Mer. Avr 17th, 2024

Par Guillaume Marcotte

La vie semble toute tracée pour nous : du moment de la naissance jusqu’à la mort, chaque étape semble méticuleusement définie. Et à chacune des étapes, un achat, une consommation s’impose, sans trop que l’on sache pourquoi, sans trop que l’on cherche à savoir pourquoi. Et ça tourne encore et encore, la vie de consommation, jusqu’à ce qu’on finisse par comprendre que le bonheur ne se cache pas dans les choses, mais dans les individus, dans la simplicité de la vie. 

J’ai récemment découvert que les conventions sont souvent des limites bien futiles, des limites trop souvent stupides. J’ai récemment découvert que je n’étais pas intéressé par une vie toute tracée, où les études s’enchaînent sans trop avoir de sens, jusqu’à ce que la voiture succède à la maison, qui elle succède aux enfants et aux jouets et aux innombrables vêtements. J’ai récemment découvert que la société de consommation dans laquelle on vit n’est pas un idéal à désirer, mais un mal à limiter, pour ne pas dire fuir.

Le documentaire Minimalism : A documentary about the important things, réalisé par Matt D’Avella et disponible sur Netflix, s’inscrit dans cette pensée révolutionnaire qu’est le minimalisme. J’ai mis le mot révolutionnaire en italique car, en soi, le minimalisme n’a rien de révolutionnaire. On parle de limiter ses possessions à un minimum utilitaire, au strict minimum nécessaire pour fonctionner.

« I think everybody should get rich and famous, so they can see that it’s not the answer. »

Le reportage d’un peu plus d’une heure suit les péripéties de Joshua Millburn et Ryan Nicodemus, deux amis de longue date qui ont décidé de lâcher leur carrière professionnelle somme toute réussie pour vivre plus simplement, pour vivre minimalement. On les voit parcourir les États-Unis pour donner des conférences sur leur nouveau livre, Everything That Remains, et si leur succès est d’abord limité, ils gagnent tranquillement en popularité au fur et à mesure que les destinations s’enchaînent.

Leur message est simple, voire minimal : la consommation ne vient pas remplir le vide de la vie. Peut-être satisfait-elle une pulsion, mais ce plaisir n’est qu’éphémère. Le problème est que la société est conditionnée à vouloir le succès, la gloire et la reconnaissance par le biais de l’argent et de la célébrité, mais, études après études, les chercheurs constatent que ni l’argent ni la célébrité mènent au bonheur.

« You can’t get enough of what you don’t want. »

Le documentaire est parsemé de témoignages provenant tant de professionnels en neuroscience que d’individus ayant décidé de suivre la vague du minimalisme. Ceux-ci parlent de l’insoutenabilité de la société de consommation, de l’invasion toujours plus incisive de la publicité et du martèlement étouffant et constant de l’idéal de consommation. Ils discutent également des maisons miniatures, de la méditation, de ce que signifie le minimalisme pour eux et des répercussions positives que leur apporte le minimalisme tant sur le plan physique que psychologique.

Ce n’est pas nécessairement facile de devenir minimaliste, selon les nombreux sociologues, psychologues et scientifiques prenant la parole dans le reportage, étant donné que la consommation est une seconde nature, une échappatoire, un réflexe. Reste que le minimalisme est le mode de vie le plus écoresponsable, car chaque chose, chaque objet se doit de receler une utilité quelconque aux yeux du minimaliste, sans quoi l’objet se verra éliminé du décor. L’espace ne devient plus une nécessité mais une liberté : les maisons ne sont plus des entrepôts maquillés en salon, en cuisine ou en chambre à coucher, elles sont des lieux de refuge, et plus souvent qu’autrement pour les minimalistes, elles ne mesurent que quelques centaines de pieds carrés tout au plus.

« Love people and use things. Don’t try the opposite; it never works. »

Je crois que le plus beau message du documentaire est de cesser de chercher le succès matériel. Je parle de ce même succès matériel qui est fort probablement à l’origine de la raison de notre présence à l’université : devenir des professionnels faisant dans les six chiffres annuellement. Mais est-ce que la consommation est réellement la raison d’être de l’humain?
Je crois que non.

Je ne dis pas qu’il faille du jour au lendemain se défaire de tout. Je dis simplement qu’il faut à tout prix éviter de se perdre dans le tourbillon de la consommation, lequel est discret et vicieux. Je dis qu’il est important de se questionner sur ce que l’on veut faire réellement, pas sur l’image que l’on souhaite projeter aux autres. Je dis qu’il faut vivre la vie simplement, avec les gens qu’on aime, parce que la vie est une chance unique, et que contrairement à un autobus de la STS, cette chance ne reviendra pas dans 30 minutes.


Crédit photo © Gabrielle Gauthier

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