Mar. Mar 26th, 2024

Les États-Unis se démarquent par leurs nombreuses luttes sociales. Il s’agit d’un fait observable depuis la fondation de ce pays. L’indépendance de cette nation témoigne de sa volonté pour une patrie libre et juste. Mais libre et juste pour qui ? En 1920, le droit de vote, encore très exclusif au pays, s’étend dorénavant aux citoyennes américaines. Aujourd’hui, soit 100 ans plus tard, on ne peut que souligner la grande contribution du mouvement des suffragistes, étant au départ un mouvement antiesclavagiste avec Elizabeth Cady Stanton et Susan B. Anthony à sa tête.

Par Vanessa Exama 

 

Une première victoire 

Les femmes ont longtemps été exclues de manière explicite des sphères publique et politique. Toutefois, par leurs efforts communs et l’agentivité démontrés lors des dernières décennies, des Américaines majoritairement issues de l’élite intellectuelle et économique ont pu changer le cours de l’histoire et marquer une première victoire. Le premier État au monde à accorder le droit de vote aux femmes était le Wyoming en 1869. Jusqu’en 1913, onze autres états ont également légalisé le suffrage féminin. C’est donc le 18 août 1920 que les États-Unis ont ratifié le 19e amendement de la constitution américaine, donnant le droit de vote aux femmes américaines. 

 

L’adoption de cette loi nationale était l’occasion de célébrations pour toutes les suffragistes et l’est encore aujourd’hui pour les féministes et alliés. En sol canadien, cette réjouissance fut également partagée en 1918, puisque les femmes pouvaient désormais participer aux élections fédérales, alors qu’il fallut attendre 1940 pour que les femmes puissent exercer leur droit de vote provincial au Québec.

 

La première vague confronte des préjugés

Le droit de vote des femmes s’inscrit dans la première vague de féminisme parmi les trois existantes. De nature juridique, cette première vague affirme que l’égalité sera atteinte par l’instauration de lois justes et égales envers les sexes. La quête du droit de vote, c’est la quête de pouvoir s’exprimer et exister, non comme citoyenne de seconde classe, mais comme citoyenne reconnaissant ses droits légitimes.

Au début du 20e siècle, plusieurs personnes au sein de la société nord-américaine adhéraient sur le plan philosophique à l’argument de la nature. Cette pensée affirme que la biologie façonne le monde qui nous entoure, et que certains rôles sont innés, tout comme les dynamiques de pouvoir s’articulant entre hommes et femmes tant dans la sphère privée que publique. Sur cette même ligne de pensée, on croit pouvoir prouver la véracité de cette philosophie par des observations de la société : plus de femmes sont au foyer, plus d’hommes sont sportifs, moins de femmes sont impliquées en politique et moins d’hommes se trouvent dans les cuisines. Cette mentalité nie la socialisation genrée, la charge mentale des femmes et les obstacles systémiques comme éléments renforçant ces réalités genrées. C’est ainsi que la première vague de féminisme contredit l’argument de la nature avec cette question : puisqu’il serait si naturel pour la femme d’être absente de la sphère politique et de ne pas voter, pourquoi avoir instauré des lois interdisant le suffrage féminin ? 

 

Un pas de plus vers l’inclusion

Bien qu’adopté en 1920 aux États-Unis, le suffrage féminin n’est qu’entièrement respecté en 1965 à la suite du Voting Right Act en protégeant le droit de vote des femmes issues de minorités. Par ailleurs, il est important de souligner chaque avancée et chaque pas ayant contribué à une émancipation réelle des femmes en Amérique du Nord. Finalement, un siècle après l’obtention du droit de vote des femmes aux États-Unis, il serait intéressant de se questionner quant à l’accessibilité du droit de vote envers la population trans et de concevoir si la participation électorale peut encore aujourd’hui faire l’objet de discrimination officieuse sur la base du genre et du sexe.

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