Jeu. Mar 28th, 2024

Les journaux locaux se meurent alors que les journaux étudiants se raffinent. Si les médias de moins grande envergure manquent de ressources pour faire de l’investigation, les étudiants, eux, bien souvent, ne rêvent que de faire leurs preuves et dénichent les meilleurs scoops.

Laurie Marchand

On doit se le dire, les journaux ne connaissent pas leurs meilleures années et plusieurs doivent songer à réduire leur tirage ou leur nombre de parution par semaine voire même cesser de produire complètement. Les revenus sont difficiles à obtenir et il faut donc couper dans le gras (lire ici contenu dispendieux à produire : enquête, reportages de longue haleine, sondages…) Toutefois, les journaux étudiants, et principalement ceux aux Etats-Unis, n’ont pas exactement ces mêmes contraintes. D’abord, ils obtiennent pratiquement toujours des subventions de l’Université et de plus, le travail des journalistes est souvent bénévole ou échangé contre des crédits scolaires. De plus les journaux délaissent de plus en plus le papier au profit du peu onéreux web. On se retrouve donc avec de jeunes journalistes énergiques qui voient en leur participation aux médias étudiants l’opportunité de gagner de l’expérience et de se monter un beau portfolio et n’engendrent pas de grosses dépenses pour le média.

Et comment ça modifie ou bonifie le contenu des journaux ? Ça donne souvent des articles analysés comme on analyserait la thèse du plus grand penseur de notre domaine d’étude pour le cour charnier du cursus ou encore ça donne des scoops provenant de l’organisation universitaire ou d’un quelconque département précis.

D’ailleurs, on peut citer en exemple le Michigan Daily, le journal étudiant de l’Université du Michigan à Ann Harbour, qui apprenait à ses lecteurs en janvier dernier que le kicker de leur équipe de football, Brendan Gibbons, s’était fait suspendre pour une infraction commise au début de son parcours  universitaire sportif, et ce, qu’à la toute fin de sa carrière. Il avait été pris en faute pour avoir commis une agression sexuelle, rien de moins, mais n’a gouté à sa sanction qu’une fois son apport à l’équipe vain.

C’est donc à la suite d’un examen au peigne fin de documents administratifs que deux étudiants en journalisme ont découvert le pot-aux-roses qui a semé bien de la controverse au sein de la communauté étudiante, à la suite de quoi le ministère de l’Éducation a enquêté sur la situation. Comme quoi le journalisme étudiant, désintéressé et non tributaire d’une organisation géante, arrive souvent à déceler des énormités dont le sujet ne semble pas intéressant pour d’autres médias et n’ont pas de remords ou de pression à taire l’information.

Évidemment, je suis loin de prétendre que les journaux étudiants font un travail exemplaire et sans anicroches, mais ils ont tout de même une des plus grande liberté de contenu rédactionnel qui fait envier nombre de professionnels bien rémunérés. Ils ont également l’opportunité d’être acteurs à part entière dans une microsociété universitaire qui est plus susceptible d’être infiltrée par des insiders que par des journalistes extérieurs aux beaux micros chromés. Il est donc évident que les novices de l’info ne se gênent pas pour utiliser leurs avantages à bon escient et frapper fort sur le web et les médias sociaux avec leurs scoops à saveur locale, alors que les autres journaux locaux n’ont plus les moyens de suivre.

Il va sans dire qu’il est plus complexe pour un journal formé de volontaires de se munir d’une équipe vraiment complète qui sera en mesure de rapporter et d’analyser avec une grande connaissance tous les sujets dont il faut traiter,  mais il faut tout de même laisser le crédit aux bons articles quand ils passent, quand bien même que le reste du média soit incomplet ou qu’il traite surtout des sujets qui intéressent les collaborateurs.

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