Jeu. Mar 28th, 2024

Par Ariane St-Jean

Au cours des dernières semaines, les débats entourant la crise des médias au Québec se sont bien fait entendre. Devrions-nous, oui ou non, venir en aide aux médias traditionnels? L’impact économique d’un investissement majeur de la part du premier ministre Legault serait-il, oui ou non, profitable pour les médias ainsi que la population? Bref, les opinions très divergentes font beaucoup de bruit autour de cette situation dans laquelle il est plutôt difficile de se retrouver. Le Collectif vous propose donc de faire le tour des deux principales problématiques entourant la crise des médias pour finalement voir quelles sont les situations restantes.

La convergence médiatique, trop souvent oubliée

De dire que les médias traditionnels souffrent depuis l’arrivée des médias sociaux n’a rien d’avant-gardiste. Au contraire, la crise des médias se fait sentir depuis déjà plusieurs années, et ce à travers le monde. Si l’on remonte un peu plus loin dans le temps, la crise médiatique au Québec se résumait principalement à la problématique de la convergence. En fait, la convergence médiatique, c’est plutôt simple : il s’agit d’un phénomène où l’entièreté des médias d’un pays ou d’une province appartient à très peu de propriétaires. Par exemple, le grand nombre de médias québécois sont en majeure partie propriétés de Québecor ou encore de Groupe Capitales Médias. La crise des médias au Québec ne se résume donc pas qu’à des problèmes financiers, mais également à des problèmes de contenus qui sont, malheureusement, très peu diversifiés. Par chance, encore quelques journaux indépendants, tels que Le Devoir, réussissent à survivre et à offrir un contenu journalistique détonnant de ceux offerts par Le Journal de Montréal ou encore La Presse. La convergence médiatique peut sembler être une problématique touchant uniquement les lecteurs d’informations, mais lorsque l’on y jette un coup d’oeil, on se rend facilement compte que ce n’est pas tout à fait vrai.

La convergence des médias contraint les journalistes à créer des contenus politiquement encadrés. En d’autres mots, le très peu de propriétaires de médias québécois tend vers des contenus plus ludiques que informatifs, tentant tant bien que mal de rejoindre un plus grand lectorat. Cependant, ce contrôle de contenu amène les journalistes à créer des articles de moins grande qualité puisqu’ils sont contraints dans ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas dire. Les journalistes doivent alors teinter leurs articles des opinions ou encore des positionnements du groupe pour lequel ils écrivent. Par exemple, les différents contenus de La Presse sont connus pour être politiquement plus « de droite » ou encore, ceux du groupe Québecor sont reconnus pour être davantage péquistes. Également, avec la vague de sensationnalisme qui se fait sentir depuis quelques années, les valeurs fondamentales du journalisme, qui sont entre autres d’informer le plus objectivement possible, sont de plus en plus remises en doute.

Aujourd’hui, on manque de revenus

Alors que la convergence des médias est très peu abordée dans la crise actuelle, bien qu’elle en fasse partie, il est temps de passer au vif du sujet : la problématique du manque de revenus. Au cours de la semaine du 26 août dernier, une commission parlementaire sur l’avenir des médias avait lieu à Québec. Celle-ci avait pour but premier de communiquer les nombreux défis auxquels font face les médias traditionnels. Chacun de ces défis avait une chose en commun : la conséquence du manque pécuniaire. Alors que plusieurs journaux ferment leurs portes au Québec et que le géant Groupe Capitales Médias annonce une faillite de plus de 25 millions de dollars, plusieurs intervenants sont venus témoigner et débattre de la triste situation entourant les médias québécois. Les intervenants, tant journalistes que représentants syndicaux, reprochaient aux grands joueurs du numérique, GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), la perte des médias traditionnels. En effet, ceux-ci leur reprochaient d’aller chercher jusqu’à 75 % du revenu publicitaire entourant le partage de contenu. Les médias numériques se trouvent donc à s’enrichir en étant des moyens de transmission de l’information, mais au final, une information qui ne leur appartient pas et qu’ils n’ont pas créée. En d’autres mots, l’effondrement des revenus publicitaires représente une grande partie du problème et les géants du web ne font qu’empirer la situation. Le but second de la commission parlementaire sur l’avenir des médias était de discuter de solutions potentielles qui viendraient en aide aux médias en difficulté. Alors que la convergence médiatique était très peu de la partie, on s’est penché sur les solutions au manque pécuniaire. La majorité des intervenants présents étaient en faveur d’un programme d’aide aux médias subventionnés par le gouvernement de François Legault. D’autres intervenants ont également suggéré une taxation qui serait imposée aux géants du web, dont Google et Facebook. Ces suggestions s’appuyaient sur les initiatives de la France, qui impose à l’heure actuelle 3% des chiffres d’affaires des GAFA en guise de redevance. Également, le directeur du Devoir a témoigné en faveur de plusieurs recommandations semblables, mais a également amené l’idée d’un crédit d’impôt de 25 % sur la masse salariale des rédacteurs et rédactrices.

Des opinions totalement à l’opposé…

Bien qu’il serait dans l’intérêt de tous de régler cette crise, certains désaccords se font entendre. Malgré une grande majorité penchant pour l’aide, qu’elle soit gouvernementale ou non, certains intervenants ont fait part de leurs désaccords face à toute forme d’aide. Parmi ceux-ci se trouve Pierre Karl Péladeau, à la tête du groupe Québecor. Selon lui, les médias en difficulté ne bénéficieraient pas à long terme d’une aide gouvernementale. Il ne s’agirait ici, encore selon Péladeau, que d’un simple pansement sur une blessure trop importante nécessitant une chirurgie complète. Péladeau déplore que les médias crient à l’aide sans tenter de revoir leur modèle d’affaires. Le député conservateur Gérard Deltel est du même avis et croit que les médias devraient s’adapter à la situation que leur imposent les médias numériques sans avoir recours à une aide quelconque. Au final, la crise médiatique au Québec devrait tous nous concerner. Ce sont nos moyens d’obtenir de l’information qui sont en danger et nous devrions tous entendre leur appel à l’aide.

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