Lun. Mar 25th, 2024

S’il y a quelque chose de légendaire en temps normal, le jeudi, sur le campus principal, ce sont les fameux 5 à 8, qui s’étirent parfois même jusqu’à bien plus tard. Il faut savoir que ce n’est pas d’hier, que ça brasse lors de ces rassemblements estudiantins. Si l’université a été inaugurée en 1954, il aura fallu moins de 10 ans pour qu’apparaissent les premiers partys sur le campus. Les boomers aimaient faire la fête, eux aussi.

Par Martine Dallaire

 

1963 : l’année où tout a commencé

Avant de siroter des bières à deux piastres et demie, comme on disait dans le temps, dans des bocks réutilisables, les étudiants sherbrookois bambochaient dans des bars situés à même le campus. De nombreux établissements ont marqué l’histoire du night life sur la colline universitaire. Tout a commencé avec Le Tombeau de BACUS (l’acronyme de Boîte à chansons de l’UdeS) de 1963 à 1968. S’en suivit l’Antre II, un bistro-bar qui fit les beaux jours des fêtards pendant 8 ans, soit de1968 à 1976. Vint ensuite Le Bahut qui, fondé en 1977, a survécu pendant deux décennies, mais a malheureusement été la proie des flammes en 1998. Ce dernier est devenu Le Kudsak en 1999. 

 

Une vocation différente à leurs débuts

Les premiers débits de boisson dans l’histoire de l’UdeS étaient davantage des lieux pour socialiser, voire des spots de dates sur le campus. La venue du Bahut en 1977 a totalement changé la donne. Il fallait arriver très tôt pour pouvoir y entrer tellement la file d’attente était impressionnante. Cependant, rien n’empêchait les étudiants d’aller prendre un verre et de se déhancher sur la piste de danse sous les airs de l’époque.  

 

Les années 1970 : la Faculté des sciences donne le ton

C’est dans les années 70 qu’ont débuté les premiers partys de faculté avec les étudiants en sciences. Hé oui ! Qui aurait cru que ceux qu’on appelait affectueusement les nerds seraient les instigateurs des 5 à 7 ? Chaque association étudiante organisait son propre événement, en alternance, à la Faculté de droit dans la petite cafétéria mieux connue sous le nom de Café Gigi. Ça fêtait fort ! C’était le début d’une tradition festive. Déjà, à l’époque, l’Association générale étudiante en génie se démarquait, et c’est toujours de mise aujourd’hui.

 

À l’époque, beaucoup d’externes (lire non-étudiants à l’UdeS) se joignaient à la fête. On commençait la fête au Bahut et ça s’étirait en sciences. C’était aussi les premiers pas des 5@8 dans certaines autres facultés, mais rien de comparable à ce qui se fait aujourd’hui.

2006 : la disparition du bar universitaire

En 2006, la communauté étudiante doit changer ses habitudes. La direction de l’Université a décidé de ne pas renouveler le bail intervenu entre la FEUS et l’institution pour le bar Kudsak. Les motifs de cette interruption demeurent encore inconnus aujourd’hui. Il faut savoir que même à cette époque, les associations étudiantes étaient impliquées dans les décisions quant aux fêtes sur le campus. Elles avaient même beaucoup plus de latitude qu’aujourd’hui. 

 

À asso étudiante distincte, party distinctif

À l’époque, chaque association avait droit à un seul 5@8 par session. Il y avait huit facultés, donc huit partys par session. On y vendait de la bière, bien sûr, mais également de l’alcool fort. Chaque asso devait trouver son branding pour attirer des étudiants à sa soirée. C’est donc à ce moment que certaines associations et quelques clichés se sont davantage démarqués. 

 

2010 : Fin des fêtes de masse

Les jeudis soir généraient des achalandages monstrueux. La présence d’externes faisait en sorte qu’il pouvait y avoir jusqu’à 4 000 participants par faculté, ce qui occasionnait une problématique au niveau de la sécurité. Retour à la case départ, une seule activité prolongée (5@11) par session par faculté. Pour les autres jeudis, seules les activités d’une durée maximale de 3 heures étaient autorisées.

 

De nouvelles balises apparaissent en 2017

De nouvelles conditions entourant l’organisation des 5@8 sont entrées en vigueur en novembre 2017. Dorénavant, aucun alcool au-delà de 6 % ne serait vendu et aucun non-étudiant ne serait toléré. Les assos étudiantes ont manifesté un certain mécontentement face à ces mesures visant à éviter que le campus ne devienne un bar, l’établissement souhaitant valoriser davantage la fraternité lors de ces rassemblements. 

 

L’importance de fraterniser

Puisque près de 80 % des étudiants de l’UdeS viennent de l’extérieur, ces soirées constituent une occasion de tisser des liens.  Elles permettent aussi aux étudiants de décompresser. Finalement, outre leur aspect social, les partys engendrent des profits destinés à financer d’autres activités : bals de finissants, compétitions, voyages, et parfois, des organisations caritatives. 

 

L’Association générale étudiante de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke (AGEFLESH) s’est rendue jusque dans les studios de Radio-Canada pour exprimer son désarroi. Elle a ensuite a voté en assemblée de faire fi des nouvelles mesures en guise de moyen de pression. La marde était pognée, comme ils disent…

À ce jour, si vous profitez d’un 5@8 à l’UdeS, vous n’aurez pas conscience des changements de 2017. C’est plutôt lors des 5@11 que vous remarquerez ces règles : seulement de l’alcool qui n’excède pas 6 % est servi et les externes peuvent être admis seulement s’ils s’inscrivent 24 h à l’avance. 

*****

J’ai fait mon baccalauréat en communication appliquée de 2016 à 2019. J’ai vécu des jeudis soirs mémorables (ou très flous) sur le campus. Bon, je n’ai peut-être pas vécu « l’âge d’or des 5@8 », mais j’ai rencontré du beau monde (coucou les gars de Génie), je me suis liée d’amitié avec des personnes qui me sont très chères, je me suis fait des amies éphémères dans la file de la salle de bain, j’ai attrapé quelques grippes à courir d’une faculté à l’autre sur le campus sans mon manteau en plein hiver, j’ai dansé à maintes et maintes reprises le set carré sur Cœur de loup avec une marre d’inconnus, j’ai manqué quelques cours le vendredi matin (et même le jeudi soir)… Et, avec un pas de recul, je peux affirmer sans l’ombre d’un doute que tu n’as pas réellement vécu le # SherbyLove si tu n’as pas passé un jeudi soir à l’Université de Sherbrooke.

 

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