Source: Ville de Montréal
Schéma des ponts Darwin
Le verre de milliers de bouteilles de vin sera mis à profit dans la construction de deux ponts situés à L’Île-des-Sœurs, à Montréal, grâce aux travaux de chercheurs de l’Université de Sherbrooke. En tout, c’est plus de 70 000 bouteilles qui éviteront de finir leurs jours dans un site d’enfouissement.
Par Martine Dallaire
Ce n’est pas sans fierté que le professeur Arezki Tagnit-Hamou et son équipe ont réussi à marier l’un des principes des 3 R (Réduction, remploi, recyclage) à une percée mondiale dans le domaine du génie civil.
Cette équipe de la Faculté de génie a mis au point du béton dont l’un des composants est constitué de poudre de verre qui servira à la construction de deux ponts.
Les Sherbrookois feront équipe avec la Société des alcools du Québec et la Ville de Montréal dans le projet, ce qui permettra de troquer 40 000 kg de ciment par du verre recyclé. On estime qu’environ 244 000 tonnes de résidus de verre sont générées annuellement au Québec.
Les ponts Darwin, situés sur le boulevard de L’Île-des-Sœurs, sont les premiers au monde à utiliser du béton structural auquel de la poudre de verre mixte broyé est ajoutée. Ce type de verre est récupéré au centre de tri, mais est brisé en morceaux trop petits pour que le centre puisse le séparer par couleur.
Selon des informations obtenues sur le site Web de la Ville de Montréal, le premier tronçon des ponts Darwin sera terminé d’ici la fin de l’automne, permettant au boulevard de L’Île-des-Sœurs d’enjamber une piste cyclable.
Un produit innovant
La poudre de verre, substituée au ciment dans la production de béton, a été reconnue officiellement par la norme américaine ASTM C1866 en avril dernier. C’est d’ailleurs le professeur Tagnit-Hamou et son équipe qui ont contribué à élaborer cette certification dans le cadre de la Chaire SAQ de valorisation du verre dans les matériaux, fondée en 2005.
Le nouveau matériau a aussi servi de mesure d’étalonnage au niveau de la durabilité et de la dureté. La poudre de verre avait été officiellement reconnue par une norme canadienne semblable, la CSA A3000, en décembre 2018. Depuis, la Ville de Montréal utilise cette technologie dans la construction de trottoirs.
Des avantages indéniables
En plus de réduire l’empreinte écologique, l’utilisation de la poudre de verre dans la fabrication du béton offre l’avantage d’augmenter la durabilité du produit en offrant une meilleure résistance aux abrasifs utilisés lors des opérations de déglaçage. Ceux-ci ont tendance à pénétrer dans le béton et à en faire rouiller les armatures.
L’utilisation de la poudre de verre, jumelée à l’emploi d’armatures en acier inoxydable, permettrait d’allonger la durée de vie des ponts de 25 à 50 années additionnelles, un avantage économique non négligeable.
Selon Julie Tremblay, responsable des communications pour l’organisme Équiterre, la poudre de verre peut remplacer jusqu’à 30 % du ciment dans le béton, en plus de réduire de 20 % ses émissions de GES.