Ven. Mar 29th, 2024

Nul besoin d’introduction : Mommy se lit sur toutes les lèvres. L’œuvre d’une authenticité déroutante frappe en plein cœur et son écho vibre longtemps après son visionnement. Bien mérité, l’engouement autour du cinquième film de Xavier Dolan ne fait que commencer!

Par Mikaëlle Tourigny

Le cap du million de dollars au box-office étant franchi, rien ne semble ralentir la cadence de ce film applaudi par la critique et le public. Vraisemblablement, le réalisateur parvient à rendre sa passion accessible au grand public tout en conservant son style, que ce soit grâce aux personnages spectaculaires et complexes ou à travers les technicités évocatrices du montage.

D’ailleurs, impossible d’omettre le fameux ratio 1:1, le carré parfait qui capture le regard de la salle et optimise le jeu d’acteur bouleversant du trio central, composé de Diane, Steve et Kayla. Encore une fois, Dolan propose une relation extrêmement forte entre une mère et son fils. Alors que dans J’ai tué ma mère, Hubert demeure incapable de chérir sa mère comme un fils, Steve, dans Mommy, éprouve un amour démesuré envers Die. Aux prises, entre autres, avec un trouble de l’affection aigu, le jeune adolescent est ni plus ni moins amoureux de sa mère; il l’aime à la vie à la mort – littéralement. Et elle lui rend du mieux qu’elle peut ce trop-plein d’amour n’étant, on le constate dans le film, jamais à ras bord. Ici, au centre du drame, le système, la justice et la maladie finissent par entailler le lien viscéral de cette famille.

Mommy, c’est la quête implicite du rêve américain, ce rêve inaccessible qui n’a visiblement pas été conçu pour Die et Steve. C’est Kayla, bégayante, miraculeuse avec son entraide, qui arrive dans le décor. C’est la fusion des trois personnages, l’amitié qui se tisse, puis se déchire; le retour à la case départ. Mommy, c’est le beau, le regard débordant de mots intériorisés, l’absence de filtre qui s’extériorise, la totale candeur. C’est avant tout l’espoir inépuisable.

Au final, cette histoire rejoint tout le monde d’une certaine façon…

Chacun possède un vieux CD gravé, empreint de nostalgie, lequel se retrouve barbouillé d’un Summer 2010, Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai ou Don’t stop the party!!!. De plus, qui n’a jamais chanté à l’abandon en interprétant du Céline?

Tout le monde a déjà entretenu une amitié éphémère et condensée, voire fusionnelle. Ces relations se concluent au fil des saisons, à la fin des études ou à la suite d’évènements fragmentaires n’autorisant pas de retour en arrière.

On incarne inévitablement le veuf ou la veuve de quelqu’un. Métaphore ou pas, n’importe qui s’est déjà retrouvé seul du jour au lendemain, pris au dépourvu avec ce qu’il reste du passé : des restaurants favoris, des mélodies particulières, de vieilles photos, des tornades émotionnelles incontrôlables. Encore avez-vous déjà nié un deuil en fuyant dans un reflet qui s’apparentait à un bonheur lointain.

On s’est tous déjà créé un scénario de vie idéale, alimenté par cette utopie remplie de si.

En conférence de presse, Dolan révèle qu’il réalise à travers ses films ce que la vie lui interdit. Eh bien, un fait demeure sans équivoque : elle lui permet de produire des chefs-d’œuvre. Chapeau!

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