Par Annabelle Heroux
Le 8 mars dernier, nous soulignions la Journée internationale des femmes, également appelée Journée internationale des droits des femmes dans certains pays comme la France. Cette journée met en lumière la lutte pour les droits des femmes notamment pour la réduction des inégalités qu’elles subissent. Très symbolique, la Journée des femmes a été proposée pour la première fois en 1910, pendant la conférence internationale de la femme socialiste.
Au Québec, depuis, nous avons fait des progrès : les femmes ont obtenu un salaire, le droit de vote et des conditions plutôt similaires aux hommes. Mais malheureusement, des injustices persistent et les conséquences de ces inégalités se font encore sentir, et ce, partout dans le monde. Ce n’est pas encore gagné et le modèle de patriarcat est toujours bien en place dans beaucoup de civilisations. Des problèmes sociaux sont toujours présents comme la violence conjugale : cinq féminicides sont survenus au Québec en l’espace de quelques semaines en 2021.
C’est quoi, la violence conjugale ?
L’organisme SOS violence conjugale témoigne avoir déjà reçu près de 35 000 demandes depuis le début de l’année. Des organismes d’aide estiment que l’heure est grave. La violence conjugale se différencie principalement des « chicanes de couple » par le fait qu’il y a un déséquilibre dans la répartition du pouvoir entre les partenaires.
Lorsqu’il y a de la violence conjugale, les épisodes de violence sont répétés et un des partenaires prend le contrôle de l’autre et adopte des comportements nuisibles envers lui. La violence conjugale n’a pas de frontière. On peut la retrouver dans tous les types de relations de couple, amoureuses ou intimes (hétérosexuelles, homosexuelles, polyamoureuses, mixtes, fuckfriends [amis sexuels], fréquentations, etc.). Elle peut persister même lorsque les partenaires se séparent et peut survenir à n’importe quel âge.
Différents types de violence
Certains peuvent penser que la violence conjugale n’est que physique, mais elle peut également s’avérer psychologique, verbale, économique, sexuelle, et elle peut se manifester sous plusieurs formes en même temps. Même si elle est de plus en plus évoquée dans les médias, la violence conjugale peut être difficile à cerner. Même pour les victimes, il peut être complexe de le reconnaître, car la brutalité s’installe de manière plutôt sournoise, et s’accentue lentement en intensité.
L’agresseur utilise généralement plusieurs moyens différents pour maintenir son emprise sur la victime. La manipulation est souvent de mise. Bien que tout le monde puisse en subir, la violence conjugale est majoritairement vécue par des femmes, peu importe leur culture, leur statut social ou leur revenu. On peut affirmer que la violence conjugale est amplement issue des rapports inégaux qu’on retrouvait autrefois entre les femmes et les hommes, où les femmes n’ont pas toujours eu droit au même statut social.
Féminicide au Québec
Dans les dernières semaines, cinq femmes vivant une situation de violence conjugale ont été assassinées au Québec. C’est arrivé à Kuujjuaq, à Laval, à Saint-Hyacinthe, et à Sainte-Sophie. À cela s’ajoutent huit autres féminicides survenus l’an dernier.
Chaque année, dû au manque de ressource ou de budget, la Fédération des maisons d’hébergement assure qu’elle doit refuser jusqu’à 15 000 demandes de femmes violentées dans le besoin d’un abri temporaire. Le manque de ressources dédiées à contrer ce problème majeur qui mène à des féminicides est démesuré.
Violence conjugale et confinement
Le confinement n’améliore en rien les choses : contraints de rester à la maison, les couples à problèmes en vivent assurément les conséquences. Le nombre de demandes d’aide pour des situations de violence conjugale, par téléphone ou par voie électronique, est plus élevé que jamais auparavant.
Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, affirme que la pandémie a ajouté un levier d’agression. Pour les organismes, les féminicides représentent en quelque sorte la partie émergée de l’iceberg. Rien que pour son réseau de 36 maisons d’hébergement, Manon Monastesse déclare avoir soutenu 300 femmes qui se sont dites victimes d’une tentative de meurtre, que ce soit par étranglement ou par arme blanche, l’an dernier. Et ça, c’est sans compter toutes les femmes qui ne dénoncent pas et qui ne vont pas demander de l’aide. Alors, on est loin de connaître les vraies statistiques.
Lors de son point de presse sur la situation, M. Legault a ajouté « espérer » que la situation s’améliore grâce aux mesures mises en place par son gouvernement pour soutenir les centres d’hébergement pour femmes. À la suite de cette dernière phrase, la porte-parole du Parti québécois (PQ) en matière de condition féminine, Méganne Perry Mélançon, a réagi en entrevue. Elle a dit souhaiter que l’argent accompagne les beaux discours. Elle affirme que les maisons d’hébergement sont encore sous-financées. C’est tout de même bien de voir que le gouvernement a fait le point sur la situation et qu’il décide de mettre en place des solutions.
Par ailleurs, une campagne de publicité visant à dénoncer la violence conjugale a récemment été mise sur pied par le gouvernement.
J’ai bien aimé voir ce premier pas du gouvernement du Québec pour la sensibilisation. Même s’il reste encore du chemin à faire, personnellement, je nous trouve sur la bonne voie, et on ne doit pas abandonner pour inciter le changement. Et surtout, soyez fière d’être une femme !
Besoin d’aide ? Appelez SOS violence conjugale au 1 800 363-9010. Ou sur le web : sosviolenceconjugale.ca |
Crédit image @ Annabelle Heroux
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