Ven. Mar 29th, 2024

Par Sofie Lafrance

Je ne sais pas si cette situation est similaire pour l’ensemble des étudiants et étudiantes, mais pour ma part, les périodes d’examens et les longues heures d’études qui en résultent provoquent chez moi de lourdes remises en question. Pourquoi se bourrer le crâne de longues définitions prédéfinies pour ensuite les renvoyer sur une feuille de papier et ne plus jamais y penser? Arrive-t-il, dans la « vraie » vie, que nous ayons à nous souvenir de ces concepts par cœur sans avoir droit à nos ressources? Plus encore, pourquoi s’infliger un tel supplice d’études? Pourquoi le système scolaire est-il confectionné ainsi? Est-ce vraiment nécessaire d’obtenir un diplôme pour atteindre un métier passionnant?

C’est dans le tumulte de cette névrose étudiante que j’en suis venue aux prémices de ma détresse : Et si l’argent n’avait jamais été inventé? Si le pacte social pensé par Hobbes s’en tenait seulement à la force politique, pour assurer une cohésion sociale? Immédiatement, l’idée me plait. L’argent, synonyme de puissance pure pour l’humain, est en mesure de pervertir le plus honnête de cette terre. L’argent rappelle quotidiennement que l’humain est intimement avare et égoïste et que, ironiquement, ce sont les moins nantis qui sont les plus offrants. L’argent, en somme, s’avère dans la majorité des cas être une fin et non un moyen pour une vie bien accomplie.

J’entretiens une haine viscérale envers ce « bonheur vert » et je me déçois moi-même en optant pour des perspectives professionnelles « payantes ». Je hais cette invention qui détruit l’environnement jusque dans ses recoins les plus précieux, qui détruit des personnes, des familles, voire des pays complets. Si l’argent n’existait pas et que nous en étions encore au troc pour subvenir à nos stricts besoins, la surface de cette planète serait différente du tout au tout. Allons donc visiter ce monde utopique, contrôlé par « l’économie » du savoir.

Nous sommes en 2017, dans un monde où les systèmes monarchique, capitaliste et par le fait même, communiste, n’ont jamais vu le jour. À bas le colonialisme, le commerce triangulaire et la destruction des peuples autochtones et de leurs mœurs. Nous sommes dans un monde où chacun et chacune coopèrent pour subvenir à ses besoins grâce aux échanges. L’humain vit en harmonie avec la nature, sachant pertinemment qu’il en est un élément et non un être supérieur.

Un système reposant sur les échanges provoque inévitablement ses propres inégalités. Il faut cependant garder en mémoire que tous les objets qui composent notre quotidien appartenaient initialement à la terre, et que c’est l’humain qui a attribué un coût à chacune des matières premières. Il faut donc cesser de se répéter qu’un tel monde est impensable. Prenons par exemple un arbre. Il ne coûte rien à personne de faire pousser un arbre. Cependant, les produits dérivés du bois, que ce soit le papier, les meubles, les infrastructures, etc., ont des coûts bien précis, instaurés par les humains. Si les humains étaient autosuffisants, autonomes et collaborateurs, il n’en coûterait rien à personne, puisque ce sont des produits de la terre.

Revenons à nos moutons, ce système imaginaire repose sur l’économie du savoir, transmis par les érudits, les chercheurs et les génies, à ceux qui veulent bien apprendre. Les bancs d’école sont occupés par ceux qui ont soif de connaissance et qui veulent faire avancer l’esprit humain chacun à leur manière. Petite parenthèse ici : seriez-vous étudiant universitaire s’il en était ainsi? Difficile à dire, n’est-ce pas? Tous les métiers du monde seraient sur un piédestal, du joueur de hockey professionnel, en passant par l’agriculteur, jusqu’à l’artiste peintre.

Dans ce monde, la technologie ne serait certes aussi développée qu’elle ne l’est actuellement. Après tout, pourquoi créer des modèles toujours plus performants si cela ne fait qu’engendrer des gaspillages faramineux de matériaux et une dégradation de l’environnement? Toutefois, les idées novatrices des ingénieurs auraient leur place, ce qui signifie que la technologie évoluerait en fonction des besoins des êtres humains et non dans l’optique d’enrichir les grandes industries.

En ce qui a trait à la population mondiale, cette dernière serait beaucoup moins importante. En l’absence de colonisation et des pressions religieuses qui s’en sont suivies pour peupler les territoires conquis, les familles moyennes contiendraient de deux à quatre enfants. Il faut également considérer que l’Amérique serait principalement habitée par les peuples autochtones, l’Afrique par les divers peuples africains, l’Europe par les « Occidentaux » d’aujourd’hui, et ainsi de suite. « Il faut rendre à César ce qui est à César. » Par le fait même, une population moins importante signifierait un taux de criminalité moindre et une solidarité ancrée entre tous et toutes.

Il s’agit ici d’une brève ébauche de ce que pourrait ressembler un monde sans argent. Évidemment et bien humblement, je suis consciente que l’humain étant ce qu’il est, cette utopie est irréalisable. L’argent était à l’origine une unité de mesure permettant de standardiser les échanges. Toutefois, son accumulation excessive l’a complètement fait dévier de son objectif initial, en devenant source de supériorité hiérarchique. Si cela n’avait pas été l’argent, ç’aurait été autre chose. Je voulais toutefois vous permettre de vous évader dans ce monde issu d’une dimension parallèle l’instant d’une lecture.

À vous maintenant de repenser le monde, de le revoir à votre manière, de le renverser de A à Z!


Crédit photo © KeywordSuggest.org

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