Jeu. Avr 25th, 2024

Par Hélène Maillé

La période de l’université est bien connue pour être culminante en termes de vie sociale. Entre les 5 à 8 et les projets d’équipe, on ne sait souvent plus où donner de la tête. Parfois, ça peut déraper, surtout quand l’alcool entre en jeu. Deux fois plus d’agressions sexuelles surviennent alors que la victime est intoxiquée (Journal of Adolescent Health). Ce chiffre vous surprend-il?

En Angleterre, pour pallier ces situations, les étudiantes et étudiants demandent de parler à Angela (Ask for Angela). Aux États-Unis, on choisit des Angel Shots sur le menu. Au Québec, depuis peu, on Commande un Angelot. Ces coutumes à en devenir ont toutes un point commun. Ce ne sont pourtant ni le nom d’une personne ni celui d’une nouvelle boisson à la mode. Ask for Angela, Angel Shots et Commande un Angelot sont des initiatives qui ont vu le jour après que des organismes aient constaté un besoin de prévention et de sensibilisation à l’extérieur des murs des campus universitaires, soit là où les étudiants socialisent. « L’initiative est née de la volonté de trois partenaires de répondre à la problématique des violences à caractère sexuel dans le milieu des bars fréquentés par la communauté étudiante », explique Marie D. Gauthier, coordonnatrice du lancement collégial Sans oui, c’est non!.

La consommation d’alcool : un facteur de risque

Constatant ces risques, les campagnes Sans oui, c’est non!, Ni viande Ni objet et l’Alliance pour la santé étudiante au Québec ont allié leurs forces. Ce qui devait être une demande de soutien financier s’est transformé en projet collaboratif : Commande un Angelot. Deux objectifs en découlent, soit « assurer une protection adéquate aux victimes potentielles qui ne se sentent pas en sécurité et prévenir les violences à caractère sexuel dans les bars fréquentés par la communauté étudiante ». Si le double des victimes d’actes de violence à caractère sexuel présente des signes d’intoxication, le secteur des bars étudiants devient rapidement l’épicentre de comportements déplacés, s’imposant dans la ligne de mire de ces organismes.

C’est pourquoi une affiche, comportant un protocole clair, sera placée dans la toilette des femmes, principales victimes de ce type d’agression, bien que toute personne soit encouragée à demander de l’aide. Vous l’aurez compris, un Angelot est un code pour aviser le personnel de l’établissement qu’on ne se sent plus en sécurité. Au menu? Un Angelot sans glace pour être amené dans un lieu sûr, un Angelot avec glace pour quitter le bar en taxi et un Angelot avec lime pour appeler la police, dans le cas d’une agression ou d’une intoxication à son insu.

Des établissements formés pour intervenir

« L’objectif d’un tel protocole n’est pas qu’il soit secret ou […] la seule façon de demander de l’aide, mais bien de fournir un outil supplémentaire à la clientèle pour dénoncer rapidement et sans jugement une situation où une personne ne se sent pas en sécurité et désire obtenir de l’aide », affirme madame Gauthier. Les organismes impliqués dans la mise en place de cette initiative agissent à titre d’experts-conseils et sont présentement en train d’élaborer une formation dans l’optique de sensibiliser le personnel des établissements concernés par cet enjeu.

Ceux qui deviendront des témoins actifs recevront une trousse comprenant, entre autres, une charte d’engagement portant sur la question des violences sexuelles et l’importance d’agir dans ce genre de situation, une formation sur le protocole, une autre afin de devenir une personne-ressource, des affiches, des outils de sensibilisation pédagogiques et des aide-mémoires. La formation en soi sera divisée en trois parties : présenter la problématique comme telle, souligner l’apport que peut avoir le personnel d’un bar dans ces situations et la manière d’appliquer le protocole.

Prochaine cible : Sherbrooke

La Maisonnée (Montréal) et Le Pub Universitaire (Québec) ont déjà annoncé leur participation au projet. Concernant Sherbrooke, madame Gauthier nous a dit que la liste des bars prenant part à la campagne sera annoncée à l’automne 2017 et que des partenariats avec des organismes locaux ont été entrepris pour faciliter l’implantation. Rejoints par Le Collectif, les bars La P’tite Grenouille et Le Magog ont confirmé leur intention de mettre en place l’initiative. Le Refuge des Brasseurs n’en ressent, pour l’instant, pas le besoin. Quoi qu’il en soit, ces trois établissements s’entendent pour dire qu’il n’est pas nécessaire d’attendre qu’une situation problématique arrive pour agir.

S’inspirant des campagnes menées ailleurs dans le monde, telles que Safe Bars et Party Smart aux États-Unis, Commande un Angelot est devenu, au fil de son élaboration, un pot-pourri de ce que chaque campagne étrangère offrait de meilleur, sans omettre le fait que la province a peu de ressources pour ces initiatives. Celle-ci ne signifie toutefois pas l’arrêt de Sans oui, c’est non! ou Ni viande, ni objet. « Nous n’avons pas la prétention de dire que cette initiative changera tout, mais […] nos efforts peuvent faire une différence, souligne Marie D. Gauthier. »


Crédit photo © Alex Knight

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