Ven. Mar 29th, 2024

Par Andréanne Beaudry

Le 21 mars dernier, la communauté internationale célébrait la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. En même temps, un débat survient à propos du test des valeurs que le parti Coalition Avenir Québec souhaite imposer dans le but de « protéger la société de nos ancêtres ». Cependant, d’autres partis contestent cette idée, puisque le chef de la CAQ François Legault s’est engagé à renvoyer les immigrants et les immigrantes dans leur pays d’origine s’ils échouent au test qu’il souhaite leur infliger. En quoi consiste alors cette proposition? Le Collectif s’est intéressé à la question et aux craintes suscitées par les autres partis, qui doutent encore.

L’idée de François Legault

Ce que prône le chef caquiste dans les derniers jours ne date pas d’hier. En effet, depuis 2016, Legault envisage cette possibilité d’imposer un test de valeurs aux personnes qui souhaitent immigrer au Québec. D’une part, la CAQ estime qu’il serait préférable d’attribuer un permis de travail temporaire et d’offrir des cours de français. Après trois ou quatre ans, les immigrants et les immigrantes devront alors réaliser le test des valeurs. Une étape qui serait donc conditionnelle à l’obtention de la citoyenneté canadienne.

Malgré que certains accusent la CAQ de nationalisme ethnique, dont le ministre des Finances Carlos Leitao, le chef du parti se défend. Legault se justifie en affirmant que ce test a uniquement pour but de protéger l’héritage canadien-français. Selon lui, comme il le disait dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux le 15 mars dernier, le premier ministre Philippe Couillard tolérait qu’on accepte des personnes qui sont contre l’égalité hommes-femmes. Mais pour Legault, c’est quelque chose d’inconsidérable et c’est donc pour cette raison qu’il souhaite imposer un test de valeurs au Québec. Il avoue tout de même que n’importe qui pourrait tricher pour obtenir des réponses favorables pour l’obtention de sa citoyenneté.

Le Parti libéral contre le test des valeurs

En ce qui a trait au test des valeurs que les libéraux surnomment plutôt le « test d’expulsion », le ministre de l’Immigration, David Heurtel, se demande sur quelles valeurs se basera la CAQ. Des valeurs qui n’ont jamais vraiment été définies, estime Heurtel.

Pour la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec (CJPLQ), la proposition est une preuve que la CAQ « est déconnectée de la jeunesse québécoise en ce qui a trait à sa vision de l’immigration et du vivre ensemble ». Les Jeunes libéraux considèrent plutôt ce test comme étant méprisant pour les personnes qui souhaitent vivre au Québec, mais aussi totalement inutile. Ils précisent également qu’on envoie plutôt le message suivant : « Le chef caquiste sous-entend que seuls les nouveaux arrivants pourraient ne pas maîtriser la langue française ou ne pas respecter les valeurs québécoises telles que l’égalité hommes-femmes. » C’est donc pour ces raisons que jusqu’au 1er octobre 2018, le groupe se mobilisera contre cette vision « odieuse » de l’immigration, alors que le Québec a un besoin grandissant de main-d’œuvre dans toutes les régions.

Québec solidaire ouvert à des améliorations, mais contre les catégories

Le Parti québécois ainsi que Québec solidaire ne sont pas contre l’idée de réviser et d’améliorer la Déclaration sur les valeurs communes de la société québécoise. Cependant, comme le précise le co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois sur le test des valeurs : « L’important, c’est qu’il n’y ait pas un processus de test ou d’examen qui vient créer deux catégories de Québécois : les vrais et les faux. Non seulement je ne suis pas d’accord, mais ça me fait peur. Moi, je ne veux pas vivre dans un Québec où on classifie les gens avec des examens de pureté. »

Point de presse avec Jean-François Lisée

Le 21 mars dernier à l’Assemblée nationale, le chef de l’opposition officielle (PQ) Jean-François Lisée et la porte-parole Catherine Fournier pour l’immigration et la diversité ont présenté un point de presse concernant les positions de la CAQ en matière d’immigration. Jean-François Lisée affirme qu’à chaque étape de ce débat, la CAQ change de position sur sa gestion de l’immigration. « Il va d’erreur en erreur », précise-t-il. Pour Mme Fournier, les positions de la Coalition Avenir Québec sont « totalement irresponsables ». Elle ajoute d’ailleurs qu’au Parti Québécois, « nous proposons plutôt une vision visant à assurer le succès des nouveaux Québécois [et Québécoises] au sein de notre société, permettant ainsi de nous enrichir collectivement les uns les autres ». Leur collègue Carole Poirier a d’ailleurs déposé l’automne dernier un projet de loi (n°998) pour faciliter l’accès au marché du travail aux personnes qui font partie d’une minorité visible, et à lutter contre la discrimination et le racisme.

M. Lisée a d’ailleurs mis au défi François Legault de révéler le contenu de son test des valeurs avant le 1er octobre 2018, jour du scrutin. Il estime qu’on ne peut pas présenter un projet sans être en mesure de montrer à quoi le tout ressemblerait. Le chef du Parti québécois n’est pas le seul à critiquer cette affaire; le premier ministre Philippe Couillard a aussi souligné l’incapacité du chef caquiste à rendre public son « fameux » test des valeurs, dont il parle depuis déjà quelque temps.

Plus de précisions avant le jour du scrutin?

À moins de huit mois du jour du scrutin pour les élections provinciales, il reste à voir si la CAQ dévoilera une ébauche de son test des valeurs. Ou bien, est-ce que ramener la question était seulement un moyen pour les autres partis de mettre de la pression sur leur adversaire? Un débat qui restera à surveiller pour les prochains mois.

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