Lun. Mar 25th, 2024

Par Cesar C. Costa

Je suis étudiant à l’Université de Sherbrooke depuis dix ans et j’habite en résidences universitaires depuis le tout début. Mes premières aspirations en tant qu’étudiant furent de bien apprendre le français et de faire un bac en comptabilité.

Néanmoins, par la force des choses, je me suis retrouvé sur un chemin académique assez particulier. En effet, au fil de ces dix années, j’ai commencé par des programmes d’études, puis, j’ai suivi des cours libres que je changeais parfois ou abandonnais, souvent en raison d’une anxiété très élevée ou même de la terreur de ne pas être capable d’apaiser la turbulence de mes émotions pour pouvoir réussir mes cours.

Malgré cela, j’ai réussi à terminer un certificat en langue française et j’ai presque fini un certificat en arts visuels.

Je tiens à dire que dès le départ, je me suis attaché aux résidences avec une grande affection à cause de leur environnement accueillant, multiculturel et stimulant intellectuellement. Elles sont devenues ma seule demeure depuis que j’ai immigré à Sherbrooke en provenance du Brésil en 2008. Et d’ailleurs, j’ai souvent le fort sentiment que je ne pourrais pas partir d’ici sans mettre en péril mon fragile équilibre psychologique.

Je suis atteint d’une forme de trouble affectif bipolaire. Cette condition se caractérise par des oscillations d’humeur, parfois extrêmes, allant d’états dépressifs majeurs à des états d’exaltations mentales, voire une perte de contact avec la réalité.

A chaque fois que quelqu’un m’interroge sur les raisons pour lesquelles je demeure sur le campus depuis si longtemps, j’aimerais bien avoir le courage d’avouer que je suis tourmenté à l’intérieur et que déménager ailleurs risquerait de me déstabiliser davantage, même si je suis un traitement médical qui atténue l’impact de ce trouble dans mon quotidien.

Il faut que je vous dise que je n’ai jamais arrêté d’être un étudiant un seul instant et qu’à mes yeux, le campus, dans sa vaste étendue sans fin, est semblable à une salle de classe remplie d’élèves brillants qui travaillent sans relâche pour rendre le monde plus juste. Je suis encore fasciné par ses jardins, par sa forêt dense et magique.

A chaque fois que j’y déambule, je suis émerveillé par des oiseaux dansant dans l’air tout près de mon visage, comme s’ils savaient exactement ce qui bouleversait mon esprit, comme s’ils étaient en train de me dire de ne pas trop m’inquiéter ces temps-ci, car les images qui m’effraient le plus ne sont que le miroir d’une âme troublée.

Et c’était lorsque je me précipitais le long d’un couloir pour faire taire mes pensées, que je me suis retrouvé face à des tableaux tellement éblouissants, accrochés le long des murs, que, pour un bref instant, sous le poids de ma douleur et d’un épuisement physique et mental, j’ai eu le désir de cesser de parcourir les chemins si étroits et sinueux qu’étaient le reflet de ma propre vie.

Si je vous dévoile une partie troublante de mon existence, ce n’est pas pour me complaire dans la souffrance, car pendant qu’une partie de moi entrave la réalisation de mes rêves, une autre se sent accomplie. Tandis qu’une partie en moi se sent emprisonnée, opprimée et mourante, une autre s’aventure à écrire, à danser et à aimer.

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One thought on “Pour l’amour de la vie”
  1. Bravo Cesar pour ce témoignage c’est inspirant. Je suis moi-même brésilienne et bipolaire. l’intensité émotive et les montagnes russes je connais. Courage la vie vaut le peine d’être vécu même si elle nous fait peur ou nous déçoit parfois.

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