Ven. Mar 29th, 2024

Par Laurence Poulin

La saison estivale est souvent propice à l’apprentissage terrain dans différents domaines à l’Université. C’est le cas d’une vingtaine d’étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke, qui se sont rendus à Haïti en ce mois de juin. Pour ce qui est de leur groupe, ils étaient 19 étudiants de l’École de politique appliquée, deux étudiantes au Baccalauréat en communication et une étudiante en psychologie, accompagnés de Mme Marie-Ève Chrétien. J’ai donc pu m’entretenir avec deux d’entre eux afin d’en apprendre davantage sur leur expérience. 

À la base, quel était l’objectif de ce projet pour les étudiants en politique? Qu’avez-vous fait sur le terrain?

Philippe Simard : « Ce cours se voulait une introduction à l’aide au développement. C’est en ce sens que nous avons rencontré bon nombre de coopérants de toutes nationalités œuvrant dans le développement économique, social et politique du pays. Nous avons d’abord visité une commune dans le nord du pays qui profite de fonds et de l’expertise en agriculture du Carrefour de solidarité internationale basé à Sherbrooke. Nous nous sommes ensuite rendus à Port-au-Prince, capitale nationale, pour rencontrer Richard Lafrance, employé de la Ville de Montréal. Son mandat est de venir en aide à la mairie de Port-au-Prince, pour lui permettre d’exercer convenablement son pouvoir de taxation foncière, par exemple.

Après, direction l’Académie de police de Port-au-Prince. Cette académie, prévue dans la loi haïtienne, était absente jusqu’à tout récemment. C’est à un consortium canadien, dont fait partie l’Université de Sherbrooke, qu’est revenue la lourde tâche de mettre sur pied de toute pièce une académie destinée à la formation des cadres de la police nationale haïtienne. Finalement, nous avons eu la chance de rencontrer l’équipe d’Oxfam présente en Haïti. Leur mission : venir en aide aux populations aux abords de la frontière dominicaine, majoritairement aux femmes et aux jeunes enfants, souffrant de difficultés mettant en péril leur santé et leur pérennité financière. Bref, nous avons eu la chance de dialoguer avec moult coopérants de tout horizon ayant pour objectif de favoriser le développement de ce merveilleux pays qu’est Haïti ».

Paul Evra : « L’objectif était de nous pencher sur le travail d’un coopérant, de l’aide au développement et aussi d’avoir une meilleure compréhension et analyse d’organismes travaillant en coopérant internationale. Également, il s’agissait de faire du travail terrain comme coopérant pour des organisations qui sont en Haïti.

D’un point de vue personnel, je cherchais à comprendre le travail d’un coopérant et l’aide qui pourrait être amenée à des niveaux différents, car je suis sur le Conseil d’administration de la nouvelle Fondation Hassoun Camara qui ira en Afrique de l’Ouest. Je voulais être  plus outillé afin de bien conseiller toute l’équipe. J’ai envie de dire qu’en résumé, nous avons ouvert nos yeux sur les différentes étapes de coopération tant au stade d’écriture de projet, d’analyse de projet que du projet sur le terrain. »

Que retirez-vous le plus de cette expérience bien spéciale?

Philippe Simard : « Que l’aide au développement profite aux pays lorsqu’elle est exercée d’égal à égal; lorsque les coopérants sont au fait qu’on ne peut pousser un pays à s’occidentaliser; lorsque l’aide est destinée à des secteurs préalablement identifiés comme problématiques par la population locale, et lorsque la population locale est elle-même appelée à contribuer au développement du pays et à l’amélioration de ses conditions de vie. »

Paul Evra : « Il est encore difficile pour moi, sans beaucoup de recul, de dire ce que je retire le plus de cette expérience. Il y a eu tellement de choses. De Montaigne disait que les voyages forment la jeunesse et je vous dirais que si ce dernier est dans le cadre d’un stage universitaire, alors tous les éléments sont réunis pour vivre une expérience de vie inoubliable. Je disais à mon retour “on ne peut pas dire qu’un seul élément ou une série d’éléments dans un délai aussi court que ces 15 jours peuvent réellement changer notre perception de la vie ou de réalités aux multiples reflets comme l’est l’aide au développement et la coopération internationale, mais il se pourrait toutefois que le prisme du voyage nous détourne de la route initialement établie”. Si je dois nommer qu’un seul élément en lien avec Haïti, je dirais la fierté du peuple haïtien, peu importe les circonstances. »

Qu’est-ce qui t’as le plus marqué à travers ce stage?

Philippe Simard : « Incontestablement, la joie de vivre des Haïtiens. Jamais je n’ai vu un peuple si souriant et accueillant. Autant les jeunes que les vieillards, tous nous souriaient de bon cœur. Même si la barrière de la langue nous limitait quelque peu, nous étions tout de même en mesure d’établir des liens et de les converser. Sur une autre note, je dois absolument parler des paysages paradisiaques qu’offre Haïti. Un nombre infini de pointes montagneuses et de plaines à couper le souffle. Ce sont de loin les plus beaux paysages que j’ai eu la chance de voir dans ma vie!

Je tiens à mentionner que le vrai pays qu’est Haïti n’est pas celui décrit comme sale et dangereux par les médias. Haïti est un superbe pays regorgeant de richesses, autant au sein de sa population qu’à travers ses paysages magnifiques. Lisez Haïti! Pensez Haïti! Visitez Haïti! »

Paul Evra : « La beauté d’Haïti! J’y allais pour une troisième fois et chaque fois, je suis charmé par la beauté du paysage. Avoir cette impression d’être dans un lieu paradisiaque et savoir toutes les difficultés qu’éprouve encore ce pays à s’en sortir, je dirais que le contraste est marquant. Également, comment le travail d’un coopérant passionné et qui laisse derrière lui ses préjugés peut tout changer sur le terrain. Nous devons absolument laisser derrière nous nos préjugés d’Occidentaux et être très humbles dans notre approche de coopérant. Si l’occasion se présente de faire un stage, faites-le. De plus, cela permettra de valider si c’est pour vous ou non. »


 

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