Jeu. Mai 9th, 2024

Par Zoé Nadeau-Vachon

C’est le 1er juin que La chute de Sparte prendra l’affiche. Inspiré du roman du même titre, le long métrage se penche sur les aléas de la vie des adolescents, dont l’intensité s’apparente souvent à celle des tragédies grecques. Quelques jours avant la sortie du film au cinéma, Le Collectif a eu l’occasion d’échanger quelques mots avec Biz, auteur du roman et coscénariste, et Tristan Dubois, coscénariste et réalisateur de l’œuvre.

La chute de Sparte prend place à la polyvalente Gaston Miron de Saint-Lambert et relate la dernière année au secondaire de Steeve Simard. De prime abord, Steeve ne semble avoir aucune histoire à raconter. Adolescent introverti et peu habile socialement, il n’a qu’un seul ami, Virgile (Jonathan St-Armand), et peine à nouer des liens avec ses parents et les autres élèves de son école. D’apparence ordinaire, il se fond à la masse et rêve secrètement d’avoir l’éclat des joueurs de football de l’école ou d’attirer l’attention de Véro (Lili-Ann De Francesco), la plus belle fille de la classe.

Toutefois, Steeve est beaucoup plus qu’un simple adolescent renfermé qui peine à trouver sa place dans le monde.  Pour combler ses moments de solitude, il se réfugie dans la lecture de grands classiques littéraires. Son amour des livres l’a modelé en un jeune érudit et cultivé ayant un sens critique auquel rien n’échappe. Sa vivacité d’esprit en fait un personnage adolescent original et rafraîchissant dont la vision du monde porte à la réflexion.

Au cours de l’histoire, Steeve fera face à des bouleversements qui l’obligeront à sortir de sa tête et à affronter le monde réel. Tantôt humoristique, tantôt dramatique, La chute de Sparte fait vivre à son public une montagne russe d’émotions qui le replonge dans l’intensité de l’adolescence.  

Du livre à l’écran

Avant d’être un long métrage, La chute de Sparte est d’abord un roman qui a été écrit par Biz et publié en 2011. Le Collectif était curieux de savoir comment l’auteur avait vécu l’expérience de travailler un scénario basé sur sa propre œuvre. « Je l’ai vu comme une occasion assez rare dans la vie d’un écrivain de pouvoir améliorer mon livre, explique-t-il. J’ai eu la chance de réécrire mon histoire avec Tristan, qui est un spécialiste de la psychologie des personnages et du cinéma. […] Je trouve que le film est un peu comme mon livre en version améliorée. »

Ceux qui ont lu le livre pourront constater que le film comporte moins de personnages, mais que ceux qui ont été gardés sont maintenant beaucoup plus nuancés. L’action a également été recentrée et répartie de façon plus équilibrée dans le scénario.

Si certains changements ont été faits pour améliorer l’histoire au niveau du contenu, d’autres étaient nécessaires pour l’adapter au format cinématographique. « Au cinéma, il y a quand même une structure assez indéniable, expose Tristan Dubois. Même si tu veux faire le cinéma différemment, tu finis toujours par retomber dedans. » La chute de Sparte a donc dû suivre les règles de l’art : « Le cinéma, c’est vraiment un condensé : tu dois tout montrer, mais en allant à l’essentiel et sans que ça ne paraisse trop dense, poursuit le réalisateur. […] Pour nous, ce qui a été le plus dur à trouver était le bon pacing. Ça a pris plusieurs versions, on voulait vraiment trouver une façon dynamiser l’histoire et les rebondissements. »

Un film pour ados?

Bien que La chute de Sparte porte sur le trouble de l’adolescence, le film est loin de s’adresser exclusivement aux jeunes. Des sujets tels que l’intimidation, l’amour, l’amitié, la solitude et la quête de soi suivent bien souvent les individus dans leur vie adulte. « Il est important de corriger, de la part des journalistes et du public en général, la tendance de se dire ” Ah, ça c’est un film pour ados “, souligne Tristan Dubois. Un bon film, c’est un bon film, peu importe le contexte. Si l’histoire est bien racontée, si elle est intéressante et que les personnages sont attachants et forts… c’est ça qui compte. »

Lorsqu’il a commencé à songer à La chute de Sparte, Biz a vu en la polyvalente un décor inspirant dans lequel situer son récit : « Quand tu lis un livre ou que tu écoutes un film, tu veux une bonne histoire, relate l’auteur. Et moi, je trouve que l’adolescence est d’une richesse incroyable. Tout est amplifié… Ta première blonde, ta première job, ta première brosse… On passe notre vie adulte à rechercher l’intensité de ces premières fois. »

En écrivant sur les adolescents, Biz s’était également donné comme objectif de redorer l’image peu flatteuse de ces derniers souvent véhiculée dans les médias : « Je trouvais que, quand on parlait des jeunes dans les médias, on en parlait toujours quand ça va mal et quand ils ne sont pas bons. Je me suis dit que j’allais créer un personnage qui allait prendre la parole au nom des jeunes et qui allait être un super ado. Des ados qui ont lu Miron, Nietzsche et qui trippent sur les spartiates, j’en connais. […] Steve est un superhéros de l’ordinaire, du quotidien… Comme le sont tous les ados, en fait. »

En réalité, la beauté du film ne réside pas nécessairement dans les intrigues liant les joueurs de football, les cheerleaders et les autres élèves de l’école. Son unicité se retrouve plutôt dans sa vraisemblance, dans la richesse de ses personnages et de leurs relations ainsi que dans les réflexions mordantes de Steeve. Le tout en fait une œuvre absolument brillante et touchante.

Anecdotes de tournage

Le Collectif a également eu la chance de discuter avec les principaux acteurs de La chute de Sparte. Voici quelques anecdotes qu’ils ont à nous partager!

  • Plusieurs scènes à la polyvalente ont été tournées durant la nuit puisque l’école était occupée par des élèves durant la journée.
  • Lévi Doré (Steeve) et Karl Walcott (Giroux) affirment qu’au secondaire, leur personnalité était aux antipodes de celle de leur personnage respectif! En effet, Lévi explique qu’il a toujours été un sportif et un comique, alors que Steeve est un intellectuel introverti. De son côté, Karl, qui interprète une brute à la tête de l’équipe de football, raconte qu’il était un adolescent timide et lunatique.
  • Lili-Ann De Francesco, l’interprète de Véro, a dû se mettre au cheerleading pour les besoins du film! En effet, bien qu’elle pratique la danse depuis qu’elle a 4 ans, il s’agissait pour l’actrice d’une initiation à cette discipline sportive. Nul ne s’en douterait en voyant son sourire confiant et radieux lors de sa prestation (Lili-Ann prétend toutefois que sa peur est visible une fraction de seconde avant qu’elle n’effectue sa vrille dans les airs!).
  • Au départ, lors des scènes se déroulant sur le terrain de football, les joueurs se félicitaient en se frappant la tête l’un contre l’autre avec leur casque.  L’équipe de tournage a dû renoncer à cette pratique quand Karl Walcott (Giroux), qui a déjà eu plusieurs commotions cérébrales lorsqu’il jouait au hockey, a commencé à voir des étoiles!
  • Jonathan St-Armand (Virgile) raconte que la scène se déroulant dans les douches du vestiaire des joueurs a été pour lui la plus difficile à tourner. Il s’agit, en effet, d’un moment très intime et dramatique dans l’histoire. Or, un cours de natation se déroulait au même moment à la piscine. Il était donc difficile d’avoir de l’intimité avec les allées et venues des gens dans le vestiaire!

Crédit Photo @ La Chute de Sparte

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