Mer. Avr 17th, 2024

Mademoiselle Laurence Poulin,

J’ai lu avec grand intérêt l’article que vous avez publié dans Le Collectif à l’occasion de ses 40 ans. Vous avez su traduire clairement les idéaux et objectifs que poursuivaient les fondateurs de ce journal étudiant.

J’étais un de ceux-là et à l’époque, je ne croyais pas trop à l’avenir de ce journal. Je suis donc très heureux de constater qu’il a été publié pendant tant d’années et qu’il l’est toujours.  Mais ce dont, en tant que membre fondateur du Collectif, je suis le plus fier, c’est de constater que ceux qui ont pris la relève ont défendu les mêmes idéaux et poursuivi les mêmes objectifs que nous. Nous avions bien préparé le terrain pour que d’autres puissent si bien en tirer profit.

Un journal ne change pas le monde, certes, mais il change bel et bien ceux qui y écrivent. Aujourd’hui comme à l’époque, l’étudiant qui souhaite publier un article doit s’asseoir devant une page blanche (ou plutôt un écran d’ordinateur) et se demander : qu’est-ce que je veux dire et comment puis-je le dire le plus clairement possible? Il doit accepter aussi de s’exposer, de commettre des erreurs, de subir des critiques, d’affiner sa pensée pour affiner son style et d’affiner son style pour affiner sa pensée. Ce double objectif, quoiqu’inavoué, n’en est-il pas poursuivi par tout journaliste, qu’il soit en herbe ou d’expérience?

Bravo pour votre article et longue vie au Collectif, à ses idéaux et à ses artisans.

P.-S. « La loque journalistico-humaine qui a encore frappé » en page 12 du
vol. 40, no 10 (reprise du Collectif vol.1, no 8, p. 9), c’était moi.

À la suite d’un échange de courriels, Monsieur Guay nous est revenu avec encore plus de précisions sur ses souvenirs de l’époque de son passage au journal.

Vous pouvez faire tout ce que vous voulez avec le texte de mon message, même le publier! Je n’en espérais pas tant et mon objectif (qui était de vous encourager à continuer en dépit de toutes les difficultés) est déjà atteint. Que vous m’ayez répondu me fait extrêmement plaisir. […] Je suis tombé sur Le Collectif en sortant de chez le marchand de café Faro sur la rue Wellington Nord au centre-ville. Quelle surprise de constater qu’on y soulignait les quarante ans de ce journal.  La lecture de votre texte m’a étonné : vous en savez plus sur l’histoire des journaux étudiants de l’Université que je n’en savais à l’époque!

J’aimerais souligner que c’est d’abord grâce à cette Johanne (qui me pousse à écrire dans le texte de la loque journalistico-humaine) que je me suis impliqué dans la mise sur pied du journal. Évidemment, sans le soutien de plusieurs autres collaborateurs, nous ne serions parvenus à rien, mais n’empêche que c’est en grande partie à l’initiative d’une femme que Le Collectif a été fondé. Je regrette de ne pas me souvenir du nom de famille de Johanne et des noms de tous ces autres qui ont participé avec­ nous à cette fondation.

« Plus on lisait plus on se rendait compte que malgré les années, bien peu nous sépare », écrivez-vous. Vous ne savez peut-être pas encore jusqu’à quel point cette constatation est juste. Je suis né à une époque où il n’y avait même pas d’électricité dans nos maisons de campagne. On se chauffait au poêle à bois et on s’éclairait avec une lampe à huile. Je revois ma mère qui, pour écrire une lettre, trempait littéralement sa plume dans un encrier à la lueur d’une de ces lampes (c’est là mon plus vieux souvenir). Or, les hommes et les femmes en ce temps-là avaient les mêmes rêves, les mêmes désirs, les mêmes soifs, les mêmes faims, les mêmes besoins, la même peur, les mêmes contraintes qu’aujourd’hui. Certes, l’Église catholique ne nous domine plus comme elle le faisait alors; certes, le monde à changé, mais pas les êtres humains, pas les hommes, pas les femmes. Nous nous sommes adaptés tant bien que mal, mais nous n’avons pas changé.
J’espère que vous me pardonnerez d’avoir saisi les perches que vous m’avez tendues. Je vous remercie de m’avoir fait part des réactions des membres de votre équipe à mon petit message. Bravo, encore, de poursuivre ensemble l’œuvre collective entreprise il y a (hélas!) quarante ans déjà.

Claude Guay

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