société en respectant les mesures d’urgence sanitaire pour pouvoir recommencer à vivre normalement le plus rapidement possible. Ça, c’est militant.  

 

Je profite de cette tribune qui m’est accordée pour m’adresser à toutes les générations : apprenons du passé pour un avenir meilleur. Faisons de cette journée une journée pour célébrer la diversité, prenons un moment pour apprécier nos différences, car elles constituent réellement une richesse inestimable. Reconnaissons nos faiblesses, acceptons que nous pouvons toujours en apprendre plus. Normalisons le fait de ne pas tout savoir. Soyons ouvert-e-s à nous éduquer, toujours plusOn se ressemble bien plus qu’on pense. 

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