Ven. Mar 29th, 2024

Par Judith Doré Morin

« Je me croyais seule à la maison lorsque, en me dirigeant vers la toilette, je l’aperçois devant le lavabo. Je recule de quelques pas, surprise. Deux longs gants de caoutchouc jaune couvrent ses bras plongés dans l’eau glacée. Mon père lave la vaisselle souillée. Je me rappelle alors ce que notre ami péruvien a dit lors de son séjour au Québec:  ”Les hommes péruviens ne lavent jamais leur vaisselle.” Je suis bien heureuse de constater qu’il a tort. »

Les risques associés aux changements climatiques ne dépendent pas que de facteurs géographiques. Des éléments culturels contribuent également à accroître la vulnérabilité de certains groupes sociaux. En ce sens, les normes sociales véhiculées dans certains pays, tel que le Pérou, tendent à inhiber la capacité des femmes à faire face aux changements climatiques.

Vulnérabilité « genrée »

Dans les ménages de la communauté de San Melchor, les responsabilités accordées aux membres de la famille dépendent de leur genre. De façon générale, ce sont les femmes qui entretiennent la maison, éduquent les enfants et s’occupent de la préparation des repas.

Les femmes sont de ce fait plus fréquemment en contact avec l’eau, susceptible de transporter des bactéries ou des parasites. De plus, la basse température du liquide contribue à réduire l’efficacité du système immunitaire des femmes. L’utilisation de combustibles fossiles pour la cuisson des aliments, tels que le gaz et le bois, menace également la santé des femmes. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), chaque année, plus de 3,8 millions de morts prématurées peuvent être attribuées à la pollution de l’air domestique engendrée par l’utilisation de combustibles solides et du kérosène.

Autrement, la plupart des tâches traditionnellement accordées aux péruviennes nécessitent un accès durable à des ressources naturelles, renouvelables ou non. Or, les aléas climatiques nuisent de plus en plus à cet approvisionnement et certaines ressources s’épuisent à un rythme effréné en raison des activités anthropiques.

Objectif féministe

Le projet «Inti, la energía que alimenta la tierra», sans que ce soit son objectif principal, offre aux femmes de San Melchor des moyens d’augmenter leur résilience face à certaines conséquences des changements climatiques. Il leur donne également des outils pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

D’abord, la serre et le séchoir solaire favorisent l’accès à des aliments nutritifs, et ce, de façon indépendante des conditions climatiques changeantes.  Ces technologies permettent également de réduire l’utilisation de ressources, notamment hydriques et énergétiques, requises pour la croissance de cultures à grande échelle ainsi qu’à leur transport jusqu’aux consommateurs et aux consommatrices. Ensuite, le chauffe-eau diminue les risques que les femmes, ou l’un des membres de leur famille, développent certaines maladies. Cela évite donc qu’elles s’absentent du travail ou qu’elles paient pour la réception de soins médicaux. Enfin, le four solaire constitue une alternative saine, tant pour l’environnement que pour l’organisme, pour la cuisson des aliments.

Les aspects liés au genre doivent être pris en considération lors de l’élaboration de projets de lutte et d’adaptation aux changements climatiques. Après tout, tel que le mentionne le directeur exécutif adjoint de l’entité de l’Organisation des Nations Unies consacrée aux femmes, l’équité entre les hommes et les femmes constitue « le meilleur outil pour lutter contre les changements climatiques ».

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