Jeu. Mar 28th, 2024

Par Josianne Chapdelaine

La semaine qui suit les intégrations, tous les nouveaux étudiants sont invités à remplir un questionnaire concernant leur degré de satisfaction par rapport à cette journée d’accueil. Des controverses peuvent surgir faisant perdre certains privilèges aux comités organisateurs. Le programme de communication est l’un de ceux qui subissent encore les conséquences des débordements de l’édition de 2015.

À travers le temps

En 2015 avaient lieu les dernières intégrations avec le beurrage alimentaire pour les étudiants de communication, mais aussi pour la majorité des autres facultés. Les sondages ont révélé que les étudiants n’approuvaient plus cette méthode. Rodrigue Turgeon, étudiant en droit à l’Université de Sherbrooke, a publié une série d’articles dans Le Collectif dénonçant cette pratique à la fois nuisible pour la planète et critiquée par la société. L’Université s’est positionnée pour décourager les comités à se servir de nourriture pour salir les nouveaux admis.

Outre cet aspect, les principaux commentaires négatifs mis en lumière par tous les nouveaux intégrés des campus de l’UdeS portent principalement sur « des histoires d’abus de pouvoir de la part des anciens, sur l’incitation à consommer de l’alcool ainsi que sur les activités à connotation sexuelle », explique Sebastian Michaelis, coordonnateur aux Services à la vie étudiante de l’Université de Sherbrooke.

En ce qui a trait au programme de communication en 2015, les membres décisionnels n’ont pas eu d’autres choix que de prendre en considération ces revendications. Il fallait s’assurer que les prochains admis n’aient pas à subir ce type de traitement. « Cela faisait quelques années que la faculté avertissait les comités d’intégration. Il fallait briser le cycle. […] Nous avons un devoir envers les étudiants de veiller à leur sécurité, particulièrement lorsque ce sont des activités qui se déroulent sur les campus de l’Université. À ce moment, nous avons pris la décision qu’en 2016, ce serait le Département qui accueillerait les étudiants », explique Dany Baillargeon, responsable du baccalauréat en communication appliquée.

Cela dit, les organisateurs de 2016 avaient plusieurs contraintes à respecter. La consommation d’alcool, le beurrage et les déguisements n’étaient plus autorisés. « Il a été difficile d’obtenir la moindre permission. Nous n’étions même pas censés avoir une journée d’accueil au départ », raconte Pierre-Alexandre Soucy, membre du comité de 2016. Dany Baillargeon explique que « malgré tout, le comité a su être très coopératif avec les paramètres imposés et nous leur avons mentionné que si cette édition se déroulait bien, il y aurait plus de liberté lors de la prochaine année et c’est ce qu’ils ont obtenu ».

Les étudiants de l’édition 2016 ont tout de même participé à leur journée d’accueil, même si les activités au programme ne faisaient pas l’unanimité. « Il était difficile d’entendre les deuxièmes années parler contre les activités d’accueil, cela nous démotivait un peu, car ils n’avaient pas trop d’enthousiasme considérant la situation », raconte Marianne Allaire, étudiante en communication de la cohorte de 2016.

En 2017, les trois membres du comité ont lutté en faveur du rétablissement de certains points propres aux classiques intégrations. Les costumes et le beurrage avec peinture ont été autorisés à nouveau. Par contre, l’alcool n’est toujours pas au rendez-vous. « J’ai trouvé injuste le fait qu’on doive payer pour une erreur que nous n’avons pas commise. Par contre, alcool ou non, nous avons trouvé le moyen d’avoir du plaisir grâce aux activités organisées », raconte Laurence Breard, nouvelle étudiante au baccalauréat en communication appliquée.

Antoine Kack, membre du comité organisateur de 2017, souligne que la relation avec le Département s’est très bien déroulée. « Lorsque nous leur avons présenté l’orientation que nous souhaitions donner aux activités d’intégration, nous nous sommes tout de suite entendus. »

Prendre les choses en main

Plusieurs outils sont offerts aux membres des comités organisateurs, mais également aux étudiants désirant connaitre leurs droits et pouvoirs quant à cette journée. L’Université de Sherbrooke a déterminé cinq principes fondamentaux pour l’organisation des intégrations, principes faisant référence au respect et à la consommation responsable. Si un intégré sent que quelque chose ne s’est pas déroulé de manière légitime, il est possible d’en parler.

Une nouvelle initiative a été instaurée cette année à l’Université de Sherbrooke. Le Mois d’échange et de sensibilisation sur les agressions sexuelles en milieu étudiant (M.E.S.S.A.G.E) a offert une séance d’information en mars et en avril pour tous les membres des comités organisateurs de la rentrée 2017. L’organisation a également été responsable d’approuver les activités d’intégration pour l’ensemble des facultés. En septembre, plusieurs séances d’information auront lieu sur le Campus. Le CALACS et Éduc’Alcool ont également joué un rôle important pour certains programmes comme génie ou administration. « Jeudi, avant le 5@8, tous les nouveaux et les anciens étudiants participant aux activités d’intégration devaient assister à cette formation obligatoire », raconte Charles-David Guérette, président du comité organisateur des intégrations de la 63e promotion de génie.

Néanmoins, les étudiants sont ravis de constater qu’ils ont une voix en ce qui a trait aux activités d’accueil qui ne se déroulent pas comme prévu. « Aucune plainte officielle n’a été nécessaire pour que l’Université prenne en compte les revendications des étudiants, c’est rassurant de voir qu’elle nous écoute », mentionne Alexandra Charbonneau, étudiante en dernière session du baccalauréat en communication.

Il va sans dire que les intégrations demeurent un privilège qu’il est possible de perdre en cas d’écart de conduite. « Le cas du programme de communication n’est pas le seul rencontré à l’Université de Sherbrooke, même s’il en demeure un très rare », souligne Sebastian Michaelis.

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