Jeu. Avr 18th, 2024

Par Dorian Paterne Mouketou

Dimanche soir dernier, le Québec a été secoué par la fusillade dans une mosquée de Sainte-Foy, dans la capitale nationale. Le lendemain matin, le sujet était l’objet de discussions au sein de la communauté étudiante de l’Université de Sherbrooke, où l’incident a soulevé les débats. Partout au Canada, nombreux sont ceux qui se sont exprimés sur les réseaux sociaux, d’autres se sont rendus sur les lieux, dont certaines personnalités politiques, tant au fédéral qu’au provincial. 

Un incident qui a fait jaser au campus principal de l’Université de Sherbrooke

Les étudiants de l’Université de Sherbrooke n’ont pas pu s’empêcher de commenter l’actualité et de dénoncer la fusillade survenue au Centre culturel islamique de Québec dimanche soir. C’est un sujet qui a suscité beaucoup de débats ce lundi matin au campus, où de nombreux étudiants se sont dit choqués d’apprendre ces nouvelles. Le Collectif a donc voulu recueillir les propos des étudiants qui désiraient s’exprimer sur le sujet. Lorsque nous avons demandé à Jérémie Tessier-Vigneault, étudiant en 3e année du baccalauréat en Études politiques appliquées, quelle avait été sa réaction à la suite des événements, il nous a fait remarquer la chose suivante : « Comme la plupart des gens sensés, je trouve cet acte aberrant. Cependant, force est de constater que cet événement n’est pas surprenant considérant une certaine montée de la haine et de la radicalisation québécoise. Les réseaux sociaux et la propagande anti-islamique agissent comme un ‘‘venin’’ qui étouffe les belles valeurs multiculturelles que nous nous efforçons de bâtir au Québec. »

Le Québec divisé?

Qu’en est-il de la tournure du débat sur la question culturelle et religieuse au Québec, à la suite de la fusillade dans la mosquée de Québec? À cette interrogation, Jérémie stipule que « l’identité nationale et provinciale restera fragmentée temps et aussi longtemps que nous ferons face à une radicalisation aussi active. Il ne faut que quelques lectures des propos haineux sur les réseaux sociaux pour comprendre qu’il existe des lacunes éducationnelles ainsi que sensibilisatrices au sein de notre société. Certes l’ISIS est un fait, mais l’extrême droite québécoise et les barrières culturelles en sont un autre ». Un autre étudiant en philosophie nous rappelle que le Québec est une démocratie où la liberté de culte et de conscience est un droit fondamental. Ce faisant, « une communauté ne devrait [jamais] être visée par la violence pour la religion qu’elle pratique ». Les étudiants convient le peuple québécois à manifester sa solidarité à la communauté musulmane et à aider les victimes. Certains spéculent sur le fait que ce crime risque de réorienter le peuple « vers un idéal de société unie et pluraliste ».

Une initiative étudiante en mémoire des victimes

Trois étudiants de l’Université de Sherbrooke ont pris l’initiative d’organiser une vigile en mémoire des victimes de la fusillade et pour montrer la solidarité des Sherbrookois avec les membres des familles de celles-ci. Ce lundi 30 janvier, près de 300 personnes ont accepté l’invitation de se recueillir au Centre culturel islamique de l’Estrie, situé au 1200, rue Massé. Melissa Drolet, avec qui Le Collectif s’est entretenu, est l’une de ces trois étudiantes et étudiants à l’origine du rassemblement. Elle nous a parlé de ses motivations par rapport à cette vigile : « Dès que j’ai su qu’il y avait eu des victimes et que j’ai vu les vigiles de Montréal et de Québec, je me suis demandé s’il y avait déjà un événement du genre qui s’organisait à Sherbrooke, j’ai contacté Sami Haiouani. […] Il m’a ensuite mis en contact avec Amira Bensahli qui avait eu exactement la même idée afin que nous puissions mettre nos efforts en commun. »

La vigile, une occasion pour être solidaires et pour dénoncer

Sous la présence policière, censée assurer la sécurité du périmètre, les Sherbrookois ont pu montrer leur soutien aux familles touchés par l’incident. Plusieurs ont allumé des bougies en mémoire des victimes. Sur cette photo, on peut voir une phrase « UNI.E. S CONTRE LA HAINE » pour dénoncer le mépris ayant causé ces pertes. Melissa Drolet se dit fière d’avoir organisé cette vigile et touchée de voir qu’autant de gens ont répondu à l’appel. Elle souligne également le but cette rencontre : « Le but était de démontrer notre solidarité avec la communauté musulmane de Québec et du Québec. […] Cette vigile se voulait être un événement où tous peuvent dénoncer pacifiquement la violence commise, dénoncer le racisme, la xénophobie et l’islamophobie. Nous pensons également que cet événement se voulait être un moment de recueillement, mais une belle tribune pour véhiculer des valeurs de solidarité, de partage, bref d’humanité ».

Un seul suspect… nous ont appris les policiers

Nous avons appris aux dernières heures que l’auteur présumé de l’attentat, qui fait face à onze chefs d’accusation, dont six de meurtres prémédités et cinq de tentative de meurtre, s’appelle Alexandre Bissonnette, un étudiant de 27 ans en sciences politiques à l’Université Laval. Les étudiants de l’Université de Sherbrooke ont tenu à souhaiter aux familles des victimes leurs plus profondes sympathies.

La communauté musulmane de l’Estrie vous invite à une rencontre de solidarité, d’amour et de paix le vendredi 3 février sous le thème « Ensemble, nous sommes capables ». Cette rencontre aura lieu à l’école internationale du Phare (450, rue Sara) de 18 h 30 à 21 h. Thé, café et friandises seront servis. Invitez vos amis et connaissances et venez en famille. Au plaisir de vous y voir!


Crédit photo © Dorian Paterne Mouketou

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