Mar. Mar 19th, 2024

Par Dorian Paterne Mouketou

Le 23 octobre dernier, le rectorat annonçait aux membres de la communauté étudiante de nouvelles règles encadrant les activités prolongées (5@11) sur le Campus. Une vague d’indignation et de contestations a sévi dans quelques facultés contre la décision du rectorat. Retour sur les nouvelles directives et la tournure de la situation.

Que retrouve-t-on dans ce nouveau règlement?

Il existe déjà à l’UdeS la Directive sur les activités sociales avec consommation d’alcool organisées par les associations étudiantes. Signée en 2016 par la direction et les associations étudiantes, elle vise l’encadrement des 5@8 et des 5@11 sur le Campus principal. Le 23 octobre dernier, la direction en a surpris plus d’un en déposant un nouveau règlement qui n’était pas approuvé par les associations étudiantes. Celui-ci précise que « les activités sociales avec consommation d’alcool organisées par les associations étudiantes sont réservées aux étudiantes et étudiants détenteurs d’une carte étudiante valide de l’Université de Sherbrooke », ce qui empêcherait dorénavant l’accès aux personnes n’étudiant pas à l’UdeS de faire partie de la fête sur le Campus.

La deuxième clause spécifie qu’aucune « aucune boisson mixée sur place à partir d’une boisson alcoolique de plus de 6 % de degré d’alcool ne peut être vendue ou servie à qui que ce soit lors d’une activité sociale prolongée ». Cette mesure n’implique toutefois que les 5@11 où bières fortes et quelques autres alcools forts ne seront plus vendus.

Quelques exceptions

Dans le cadre des activités interassociatives, les étudiants auront à envoyer au doyen de leur faculté et à la Division de la sécurité la liste d’invités pouvant venir aux 5@8 ou 5@11. Ces invités peuvent être des anciens étudiants de la faculté. En génie, par exemple, les étudiants venus d’autres universités et étudiant dans le même domaine pourraient être acceptés. En droit, les diplômés ou les étudiants du Barreau pourraient également avoir la chance de participer aux festivités sur le Campus. De façon globale, nous signale la FEUS, toutes les facultés bénéficieraient de cette clause lors des activités interassociatives, telles que les jeux disciplinaires (jeux de la communication, jeux de l’orientation, jeux de la science politique, …), les colloques universitaires ou toutes autres activités institutionnelles auxquelles des groupes étudiants extérieurs seraient conviés.

À l’origine de la décision : des motifs multiples

Dans son message adressé aux étudiants, la vice-rectrice à la vie étudiante, la professeure Jocelyne Faucher, signalait que « lors des activités prolongées, de type 5@11, des incidents et des accidents surviennent de façon récurrente, tels vandalismes, consommation de drogues, bagarres, intoxications sévères jusqu’au coma éthylique ». Elle précise que dans des cas de bagarres et d’intoxications, l’Université a dû faire appel aux ambulanciers.

Il est de coutume que les membres de la direction suivent avec intérêt le bilan du déroulement des activités organisées par les associations étudiantes. Depuis le mois de septembre, le recteur et son équipe étudiaient les rapports hebdomadaires de la sécurité de l’Université. « L’analyse des rapports hebdomadaires amène à la conclusion que la consommation abusive d’alcool est le facteur principal menant à ces dérapages. Il faut aussi noter que la plupart des personnes non étudiantes à l’Université sont directement impliquées dans les bagarres », note madame Faucher.

Une rencontre avec le rectorat qui a bien clarifié les choses

Rencontrés par Le Collectif, le recteur, le professeur Pierre Cossette et la vice-rectrice à la vie étudiante, Jocelyne Faucher, ont tenu à expliquer aux étudiants l’importance de ces nouvelles mesures. « Pour nous, on veut que ça continue. Mais il faut que ce soit de façon sécuritaire », lance d’emblée le recteur, qui précise que le but est de réduire le risque à un niveau acceptable pour que les activités soient sécuritaires pour les étudiants.

Montrée du doigt par la FEUS et les associations étudiantes de les avoir mis devant un fait accompli, la vice-rectrice tente de s’expliquer. « Pourquoi on n’a pas consulté davantage? C’est parce qu’il y a le temps qui jouait contre nous. Mais aussi pour l’ensemble des doyens et pour l’équipe de direction, on n’était pas dans une mesure de sanction. On s’ajuste », avoue-t-elle. Monsieur Cossette est aussi conscient du protocole qui n’a pas été suivi. « Le protocole habituel n’a pas été suivi. C’est une nouvelle équipe… on arrive… J’ai un petit morceau de blâme à prendre là-dessus. Ça [ne] me dérange pas de le prendre parce que pour moi, c’était plus important de porter l’action pour avoir des évènements sécuritaires. »

Le rectorat voulait prévenir le binge drinking. La consommation abusive d’alcool fort dont font usage certains étudiants est à l’origine des bavures et des intoxications sur le Campus. Pour les membres de la direction, il était question de prévenir ces risques en agissant le plus rapidement possible.

Une tournure inattendue

En rencontre avec Le Collectif, Monsieur Cossette et Madame Faucher disent être surpris des réactions que leur décision a provoquées. « On avait sous-estimé l’impact… », lance la vice-rectrice, qui avoue ne pas avoir lu les enjeux de la même façon que les étudiants. « On n’avait pas prévu que les gens réagiraient… On est un petit peu pris par surprise », renchérit le recteur. Une chose était claire pour celui qui est à la tête de la direction de l’Université : « On ne voulait pas faire de fausses consultations. Pour nous, c’était clair qu’il n’y aurait plus d’alcool fort. »

Néanmoins, les discussions sont en cours avec les membres représentants des étudiants, dont la FEUS et les associations étudiantes. Ces dernières ont lancé des campagnes de protestation contre l’initiative de la direction. Alors que les associations s’immobilisent pour contester, la direction tente de parvenir à des ententes pour calmer les esprits et mieux encadrer les activités avec consommation d’alcool sur le Campus. Le rectorat se dit ouvert pour accepter de nouvelles idées sur la gestion des visiteurs, par exemple. Le taux maximum d’alcool de 6 % a été fixé en tenant compte de la majorité des bières dont le taux se situe entre 4 et 6 %.


Crédit Photo ©  Laurence Poulin

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