Lun. Mar 25th, 2024

Par Marc-André Labbé

Se produisait en première partie des Foreign Diplomats, le 12 décembre dernier à La petite boîte noire, une formation magogoise qui n’a pas fini de faire tourner les têtes et danser les corps. Eager Dance a pris d’assaut la minuscule scène de LPBN comme si elle lui avait toujours appartenue, faisant de la foule son pantin.

Improbable mix

L’assemblée était disparate, composée de beaucoup d’amis collégiens, universitaires, musiciens, parents venus encourager leurs progénitures, et moi, qui n’avais entendu parler du groupe que par la bande après qu’il ait eu gagné la dernière édition de Sherbrooklyn. Je ne savais pas à quoi m’attendre, aucun style vestimentaire ou capillaire dans la salle ne faisant foi de l’allégeance musicale des fans. J’ai compris pourquoi il en était ainsi lorsque le septet a foulé les planches et entamé ses premières chansons : c’est qu’Eager Dance touche à tout. À mi-chemin entre Jefferson Airplane (« 1939 », la chanson d’ouverture, rappelle vaguement « White Rabbit ») et Gorillaz (dont ils ont repris la chanson « Feel Good Inc. », d’ailleurs), se cristallisant en une sorte d’Arcade Fire 2.0, mais pas tout à fait, Eager Dance nous a asséné une dizaine de bonnes chansons, bien construites et interprétées, même si le technicien sonore semblait parfois avoir de la difficulté avec les voix. Eager Dance nous a donc livré un mix de rock’n’roll des années 70, de folk électro et, parfois, de rap, le tout étant plutôt inattendu et déstabilisant, ce qui n’a toutefois pas empêché les fans de danser.

Efficace

Plus le show avançait, plus les spectateurs se dégênaient et se soumettaient aux exhortations à danser de Dominique, chanteur du groupe et sorte de maître de cérémonie, dont le charisme trahissait par moment une sorte de surplus de confiance propre à la fougue associée à la relève. Tantôt derrière son micro, tantôt perché sur une caisse de son à l’avant de la scène, il a animé le spectacle du début à la fin par ses adresses au public entre les chansons et l’énergie qu’il dégageait. On sentait à tout moment qu’il aurait aimé sauter partout sur la scène, mais l’espace exigu l’en empêchait. Et c’est peut-être-là le principal bémol de la soirée parce que bougeant beaucoup, non seulement au son de la musique, mais d’instrument en instrument, les musiciens se sont parfois pilés sur les pieds et n’ont pas pu laisser libre cours à toute la ferveur qui les habitait. Toutefois, l’embauche d’un metteur en scène, comme me le mentionnait Dominique après le show, s’est avérée payante puisque somme toute les membres semblaient coordonnés et jamais complètement pris de court lorsqu’un anicroche se produisait.

Talent et amour

Eager Dance est fait pour les grandes scènes, donc. Pas seulement en raison de leur nombre, mais aussi à cause de la passion qui les anime et du plaisir qu’ils ont à bombarder la salle de riffs rock et accrocheurs, comme dans « Work Song » et « Renata Stings ». On ajoute à cela quelques passes de guitares et de bass lourdes, comme lorsqu’ils nous ont carrément balancé un bon vieux breakdown efficace en fermeture de « Keep Your Daily Job », et le tour est joué. Ça dodelinait fort de la tête dans la salle, ça dansait sur scène et j’ai eu quelques frissons à ces moments. Peut-être parce que c’était live, j’ai eu le sentiment que c’est lorsque le band se fait le plus rock qu’il réussit le mieux. Il faudra comparer avec le disque. Mais l’avantage de les « avoir vus en vrai » est d’avoir pu apprécier le talent de ces musiciens, en particulier celui de Claude, la jeune femme qui parsemait de flûte traversière les premières chansons, pour ensuite migrer vers l’accordéon, puis tâter du saxophone sur « Slingshot Blues » (la salle était en feu à son solo!), pour finalement clore le show à la guitare, en plus de chanter sur plusieurs pièces. Mention spéciale à Veronica Winter, qui ne fait partie du band que depuis trois mois, mais qui a parfaitement su arrimer sa voix douce et sans fausse note à la voix de tête de Dominique, pour vraiment nous donner un son unique, à la fois mélodieux et incisif.

Eager Dance ne cadre peut-être pas tout à fait avec le créneau que s’est donné LPBN, leur son et leur approche artistique (le salut militaire en début de show, les bracelets qui flashent remis aux spectateurs, éléments qui donnent une aura de happening avant l’heure à la formation) étant moins underground que ce à quoi nous a habitué l’institution sherbrookoise, mais il n’en demeure pas moins que le groupe est sans contredit talentueux et qu’il a assurément animé la soirée. En bout de ligne, le travail était fait et la salle était bien échauffée pour la prestation des Foreign Diplomats qui allait suivre.

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