Mar. Avr 16th, 2024

Par Ariane Lacerte

Du 1er au 4 avril derniers s’est déroulée la deuxième édition du programme Héritières du Suffrage. Ce sont 338 femmes leaders qui ont pu venir représenter leur circonscription pendant quatre jours à Ottawa. Quatre étudiantes de l’Université de Sherbrooke ont été admises au programme. Après un séjour chargé à Ottawa, les quatre femmes sont revenues pour leur fin de session et Le Collectif a eu la chance de s’entretenir avec Vanessa Exama et Daphné Poulin, deux d’entre elles.

Quatre représentantes étudiantes à l’UdeS

Matilda Bourdeau-Chabot, représentante de la circonscription de Brome-Missisquoi, est étudiante au baccalauréat en droit et sciences de la vie. Elle s’intéresse énormément au domaine du droit, plus particulièrement à la gouvernance, à l’environnement, à l’autodétermination des peuples autochtones et aux droits et libertés de la personne. Elle s’implique notamment au sein de l’aide juridique Pro-Bono et elle aimerait éventuellement poursuivre des études supérieures en politique et en économie.

Marjorie Lepage, représentante de la circonscription de Gaspésie et des îles-de-la-Madeleine, est étudiante en droit et est déjà impliquée en politique. Elle travaille notamment au bureau de madame Diane Lebouthiller, sa députée fédérale. Une fois ses études terminées, elle souhaite retourner en Gaspésie et travailler au développement de sa communauté et au bien-être des Gaspésiens.

Daphné Poulin, représentante de la circonscription de Shefford, est une étudiante-athlète en dernière année au baccalauréat en philosophie et éthique appliquée. Lors des élections provinciales de 2018, elle a décidé de se présenter pour le Parti Vert du Québec à Granby. Ce saut en politique lui a fait découvrir une passion et elle aspire à continuer en politique. Elle veut même faire le saut en politique fédérale.

Vanessa Exama, représentante de la circonscription de Sherbrooke, est étudiante à l’École de politique appliquée et participante au stage en Tanzanie 2019. Étant visionnaire et optimiste, Vanessa s’implique dans sa communauté afin de promouvoir un meilleur vivre-ensemble et elle lutte contre la désinformation et les préjugés. Grande curieuse, elle se rappelle quotidiennement que nous devons être le changement que nous souhaitons.

Être une femme en politique : toujours un enjeu?

L’événement avait comme but premier de montrer aux femmes qu’une implication politique est possible et que plusieurs femmes réussissent très bien. Les 338 femmes sélectionnées ont passé quatre jours à Ottawa et ont assisté à plusieurs ateliers et conférences. L’événement voulait aussi valoriser les femmes qui ont eu un impact sur dans leur communauté par leurs engagements et leurs aspirations. L’organisation tente aussi d’encourager les femmes qui ont des idées de projets pour leur communauté en leur offrant une bourse de 1000 $. Pour créer des liens entre les femmes impliquées au Québec, l’organisation offre 1000 $ par participante. Les femmes sélectionnées ont pu assister à de nombreuses conférences données par des femmes députées et de nombreux ateliers sur divers sujets étaient à leur portée. Elles avaient aussi la possibilité d’assister à des ateliers de brainstorm pour réfléchir aux projets qu’elles aimeraient entreprendre dans leur communauté. Elles ont aussi assisté à des ateliers sur les femmes et les médias donnés par des écrivaines et des journalistes. Vanessa souligne avoir particulièrement trouvé intéressant celui portant sur l’oppression. Le terme marquant qui ressort du séjour à Ottawa est l’intersectionnalité. Comme Vanessa l’explique, l’intersectionnalité est l’idée qu’être une femme implique de rencontrer des barrières, mais être une femme avec des caractéristiques visibles d’une minorité, implique des barrières supplémentaires. Ces barrières peuvent être la religion, un handicap, l’orientation sexuelle ou encore l’ethnie d’une personne. Dès la première journée, il y avait une volonté de faire du féminisme un mouvement inclusif. Pour Daphné, le terme intersectionnalité fut la réalité de la semaine. Elle a pu vivre l’intersectionnalité à fond. Suite à l’événement, les femmes sont revenues sur un petit nuage. Un séjour de quatre jours qui démontre que les femmes ont bel et bien leur place en politique. Celui-ci a donné un boost d’énergie aux filles et elles sont vraiment motivées à provoquer des changements dans leur communauté.

Le français en politique, oui ou non?

Étant quatre femmes qui parlent français, les participantes se sont posé la question : est-ce que je parle en français ou non? Daphné, pour sa part, a décidé de faire son interaction en français au Sénat et elle en est bien fière. L’enjeu est surtout au niveau de la compréhension. Bien que le Canada soit supposément bilingue, plusieurs personnes en politique ne maîtrisent pas nécessairement à 100% les deux langues. Daphné raconte que lorsqu’une personne décidait de parler en français, on pouvait entendre tous les anglophones chercher leur oreillette pour entendre l’interprète. Il y a aussi un décalage qui est assez cocasse avec les traductions. Puisque le l’interprète finit de traduire quelques secondes après la terminaison du message de l’orateur, il y a toujours un délai entre la réaction des francophones et des anglophones. Lors d’un atelier de femmes francophones, Monique Pauzé du Bloc Québécois avait fait mention qu’à Ottawa, on disait qu’il y avait deux langues, l’anglais et la traduction!

Tourner le dos aux chefs fédéraux

Plusieurs femmes ont profité de l’événement pour démontrer leurs mécontentements face aux chefs fédéraux. Lorsque Andrew Scheer, chef du Parti conservateur du Canada, a pris le micro pour s’adresser aux femmes, une cinquantaine d’entre elles ont quitté la Chambre pour boycotter son discours au nom de toutes les conditions d’immigration qui ont rendu la vie difficile à plusieurs durant les années des conservateurs. Lorsque ce fut le tour de Justin Trudeau de prendre la parole, une quarantaine, pour beaucoup des Autochtones, lui ont tourné le dos. Pour plusieurs d’entre elles, la motivation pour boycotter le discours de Trudeau fut que la promesse libérale de réconciliation avec les peuples autochtones n’a pas été remplie, en plus de l’expulsion de Jody Wilson-Raybould, la première ministre autochtone. Suite à cet événement, Vanessa et Daphné ont peur que le gouvernement ne veuille plus subventionner ce séjour, financé en grande partie par le gouvernement. Le Parti conservateur ne voulait déjà pas, à la base financer le projet et donc, suite à cet incident, le Parti risque de ne plus vouloir recommencer.

Les Héritières du Suffrage permet à plusieurs femmes de voir la réalité d’être une femme en politique et leur importance. Pour s’inscrire pour la prochaine édition, si elle a lieu, restez à l’affût sur le site internet.

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Crédit Photo @ Vanessa Exama

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