Mer. Avr 17th, 2024

Par Ourakoye Bembello, Linda Desautels, Gabrielle Pirlet et Karine Poitras-Ferland – Étudiantes à la maîtrise en médiation interculturelle à l’Université de Sherbrooke

Il y a quelques mois, la ville de Sherbrooke s’est de nouveau distinguée en étant la ville québécoise comptant le plus de cas de crimes haineux reportés à la police selon un classement canadien. C’est alors qu’une série de trois articles sur le racisme et sur les difficultés d’intégration à Sherbrooke paraissent en août 2015. Devons-nous réellement nous inquiéter de la situation? En tant qu’étudiantes à la Maîtrise en médiation interculturelle, et surtout comme citoyennes, nous avons été interpellées par ces événements qui puisent leur source dans l’intolérance. Mais au-delà de ces faits, nous croyons surtout qu’il faut amorcer une réflexion sur les formes d’exclusion.

« Je ne suis pas raciste, mais… ». Cette phrase est en soi la raison pour laquelle il est nécessaire de définir ce qu’est le racisme. Il faut rappeler que le concept de racisme n’est peut-être pas toujours bien compris et entraîne souvent des réactions de rejet ou de méfiance. Le racisme est-il devenu, pour certains, un terme que nous utilisons tel un joker dans un jeu de cartes, tel un mot vague pour décrire une situation incertaine? Le racisme pourrait tout simplement être « avoir peur de l’autre à cause de sa différence ».

Ce qu’il faut retenir, c’est que, même si nous nous dissocions du racisme, nous sommes tous susceptibles d’en faire acte un jour ou l’autre, ne serait-ce que de manière inconsciente. Cette distinction, que nous créons entre le « Nous » et le « Eux », engendre souvent une hiérarchie, surtout lorsque le « Nous » représente la majorité. C’est alors que ce qui est perçu comme différent de nous, que ce soit par la couleur, les croyances, les modes de vie, etc., se voit discrédité. Il faut savoir que le racisme peut entraîner des dommages psychologiques autant chez la personne raciste que chez la personne victime de racisme : d’un côté, la perte d’estime de soi et, d’un autre côté, le renforcement d’un imaginaire basé sur la domination de l’autre. Il est d’ailleurs scientifiquement prouvé que ces états émotionnels négatifs peuvent avoir des conséquences directes sur les processus biologiques. C’est pourquoi, dans un contexte de diversité, il faut avant tout assurer des rapports égalitaires entre tout un chacun. L’ouverture aux autres ne signifie pas de devenir tous pareils, sachant que deux personnes identiques n’existent pas, il faudrait plutôt reconnaître positivement la diversité et la célébrer.

Les médias ont un rôle important à jouer dans le processus de représentations de l’autre. La « crise » des accommodements raisonnables en est un exemple assez probant. Cette tempête médiatique, comme l’a soulignée la Commission Bouchard-Taylor, a eu un impact sur nos perceptions. La manière dont l’information est transmise influence l’image que nous nous faisons de certains groupes, ce qui façonne notre imaginaire, créant même, dans certains cas, l’illusion d’une crise. La question qui se pose est la suivante : sommes-nous suffisamment critiques face à la multitude d’informations qui nous parviennent? La réponse appartient à chacun de nous.

Nous pensons que la clé pour prévenir le racisme est avant tout la communication et le désir d’aller à la découverte de l’autre. De nombreuses initiatives existent déjà pour favoriser cette compréhension mutuelle et amener les gens à se mettre à la place de l’autre, le but étant de créer un espace de dialogue où il est possible de parler de ses peurs et de les comprendre, afin de créer un possible échange avec cet « autre » qui nous ressemble bien plus que nous le croyons.

Dans le cadre des activités entourant la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale le 21 mars, nous vous encourageons à participer aux journées organisées par le RIFE (Rencontre interculturelle des familles de l’Estrie) les 18 et 19 mars 2016 à Sherbrooke (entrée gratuite) dans le cadre d’un Forum contre le racisme et les discriminations.

Pour citer Euripide, un des grands auteurs de la Grèce Antique : « Aucun de nous ne sait ce qu’on sait tous ensemble ». Nous vous invitons donc à prendre part à la discussion!


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