Mer. Avr 17th, 2024

Par Laurie Jeanne Beaudoin

L’image d’un scarabée, d’une chenille ou d’une sauterelle au bout de votre fourchette vous dégoute? Sachez toutefois que l’entomophagie (la consommation d’insectes par l’être humain) se faufile tranquillement dans l’alimentation des Québécois et Québécoises depuis quelques années. Ça vaut le coup d’y gouter, si ce n’est pas pour nous, mais pour la planète.

Les insectes peuvent être consommés dans leur entièreté ou plus fréquemment sous forme de poudre ou de farine. En effet, en tant qu’ingrédient, il est facile de les cacher dans des produits alimentaires transformés tels que des galettes de hamburgers, des pâtes ou des collations. La poudre de grillons est la plus populaire et surtout la plus accessible, souvent utilisée comme un substitut de la farine pour ajouter des protéines à une recette. Depuis quelques années déjà, on trouve de la farine de grillons dans des produits vendus en épicerie, principalement dans des barres protéinées. De plus en plus de grandes chaines comme Le Choix du Président se joignent au mouvement et offrent le produit comme nouveauté.

Des nutriments à ne pas ignorer

Parmi les 1900 espèces d’insectes comestibles dans le monde, le scarabée, la chenille, l’abeille, la guêpe, la fourmi, ainsi que la sauterelle, le criquet et le grillon sont les plus populaires. Malgré la réticence de certains et certaines à vouloir consommer un organisme vivant à l’allure repoussante, les insectes sont en fait très riches en protéines, en acides gras essentiels et en fer. Les grillons sont composés de 60 % à 80 % de protéines et ils contiennent plus de fer que le bœuf et autant de calcium que le lait. Assez frappant, n’est-ce pas? Vous ne pouvez pas refuser tant de bienfaits nutritionnels.

Ces nutriments sont nettement plus importants chez les personnes plus à risque d’avoir des réserves de fer diminuées : les femmes, les coureurs de longues distances ou sportifs d’endurance ainsi que les végétariens.

« Les protéines fournies par les grillons sont complètes puisqu’elles proviennent du règne animal. Comme vous le savez, ces dernières sont particulièrement importantes chez la personne active. De son côté, le fer est impliqué dans le transport de l’oxygène jusqu’aux cellules et donc, permet la production d’énergie dans les muscles. »

Vanessa Daigle, nutritionniste et créatrice de contenu

Défis pour l’avenir

Selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), la production et la consommation d’insectes comestibles connaissent une effervescence en Amérique du Nord. Ces insectes représentent une nouvelle source de protéines. Néanmoins, au Québec, les producteurs sont plus rares. La demande du marché se fait sentir et c’est l’industrie de production qui tente de rattraper le pas.

La place des insectes comestibles dans notre système alimentaire n’est pas encore tout à fait établie et leur désirabilité auprès du grand public reste un défi à dépasser. Il faut voir ces produits comme des nouveautés qui pourraient remplacer à long terme les protéines animales. Il est notamment très difficile d’instaurer des changements dans l’alimentation d’une société qui possède déjà une culture et des préférences bien ancrées. Avec du temps et de l’ouverture, les insectes transgresseront peut-être ces clôtures. Tout comme autrefois, il n’était pas envisageable de transitionner vers une alimentation sans produits animaliers, maintenant, bien des gens ont choisi ce mode de vie.

Actuellement, le prix des sachets de poudre ou de farine d’insectes est encore très dispendieux, mais plus les produits seront vidés des tablettes et plus les prix seront intéressants. Déjà, l’arrivée de ce type de produits dans des épiceries grand public est un bel accomplissement.

L’attitude à adopter ici est plutôt de voir cette pratique comme une option supplémentaire pour réduire sa consommation de viande, une option à ajouter à sa liste d’épicerie pour diversifier le contenu de l’assiette.

Une solution très écologique

D’ici 2050, les ressources ne seront plus suffisantes pour nourrir une population en croissance constante. Pour éviter une pénurie de sol cultivable ou d’eau, L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture met de l’avant la consommation d’insectes, et ce, depuis 2013.

Les aliments à base d’insectes sont en soi des solutions de rechange pour une alimentation plus végétalienne. Une solution qui s’inscrit donc par la même occasion dans une catégorie d’industrie « bonne pour l’environnement » ou plutôt « meilleure que l’élevage ». En effet, la production d’insectes engendre moins de répercussions environnementales par les faits suivants :

  • La quantité d’eau nécessaire à la production d’un kilo de bœuf est d’environ 800 gallons d’eau contre 1 seul gallon pour la production d’un kilo de grillons.
  • Ces derniers ont la qualité d’être 12 fois plus efficaces pour convertir la nourriture ingérée en protéine que le bœuf.
  • Ils produisent très peu de gaz à effet de serre, et nécessitent peu d’espace et atteignent leur maturité au cours d’un cycle rapide de huit semaines.
  • 80 % de l’insecte est comestible contre 40 % seulement pour le bœuf.

Il y a trois productions principales d’insectes au Canada : celle du ténébrion meunier, de la mouche soldat noire et du grillon. Dans la pièce où l’élevage est pratiqué, l’humidité et la chaleur doivent être contrôlées. Les insectes sont placés dans des bacs en plastique ou dans des sections de carton. Ils sont souvent nourris de résidus végétaux ou de restants de nourriture. C’est une chaine de production complète et sans perte.

Dans une perspective où la dégradation de l’environnement réduit fortement les sources alimentaires mondiales accentuées par l’inflation démographique, les insectes représentent une solution très envisageable et réaliste. Bref, préparez-vous à l’idée que les insectes pourraient un jour faire partie de votre garde-manger. Pour les générations à venir, c’est une option qui mérite réflexion.


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