Lun. Mar 25th, 2024

par Rodrigue Turgeon

11 h 30, vendredi 17 février 2017. Les étudiantes et les étudiants membres de l’association générale des étudiants en droit de l’Université de Sherbrooke (AGED) sont rassemblé-e-s en assemblée générale spéciale, l’espace de trois heures et 43 minutes, afin de traiter du sujet qui anime tant les esprits du campus principal de l’UdeS à la veille des examens intra-trimestriels : la grève des membres du Syndicat des professeures et professeurs de l’Université de Sherbrooke (SPPUS). Exprimant une volonté forte d’appuyer leurs professeures et professeurs, la démocratie représentative étudiante a tranché : 86 pour; 7 contre; 7 abstentions.

Une grève en appui

Le libellé de la proposition adoptée va comme suit : « Que l’AGED soit en grève, pour les cours normalement donnés par les professeurs, en appui aux revendications du SPPUS tant et aussi longtemps que les professeurs seront en grève dû à la reconduction de leur prochaine convention collective. »

Le litige n’aura véritablement jamais porté sur l’opportunité ou la volonté d’appuyer ou non les membres du SPPUS dans leurs revendications. Fidèles à elles-mêmes et eux-mêmes, l’écueil principal qui attendait les membres de l’AGED portait plutôt sur la procédure permettant d’y parvenir.

Il avait fallu six heures pour amasser, mardi, dans une faculté relativement déserte, les 49 signatures nécessaires pour rendre admissible la demande de convocation.

Présentation du SPPUS

Afin de permettre à ses membres de prendre une décision éclairée, le conseil exécutif de l’AGED avait pris les dispositions nécessaires pour convoquer la Pre Véronique Fortin, déléguée syndicale à la Faculté de droit et le Pr Finn Makela, spécialiste en droit du travail qui assistait à la rencontre par Skype, tous deux membres du SPPUS, dans l’optique de permettre d’évaluer le bien-fondé et la pertinence de leur démarche. La présentation d’une durée de 10 minutes a été suivie d’une séance de huit-questions/huit-réponses de 20 minutes. Cette intervention a été favorablement saluée par les membres de l’AGED. Voici quelques phrases retenues :

« Les profs ne sont pas toutes et tous une gang de dangereux gauchistes qui montent aux barricades pour des revendications financières. On est en position défensive, pas en demande. Pour protéger nos acquis, mais surtout pour protéger les individus les plus vulnérables, notamment les femmes désirant avoir des enfants et les profs ayant besoin de plus de congés de maladie. » – Finn Makela

En réponse à la question « si je ne vais pas à l’examen d’une professeure ou d’un professeur en appui à votre mouvement, serai-je sanctionnée ? », la professeure Fortin répond que « ce ne sont pas les profs qui décideront, mais bien la direction. Nous vous invitons donc à leur soumettre sans tarder la question. Je ne peux également pas parler pour l’ensemble de mes collègues ».

Procédure

Entre plusieurs débats visant à apporter des amendements au texte de la proposition initiale, notons qu’il a été proposé d’ajouter le terme « symbolique » à titre de qualificatif au mot « grève ». Après un court débat de nature linguistique pour ne pas dire étymologique, la proposition fut rejetée par une majorité appréciable.

L’éventualité d’une prise de décision par référendum aura pris exactement une heure et demie avant d’être évoquée, mais n’a jamais réellement retenu l’attention de l’assemblée avant que soit tenu le vote de « grève ». L’utilisation des guillemets ici semble justifiée dans la mesure où plusieurs interventions ont soulevé qu’en analysant d’un point de vue objectif les effets de cette mesure, le mandat adopté relèverait davantage du domaine de l’appui.

Cependant, l’ordre du jour comportait un point visant la suspension de l’article 90 des règlements généraux de l’AGED, qui prévoit que « [l]e Conseil d’administration est […] tenu d’organiser un référendum pour tout sujet touchant une grève de plus d’une journée ». L’assemblée se sera finalement prononcée fortement en faveur de la suspension temporaire des RG « pour les seules fins du mandat octroyé lors de la présente assemblée générale spéciale », suivant ce résultat :

39 pour
8 contre
2 abstentions

À noter

• L’auditorium, initialement chauffé à pleine capacité par plus de 120 âmes, s’est progressivement refroidit à mesure que les étudiantes et les étudiants regagnaient la frénésie du fabuleux monde de leurs bouquins. Au moment de sa levée, l’assemblée n’en comptait plus que 49. Or, les membres en présence jusqu’à la fin auront eu droit à un emballant débat sur la procédure des assemblées délibérantes en vertu du Code Morin, en relation avec les règlements généraux de l’AGED (RG).

• Selon son site internet, le personnel enseignant de la Faculté de droit se décompose en 44 membres du corps professoral et 71 chargées et chargés de cours pour la session d’hiver 2017.

• « C’est pas grave, je peux répéter 50 fois, je suis habitué, j’étudie en enseignement au primaire. » – Alexandre Parent, animateur de l’assemblée générale et étudiant au baccalauréat en éducation primaire et préscolaire.


Crédit photo © Rodrigue Turgeon

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