Jeu. Avr 18th, 2024

Par Myriam Baulne

Le 13 novembre dernier, Amélie Beyries (mieux connue sous le nom de BEYRIES) lançait son tout nouvel album Encounter et dévoilait le vidéoclip de sa chanson Graceless. Empreint de sonorités rassembleuses, de beauté et d’un souffle de militantisme, ce deuxième album a déjà su toucher le cœur de nombreux mélomanes à travers le monde. Le Collectif a eu la chance de s’entretenir avec l’auteure-compositrice-interprète originaire de Montréal pour discuter de son parcours et de son succès retentissant !

Une passion brute

Amélie Beyries s’éprend de la musique très jeune. Déjà enfant, elle compose sur le vieux piano de sa grand-mère. En grandissant, quand ses amis lui demandent ce qu’elle joue, c’est là qu’elle prend conscience de son approche particulière. Elle décide d’ailleurs de ne jamais suivre de cours de piano, pour préserver son espace sacré, une joie qu’elle ne souhaite pas intellectualiser et tourner en discipline.

Malgré son amour pour la composition, Amélie n’entreprend pas de carrière musicale d’emblée. Elle travaille en restauration, puis comme relationniste de presse et occupe ensuite un poste de direction générale dans un studio d’effets visuels. Elle vit toute une vie avant d’entreprendre le projet de son premier album, sorti en 2017.

C’est un cataclysme qui la pousse finalement à se lancer : un premier diagnostic de cancer du sein en 2008, et un deuxième en 2010. « Tout ce qui n’était pas tombé a dû tomber. En étant malade et en côtoyant ma propre possible mort, il y a des questions qui me sont venues, qui ne me seraient sans doute jamais venues si je n’étais pas passée par là », explique Amélie. « Ça choque, ça fait réfléchir, et c’est ce que ça m’a fait. Soudainement, je n’étais plus capable de faire ce que je faisais avant. » Écrire de la musique, c’était sa thérapie, son exutoire. Et c’est devenu un chemin presque évident.

Un succès inespéré

« Chaque fois que je sors un album, je me dis toujours qu’il faudrait que je pense peut-être à me trouver une autre job », s’exclame Amélie en riant. Pour elle et pour de nombreux autres musiciens qui rêvent de vivre de leur art, une carrière musicale demeure une avenue instable. « Avec toute la musique qui se fait, tout ce qui existe déjà, je ne peux pas croire que ce que je fais, ça plaise autant. C’est un bonus, mais se baser là-dessus pour gagner sa vie, ça peut être difficile. C’est toujours un mystère, on ne sait pas d’avance. » Pour elle, l’important est de toujours conserver un immense respect pour l’art, et un certain détachement.

Un lien extraordinaire

Bien que ses tournées l’amènent aujourd’hui à jouer sur des scènes partout dans le monde, la musicienne de 41 ans dit toujours ressentir une chaleur unique auprès de son public québécois. D’ailleurs, ses albums comportent des chansons en français écrites par son ami d’enfance Maxime Le Flaguais, dont l’incroyable J’aurai cent ans, qui a su séduire Louis-Jean Cormier et l’a amené à prêter sa voix au projet.

N’oublions pas sa poignante reprise de Je pars à l’autre bout du monde de Paul Daraiche, qui a marqué les fans d’Unité 9 lors de la scène touchante où le personnage de Suzanne Beauchemin obtient sa libération. « Ça m’a vraiment ouvert tout le canal francophone, que je ne pensais pas atteindre. C’est comme si en chantant en français, il y a une certaine intimité qui naît, c’est différent », commente Amélie.

Le Québec, c’est sa maison, c’est chez elle. Elle dit d’ailleurs s’être amusée énormément lors de son dernier passage à Sherbrooke, où les fous rires étaient au rendez-vous et où son spectacle avait des airs de party de famille.

Quant au fort sentiment d’intimité qui ressort dans sa musique, Amélie Beyries dit qu’il ne s’agit là que d’un heureux hasard. « En fait, je n’ai jamais pensé à ma musique comme ça, comme étant quelque chose que les gens vont écouter. Je ne réfléchis jamais à ça », dit-elle en riant. « Il y a des messages dans mes chansons, oui. Mais ce n’est pas le but de les diffuser, c’est personnel à moi. Mais on a beaucoup de dénominateurs communs, nous, les humains. Notre empathie est tellement forte. J’écris ce que je ressens profondément, et c’est sans doute ça que les gens ressentent en m’écoutant ».

D’ailleurs, Amélie dit avoir puisé dans le sentiment d’impuissance collectif qui a frappé la Terre en 2016, alors que Donald Trump était élu président, pour écrire sa chanson Graceless, qu’elle décrit comme ayant une thématique préapocalyptique.

Une histoire qui s’écrit mot à mot

Bien qu’elle ne puisse dire avec certitude ce que l’avenir lui réserve, Amélie dit avoir présentement trois nouveaux projets musicaux sur le feu. « S’il y a une chose que la pandémie nous a apprise, c’est ça. On a besoin de se projeter, mais la réalité, c’est qu’on ne sait pas. On ne sait rien. C’est un mindset dans lequel je suis depuis un bon moment, et je me rends compte à quel point c’est difficile pour beaucoup de gens. Je dis souvent je t’aime. Si on ne se conte pas d’histoire, c’est ça qui arrive. C’est ça la vie, et la pandémie, ça nous a juste encore une fois rappelé à quel point on est mortels et fragiles et qu’il faut arrêter de nous conter des histoires. Ça s’étend partout, dans la façon dont on traite la planète, dans notre malheur à rester dans des relations malsaines. Si on vivait plus dans le moment présent, ça changerait beaucoup de choses ! »

Ne manquez pas d’ajouter Encounter à votre playlist de fin de session, un album touchant qui saura vous faire chaud au cœur en ces temps difficiles.

Sur prescription de BEYRIES, disons souvent « je t’aime », vivons au jour le jour et surtout, ne perdons jamais de vue ce qui nous rend heureux.


Crédit Photo @ William Arcand

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Directrice générale pour le Journal Le Collectif

Diplômée du baccalauréat en traduction professionnelle à l'Université de Sherbrooke depuis août 2021, Myriam travaille au journal depuis l'automne 2018. D'abord comme correctrice, elle a ensuite tenté sa main aux postes de cheffe de pupitre des sections campus (hiver et été 2020) et culture (automne 2020 et hiver 2021) avant d'obtenir le poste de directrice générale en avril 2021.

Amoureuse du journal et de son équipe, Myriam se fait un plaisir de pratiquer sa tâche de correctrice encore à ce jour et de mener Le Collectif et ses journalistes plus loin, session après session.

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