Jeu. Avr 18th, 2024

Une vue en coupe du cerveau de l’avant à l’arrière, obtenue par résonance magnétique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le rôle que joue la maladie mentale dans les crimes de guerre est certainement un sujet qui mérite qu’on s’y attarde. Histoire d’alimenter vos réflexions sur ces questions, l’acquisition de certaines bases théoriques en psychiatrie s’impose.

Par François Dubois

“Un trouble mental est […] caractérisé par la perturbation […] significative de la cognition, la régulation émotionnelle ou le comportement d’un individu reflété par une malfonction […| Une [réaction] prévisible (ex.: déprime suite à la perte d’un proche) […] ou un comportement à l’encontre des attentes sociales (ex.: homosexualité) ne sont pas des troubles mentaux.”

Le dernier paragraphe est une définition simplifiée de la maladie mentale, résultat de centaines d’années d’expérience médicale et de réflexion philosophique. Si vous n’aviez qu’à retenir une seule chose de celle-ci, c’est qu’une maladie mentale entraîne automatiquement une dysfonction, ou une mésadaptation, que ce soit au niveau individuel ou social. On évite ainsi de considérer comme une maladie ce qui ne serait en fait qu’un trait de personnalité.

Par exemple, une personne de nature gênée parlant simplement un peu moins que les autres serait considérée comme saine. Au contraire, si sa timidité la forçait à quitter son emploi et à s’isoler chez elle dans des conditions insalubres, un trouble mental serait à considérer. Cet aspect de la psychiatrie est crucial, car c’est la mise en place de telles définitions qui permet de différencier cette branche de la médecine du vulgaire façonnement de personnalité.

Même si cela peut aujourd’hui paraître évident, les maladies mentales n’ont pas toujours eu pour origine le cerveau. La psychiatrie, à ses débuts, consistait bien plus en de la barbarie qu’en de la médecine. À titre anecdotique, on a longtemps considéré que l’utérus était à l’origine de l’hystérie. Le traitement consistait à retirer celui-ci, et la chirurgie était appelée…l’hystérectomie!

Le cerveau accomplit sa fonction grâce à des cellules appelées neurones. Ces cellules sont en fait des fils conduisant l’équivalent de courants électriques. Les neurones sont connectés entre eux de manière très complexe. Certains endroits du cerveau ont un plus grand nombre de connexions et ont une apparence grise: il s’agit de la fameuse substance grise qu’on vous demande d’utiliser lorsque vous réfléchissez.

La perte de fonction de neurones en certains endroits du cerveau produit un résultat très prévisible. Ainsi, on sait, par exemple, qu’à un certain endroit, une tumeur causerait une paralysie de votre pied gauche. Par contre, certaines régions du cerveau, particulièrement celles associées avec la cognition et le comportement, sont très imprévisibles. Une tumeur pourrait causer chez une personne de l’agitation, alors qu’elle provoquerait, avec la même localisation, un état végétatif chez une autre. Pire, chez un même individu, ces zones changent de configuration à travers le temps. Il s’agit d’un processus essentiel, entre autres, à votre apprentissage et votre maturation. L’ensemble du cerveau, mais, plus particulièrement, les régions associées à la réflexion et à la personnalité, est donc très variable et dynamique.

Les maladies organiques, dites les maladies de tous les jours, sont définies par une variante, mesurable, d’un état défini comme normal (ex.: taux de sucre trop élevé dans le diabète). Par contre, le côté extrêmement variable de certaines sections du cerveau rend la définition d’un état normal difficile. On comprend ainsi pourquoi la description de la maladie mentale représente un si grand défi.

La définition présentée dans ce texte est de nature médicale. Elle est ainsi centrée sur le patient et l’amélioration de sa qualité de vie. Il faut ainsi faire très attention lorsqu’on entre dans le milieu judiciaire. En effet, bien que notre définition s’applique très bien à l’aspect de réhabilitation, elle ne tient aucunement en compte des missions de punition et de dissuasion qui appartiennent également à la justice. Tout de même, elle sert de base essentielle à la réflexion, à faire par vous-même, sur le rôle de la maladie mentale dans les conflits armés.

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