Jeu. Mar 28th, 2024

Par Dorian Paterne Mouketou

Peut-on parler d’une culture québécoise homogène? Autrement dit, les éléments constitutifs d’une culture – soit la langue, la religion, l’histoire, les mœurs, les coutumes, etc. – doivent-ils s’harmoniser dans une société donnée pour qu’on puisse parler de culture?

Ni un vox pop ni un sondage

Loin de la procédure des vox pop à la Guy Nantel, notre petite incursion dans les occupations des étudiants de l’Université de Sherbrooke ne se voulait pas forcément révélatrice de la perception des Québécois de la culture. Elle se voulait un point de départ pour comprendre ce que certains étudiants pensent de la culture québécoise.

Le Québec aux yeux des étudiants sherbrookois

Questionnés sur les aspects qui font la beauté du Québec, les étudiants se sont empressés de faire valoir leur vision. « Je trouve que la diversité de cette région et le pouvoir d’accueillir et d’adopter des personnes qui viennent de partout dans le monde, c’est ça qui fait la fierté et le charme [du Québec]», lance vivement Yahya Farhi, étudiant à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke. Originaire du Maroc, il a fait du Québec son nouveau chez-lui depuis quelques années. Si la générosité du Québec peut séduire les personnes venues d’ailleurs, elle illustre également une qualité dont les Québécois nés ici peuvent se vanter de posséder.

Pour Simon Carroll, ce qui fait la particularité de la société québécoise, ce sont « les échanges entre les personnes – c’est-à-dire [que c’est] une société curieuse sur ce qui l’entoure – l’art de vouloir reformer, se distinguer et de se donner le droit d’exister et d’être, sans avoir à se justifier ». Le Québec est donc une nation ouverte sur le monde et progressiste, voulant se construire sa place sur la sphère internationale. « La langue est une fierté… Le système de santé et le système social sont une fierté, mais ils diminuent beaucoup, car notre province s’est beaucoup entichée de la culture étatsunienne, basée sur la responsabilité et la réussite individuelles. Et je dirais que la créativité et l’ingéniosité québécoises font que nous sommes fiers de notre peuple. » Le Québec peut continuer d’exister tant que ses jeunes vantent ses mérites et expriment leur fierté et leur privilège d’y habiter. Sur une note plus patriotique, Simon a tenu à ajouter « qu’on se voit beaucoup comme un peuple de résistants ».

De l’unicité ou de la pluralité culturelle?

La culture ou l’identité québécoise est un sujet de débats, de discorde qui sème la division au Québec. Comment est-elle vécue par les étudiants de l’Université de Sherbrooke? Pour Simon Carroll, étudiant en orientation scolaire, le Québec est une société surtout diversifiée. Il souligne toutefois que cette diversité se retrouve moins dans les régions éloignées. D’abord, « ça dépend où tu vis… la culture québécoise ne se vit pas [de la même façon] dans les grands centres urbains versus [dans] les régions éloignées », dit en partant Simon. Les grands centres urbains attirent beaucoup plus de migrants qui, pouvant s’intégrer à la société d’accueil, parviennent à se mélanger au sein de celle-ci et à en faire partie. Dans ce sens, les Québécois ne composent pas un peuple homogène dans sa composition ethnique, linguistique, etc. Ainsi, la culture québécoise est plus homogène en centre, par exemple à Montréal », soutient Simon.

Parmi les éléments constitutifs d’une culture, la langue occupe une place de premier plan. Le Québec au sens historique de « Canada français » peut-il encore prévaloir aujourd’hui? Nous nous sommes entretenus avec Alysia Piazza pour avoir son point de vue. Alysia, étudiante en études politiques appliquées à l’Université de Sherbrooke, a grandi à Montréal, de parents d’origine italienne. Parlant français, elle se considère comme étant plutôt anglophone. Pour elle, le fait qu’elle soit anglophone ne signifie pas qu’elle est moins Québécoise qu’un francophone. « Pour moi, être Québécoise signifie avoir une ouverture culturelle et accepter la diversité. Par conséquent, tu peux être d’origine canadienne-française et quand même être Québécois. Tu peux être Québécois et être, comme dans mon cas, d’origine italienne. Quand quelqu’un me demande quelles sont mes origines, je réponds que je suis Québécoise, avec des origines italiennes », a souligné Alysia.

Cependant, cela dépend de quel côté on penche le plus. « Je ne me considère pas entièrement Québécoise à cause de mes origines italiennes. Je suis fière d’être Italienne. Alors j’inclus ces valeurs à mes valeurs québécoises », a-t-elle spécifié. Pour Alysia, tout comme pour grand nombre de Québécois ayant des origines multiples, il est possible, voire important, de ne pas abandonner ses valeurs et sa culture d’origine. Les deux peuvent se marier, se confondre, sans pour autant créer une crise identitaire.

Xavier Beaupré, lui aussi étudiant à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke, est allé dans le même sens.

« Je crois que la culture québécoise est plurielle, car elle repose sur beaucoup de relations avec d’autres nations. Quelques-unes de nos traditions sont inspirées par d’autres cultures »

a-t-il stipulé. Pour lui, l’immigration est nécessaire pour le Québec puisqu’elle lui apporte richesses, tant économiques que culturelles. Xavier a tenu à rappeler certaines traditions que nous avons et qui pourtant ont été inspirées par d’autres cultures. « Prenons l’exemple du set carré ou les rigodons qui ont été inspirés par les gigues irlandaises ou écossaises. Il y a aussi le fameux déjeuner anglais qui est le déjeuner de plusieurs Québécois », a-t-il ajouté.


Crédit Photo © Voix d’ailleurs

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