Ven. Mar 29th, 2024

Par Charles Allard-Martin

Suivant son film Les manèges humains sorti en 2013, le réalisateur Martin Laroche nous offre Tadoussac, un drame humain lourd en émotion sur le thème de la maternité qui se dévoile de manière intime aux spectateurs.

Le film suit Chloé (Camille Mongeau), une jeune femme de 18 ans qui quitte Montréal pour se rendre à Tadoussac dans l’espoir d’y retrouver sa mère (Isabelle Blais) qui l’a abandonnée à un très jeune âge. S’ensuit une série de rencontres entre les deux personnages, permettant à la jeune Chloé de découvrir qui est réellement sa mère et quelles sont les raisons derrière son abandon. Se centrant donc principalement sur la thématique de la maternité, sous un paysage de Tadoussac enneigé, l’œuvre de Martin Laroche lui permet à la fois de s’intéresser à un coin de pays influant pour lui, mais aussi à des enjeux peu représentés dans le cinéma québécois.

Une histoire portée par ses actrices et sa technique

L’œuvre de Martin Laroche bénéficie d’un jeu d’acteurs convaincant et vrai de la part de ses deux actrices principales, Camille Mongeau et Isabelle Blais, qui incarnent à merveille ces deux personnages féminins forts. Camille Mongeau réussit, par une prestation subtile et contrôlée, à nous faire vivre les différentes épreuves psychologiques et physiques que traverse son personnage, et ce, malgré un minimum de dialogues pour une grande partie du film. À l’inverse, Isabelle Blais, dont le personnage laisse valoir son côté plus désinvolte dès ses premières minutes à l’écran, joue à merveille le rôle de la mère qui tente d’oublier son passé qui la hante toujours. C’est à travers leur relation nouvelle que le film tente d’amener le spectateur à partager, voire même à vivre l’expérience haute en émotion de Chloé et, éventuellement, de sa mère. On voit notamment ce désir de la proximité dans les choix techniques du réalisateur, qui tourne la majeure partie de son film en 50 mm et qui utilise une caméra mouvante suivant le personnage principal de près. Notons enfin le travail de la directrice de la photographie, Ariel Méthot, qui réussit à projeter au public un Tadoussac à la fois froid et magnifique par son intimité hivernale.

Un scénario réaliste (mais trop?)

Tadoussac s’annonce, dès le départ, comme un film qui prend son temps pour dévoiler ses secrets. Par ses choix scénaristiques, Martin Laroche tente de retenir l’attention de ses spectateurs en introduisant une structure de récit qui s’approche de celle du film policier. En ce sens, le film ne tient pas le spectateur par la main, ne montrant et n’expliquant que le minimum au public. Il s’agit là d’un choix ambitieux, qui trouve sa pertinence dans le désir de présenter une histoire réaliste et humaine, mais qui peut s’avérer lourd pour certains. En ce sens, outre quelques scènes poignantes, notamment la confrontation finale, Tadoussac souffre d’un rythme lent. Suivant presque exclusivement le personnage de Chloé tout au long du récit, dont le passé nous est inconnu, il peut s’avérer difficile pour le spectateur de s’accrocher à ce qui lui arrive, et ce, malgré quelques éléments scénaristiques chocs. De plus, malgré l’intérêt de faire un film s’approchant le plus de la réalité possible, certains dialogues peuvent nous sembler futiles, laissant la progression de l’histoire en suspens et le spectateur sur sa faim.

Tadoussac est une œuvre vraie et intime, qui prend toute sa force et sa beauté dans le jeu des actrices principales et dans la technique du réalisateur. Martin Laroche nous offre un hymne à une région du Québec qui lui tient à cœur, dont les efforts de réalisme peuvent être soulignés, mais dont le rythme en laissera certains perplexes.


Crédit Photo ©  facebook

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