Jeu. Mar 28th, 2024

Par Ariane Drainville

Ça bouge en environnement au Québec! En l’espace de deux semaines et demie, un regroupement de plus de 500 artistes, scientifiques et leaders de différents secteurs ont invité la population à s’unir dans un Pacte… et la communauté québécoise de 35 ans et moins s’est engagée dans une poursuite judiciaire contre le gouvernement du Canada. Il n’y a pas à dire, au Québec, on prend le taureau par les cornes!

Le Pacte pour la transition

Le 7 novembre dernier, nombre d’universitaires, d’artistes, d’anciens de la scène politique et autres, menés par le metteur en scène et militant Dominic Champagne, ont inauguré le Pacte pour la transition (écologique et énergétique). Le but : « passer de la parole aux actes », dit l’initiateur du projet, s’engager à poser des gestes individuels pour l’environnement et exiger des gouvernements d’adopter des mesures concrètes et efficaces, pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris. L’Accord stipule notamment que les pays devront limiter la hausse des températures climatiques à 1,5 degré Celsius, cible encore loin d’être atteinte par le Canada, selon les climatologues.

« Le Pacte pour la transition témoigne d’un intérêt citoyen grandissant pour les préoccupations environnementales. Il y a toujours eu une frange de la population qui était interpellée par ces questions-là, mais je pense que la logique derrière le pacte, c’était de démocratiser encore davantage l’information (qui est la problématique des changements climatiques) et de montrer que l’inquiétude est beaucoup plus généralisée que ce que les gouvernements, ou la société en général, peuvent penser » affirme Annie Chaloux, professeure à l’École de politique appliquée.

« On est rendus à plus de 220 000 [240 000 au moment d’écrire ces lignes] personnes qui ont signé, ce n’est pas rien. C’est un manifeste clair de la volonté québécoise de verdir tous ses secteurs d’activité. » Effectivement, le Pacte vise une amélioration globale dans les secteurs pétrolier, de la consommation, de l’alimentation, de l’empreinte écologique et de l’engagement citoyen.

Selon la professeure, le contexte politique actuel a créé une conjoncture favorable pour une initiative de la sorte. En effet, la préoccupation populaire pour l’environnement est en croissance, notamment depuis la sortie du plus récent rapport du GIEC, qui demande aux États une réduction de presque de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour éviter des conséquences catastrophiques. Aussi, le gouvernement actuel a « tout à bâtir » dans tous les domaines, incluant l’environnement. « On sent que le gouvernement caquiste est sensible aux pressions des différents groupes », avance l’experte en politique.

Une poursuite sans précédent

ENvironnement JEUnesse, un organisme d’éducation relative à l’environnement, a annoncé le 26 novembre qu’il déposait à la Cour supérieure du Québec une demande d’autorisation de poursuivre le gouvernement du Canada. Cette demande est faite au nom de la jeunesse québécoise de 35 ans et moins, qui juge que le gouvernement fédéral devrait en faire plus en matière d’environnement. « En ne respectant pas l’environnement, le gouvernement menace la sécurité des générations futures », s’indigne Annie Chaloux. Celle qui s’intéresse à la politique de l’environnement explique que si la demande est accordée et que le gouvernement est déclaré coupable, il sera obligé de respecter des engagements plus stricts en environnement, surtout si la cour statue des obligations, comme ce fut le cas aux Pays-Bas. « Déjà, sur le plan réputationnel, ça apporte de l’eau au moulin pour que le gouvernement Trudeau se sente lié, se doive d’agir, d’au moins de respecter ses engagements. Je rappelle qu’on est loin d’atteindre nos cibles pour 2030. »

Plusieurs organisations ont entamé des procédures similaires dans d’autres pays. C’est pourquoi Annie Chaloux croit que la poursuite a de bonnes chances d’être acceptée par la Cour supérieure. D’ailleurs, la démarche a déjà gagné en crédibilité puisque la poursuite est intentée pro bono (bénévolement) par le cabinet Trudel Johnston & Lespérance. Il n’est pas rare qu’un cabinet souhaite soutenir une cause pour laquelle personne ne peut assumer les frais; cette prise en charge pro bono montre l’importance qu’accorde Trudel Johnston & Lespérance à l’enjeu.

L’opinion d’une experte

Annie Chaloux, optimiste ou pessimiste?

« Je considère qu’il est difficile d’être pessimiste, parce que ça signifie en quelque sorte qu’on baisse les bras. On ne peut pas se permettre ça, dans un contexte où on peut encore faire quelque chose. Même les experts et le dernier rapport du GIEC disent qu’il y a une urgence d’agir, mais disent aussi qu’on peut y arriver! Il est certain que le travail sera de plus en plus difficile si on ne fait rien maintenant… Malgré tout, il faut espérer! »

Liste non exhaustive de la meilleure et des pires décisions en environnement dans les dernières années

La meilleure :

La mise en place du marché du carbone au provincial et sa liaison avec le marché du carbone californien Les entreprises qui dépassent une certaine quantité de gaz à effet de serre émis doivent se procurer des droits d’émission pour chaque tonne excédante. Les profits sont acheminés au Fonds vert. Le but est d’inciter les entreprises à réduire leurs émissions tout en créant une source de revenu pour le Québec.

Les pires :

  • L’achat de l’oléoduc Trans Mountain par le gouvernement de Justin Trudeau
  • Le dossier des gaz de schiste au provincial  Ce dossier s’est terminé sur une note joyeuse pour les environnementalistes, mais a été très mal géré, selon Annie Chaloux.
  • Le projet d’exploration pétrolière sur l’île d’Anticosti Anticosti, ce joyau naturel en voie de devenir un patrimoine mondial de l’UNESCO, avait commencé à subir les coups de l’exploration pétrolière par le gouvernement de Pauline Marois. Il aura fallu un changement de gouvernement pour que les opérations cessent.
  • La gestion des matières résiduelles québécoise, de manière globale Selon la professeure, le Québec traîne de la patte dans ce domaine. De nouvelles technologies de recyclage existent, mais ne sont pas implantées. La Chine a ramené le gouvernement à l’ordre en fermant ses portes à nos déchets en 2017.

Celles et ceux désirant signer le Pacte peuvent le faire ici.


Crédit Photo @ Le Pacte pour la Transition

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