Mar. Mar 19th, 2024

Par Claudie Leclerc

Qui, dans sa carrière d’athlète, ne s’est jamais blessé? Peu de personnes lèveraient la main. Les blessures dans le sport de haut niveau sont chose commune, faisant presque (ou toujours) partie du quotidien des athlètes. Rencontre avec Marie-Ève Jacques, athlète récemment retraitée du Vert & Or au soccer et en athlétisme.

Un parcours impressionnant

Jonglant entre le soccer et l’athlétisme dans son parcours universitaire, Marie-Ève est une bête de sport, dont le tableau des accomplissements est assez garni. Elle est d’ailleurs la première joueuse de l’histoire du Vert & Or à gagner le titre de joueuse par excellence universitaire au Canada. Sinon, elle est championne canadienne au relais 4x400m et elle est détentrice des records de l’Université au 4x400m et au 4x800m. En plus de détenir le record RSEQ du plus grand nombre de buts en carrière au soccer, Marie-Ève a participé à six championnats canadiens universitaires dans les deux sports qu’elle pratiquait.

Au-delà des grands titres et des victoires, son parcours est le fruit d’un travail acharné qui, souvent, passe inaperçu. L’envers de la médaille nous montre que Marie-Ève a surmonté plusieurs épreuves, dont plusieurs qui l’ont suivie pendant ses cinq dernières années d’admissibilité au sport universitaire. Nous parlons majoritairement ici de blessures : « Dans mon parcours universitaire, j’étais tout le temps blessée. J’étais carrément abonnée aux physiothérapeutes! En me voyant en général deux fois par semaine, ils sont devenus mes amis. » Malgré les petites et moyennes blessures, Marie-Ève a toujours su répondre à l’appel et soutenir son équipe en se donnant au maximum pour faire gagner des points à celle-ci.

Le sport et les douleurs qu’il amène

Nous connaissons bien les bénéfices généraux du sport sur la santé physique et mentale. Le risque de développer des maladies est considérablement diminué et les bienfaits psychologiques améliorent la qualité de vie des individus. Mais qu’en est-il des effets néfastes? Les blessures peuvent survenir tant pour le sportif amateur que pour le sportif de haut niveau.

Les causes des blessures sont nombreuses et sont souvent définies par une mauvaise technique ou par une anomalie structurelle. Pour le sportif de haut niveau, les blessures sont souvent causées par le surentrainement. Certains athlètes peuvent aussi avoir des prédispositions aux blessures, soit par rapport à la chronicité, à un retour rapide à l’entrainement, ou même à la peur éventuelle de se reblesser. Les causes d’une blessure peuvent être tout aussi mentales. En effet, le stress est une source d’accidents. L’anxiété, même passive, peut causer des distractions et des tensions musculaires qui peuvent avoir des résultats malheureux. Il peut même arriver que l’athlète soit tellement angoissé que son corps vient neutraliser les émotions en se créant des dommages physiques. Bref, le mental est plus puissant qu’on ne pourrait le penser.

Une carrière interrompue

Pour un premier été cette année, Marie-Ève a voulu se concentrer sur le soccer et la course. « Mes objectifs étaient de participer aux Championnats canadiens au 800m et de faire l’équipe canadienne de soccer pour mes derniers Championnats du monde universitaires (FISU). Je travaillais très fort pour contrôler mes blessures, ayant même recours à un chiropraticien spécialisé à Toronto, lors de la sélection pour les Championnats du monde universitaires. » Cependant, une blessure grave au genou a mis un terme aux plans de Marie-Ève. En effet, les chocs au genou représentent 21 % des cas de blessures sportives. « Quand j’ai su que c’était fini, c’était extrêmement difficile. Quand, depuis toute jeune, on s’identifie à notre sport et qu’ensuite on se fait dire qu’on ne pourra pas courir dans la prochaine année, c’est tout un choc. »

La réaction à la blessure

Les conséquences d’une blessure sont physiques, occasionnant une réadaptation et une récupération physiques, certes, mais une très grande partie de ces répercussions, parfois sous-estimées, sont mentales. L’athlète peut passer par toute une gamme d’émotions, allant même jusqu’à la perte de son identité : « Une épreuve comme celle-ci, c’est un véritable deuil. J’ai passé du déni à la déception à la colère, jusqu’à me demander qui j’allais devenir suite à la blessure. » Effectivement, une très grande partie du retour au jeu doit se faire par un vigoureux travail psychologique. Il est démontré que si l’athlète s’accroche aux pensées positives et qu’il se fixe de nouveaux objectifs, le rétablissement progressera plus rapidement. C’est ce que Marie-Ève tente d’appliquer : « Suite à cet évènement, j’ai fait une grande introspection sur moi-même. J’ai renoué avec mes autres passions et je me suis trouvé d’autres occupations, entre autres en lien avec l’école et le travail. C’est vraiment par petites étapes qu’on se redécouvre, et se fixer de nouveaux objectifs, c’est le plus important. »

Arborant une attitude positive impressionnante, Marie-Ève est optimiste : « Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de remises en question. Mais ce qui est encourageant, c’est de savoir que la réhabilitation est en cours et que je vais revenir en santé d’ici l’an prochain. » C’est avec une bonne confiance en soi et un bon soutien des pairs qu’un athlète peut vivre une réadaptation rapide et réussie.

Une détermination sans faille

Malgré son parcours semé d’embûches, Marie-Ève Jacques a toujours eu une détermination de fer. Ressentant toujours la douleur, la motivation n’a pourtant jamais diminué, ce qui est très impressionnant chez elle. « Toute ma vie, j’ai vécu dans le sport, alors jamais il n’a été question d’arrêter. J’ai toujours tripé sur le terrain et sur la piste. Même si souvent je n’étais pas au top de ma forme, je donnais tout. On ne peut pas être déçu d’avoir tout donné. » Véritable passionnée, Marie-Ève se concentre maintenant sur d’autres intérêts. Somme toute, chaque athlète d’élite doit porter attention à la prévention des blessures, puisque le risque de blessure est multiplié par sept pour les athlètes s’étant déjà blessés. Il est donc encore plus important de prévenir au mieux possible les accidents.


Crédit Photo © Geoff Robins

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