Jeu. Mar 28th, 2024

Campus-edio-UdeS-18millionsL’Université de Montréal vit une situation qualifiée de « jamais vue en 15 ans »; l’Université Laval fait face à « la plus importante compression budgétaire gouvernementale de son histoire »; l’Université de Sherbrooke, quant à elle, essaie de limiter les dégâts tant bien que mal

Par Alexandra Basque

Portrait de la situation générale

C’est dans un climat de crise et surtout d’inquiétude que l’ensemble des universités québécoises tente de gérer les compressions budgétaires de 300 M$ imposées par le gouvernement provincial. Rappelons que les universités sont soumises à des restrictions financières depuis maintenant trois ans.

Le gouvernement libéral demande à la communauté universitaire de faire sa part pour atteindre l’objectif de l’équilibre budgétaire fixé pour l’année 2015-2016. Comme le mentionne le premier ministre Couillard, « il faut qu’on fasse un effort majeur, puis naturellement tout le monde doit y participer. Ce n’est pas une période facile, je le sais.»

Ces derniers jours, plusieurs universités ont largement déploré dans les médias la situation que leur impose le gouvernement. La direction de l’Université de Sherbrooke s’est faite plus discrète, ne voulant pas alimenter de rumeurs avant d’avoir présenté son plan global d’efforts budgétaires. Ce sont plutôt les syndicats des chargés et chargées de cours, des professeurs et professeures et du personnel administratif et professionnel de l’Université qui ont fait du bruit lors d’une manifestation la semaine dernière.

État des faits à l’UdeS

Pour l’année 2014-2015, l’Université de Sherbrooke fait face à des compressions budgétaires gouvernementales de 18 M$. La rectrice, Mme Luce Samoisette, et le vice-recteur aux ressources humaines et financières, M. Martin Buteau, ont présenté le plan global d’efforts budgétaires lors d’une conférence de presse le 30 septembre dernier.

Ce plan présente quatre principaux efforts. Le premier effort est l’augmentation des revenus, notamment par l’augmentation de l’effectif étudiant dans certaines facultés, la croissance des revenus de formation continue et la hausse de certaines tarifications. Par exemple, l’Université a accepté une cohorte supplémentaire dans les facultés de droit et d’éducation physique et sportive. Aussi – une première cette année – les finissants présents à la collation des grades ont dû payer 35 $ chacun ; ainsi, 120 000 $ de revenu ont été enregistrés, sans toutefois créer un effet de désistement vis-à-vis de l’événement.

Le deuxième effort consiste en la réduction des dépenses dans les ressources matérielles, soit les frais des consultants, de l’entretien ménager, d’objets promotionnels, de déplacements, etc.

La troisième mesure touche la masse salariale. Il s’agit principalement du report d’embauche de professeurs pour des postes vacants, du maintien des absences des professeurs, de la diminution de la masse salariale non professorale, de la fermeture et de l’abolition de postes. En tout, 83 postes sont touchés, mais ce ne sont pas 83 employés qui perdent leur emploi, car certains, voyant leur poste aboli, seront affectés à d’autres tâches. Dans un communiqué adressé aux médias, l’Université a affirmé qu’ « [elle] a cherché à limiter les abolitions de postes » et qu’« aucun membre du corps professoral ne verra son poste aboli ».

Finalement, le quatrième effort constitue en réalité une proposition : sur une base volontaire, le personnel non enseignant pourra réduire son horaire à 32 heures par semaine, réparti sur quatre jours, plutôt qu’à 35 heures par semaine.

La bonne nouvelle, si bonne nouvelle il y a, c’est que 84 % des objectifs ciblés de cette année sont atteints, ce qui veut dire que 14, 7 M$ d’économies ont déjà été réalisées ou sont en cours de réalisation, notamment grâce au travail accompli cet été dans les facultés et les services. Mais ne vous réjouissez pas trop longtemps, car comme le vice-recteur l’indique, l’année 2015-2016 offrira un défi majeur, et des changements structurels majeurs seront inévitables.

Vers une perte de la mission des universités?

Il est légitime de se demander si, à travers toutes ces coupures, le gouvernement s’inquiète réellement de la mission de l’enseignement, de recherche et de services à la collectivité des universités. Se préoccupe-t-il d’offrir une meilleure éducation pour un meilleur avenir? Il semblerait que l’obsession du gouvernement Couillard pour l’équilibre budgétaire le rend aveugle.

Je ne saurais mieux traduire les inquiétudes des gens, qui ont sincèrement à cœur l’éducation, que M. Pierre Hébert, professeur à la faculté d’administration de l’Université de Sherbrooke. Dans un très franc article du Devoir, il affirme de but en blanc que « ce qui va se produire, dans les prochaines années, est le démembrement de l’Université québécoise ». J’ajouterais « telle qu’on la connaît », car des changements structurels importants apparaissent inévitables pour sa survie. Ces importantes modifications affecteront-elles la mission même de l’Université?

Je vous laisse sur un dernier constat de M. Hébert : « Nous acceptons, dans le silence, que l’université se fracasse sur le récif du déficit zéro ».

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