Ven. Avr 19th, 2024

La nouvelle vague de dénonciations qui a eu lieu au cours de l’été, la troisième en six ans, démontre bien l’importance de continuer de parler des notions entourant le consentementLa communauté universitaire de l’UdeS est d’ailleurs maintenant dans l’obligation de suivre une formation en ligne concernant les violences à caractère sexuel (VACS).  

Par Virginie Roy 

 

«La prévention des VACS, c’est une responsabilité collective. Il ne faut pas se gêner à être un témoin actif», affirme la Pre Jocelyne Faucher, secrétaire générale et vice-rectrice à la vie étudiante.  

L’intervention des témoins est d’ailleurs traitée au cours de la formation Ensemble pour prévenir et combattre les violences à caractère sexuelLa définition de ce que peut être une violence à caractère sexuel, le consentementles relations de pouvoir et le soutien aux personnes touchées sont, entre autres, les sujets abordés dans les trois autres modules thématiques.  

Devant avoir lieu en mars dernier, le lancement de la formation a été retardé en raison de la COVID-19. «Les autorités nous ont dit que ce n’était pas une bonne idée [de la lancer] puisque la population ressentait déjà des inquiétudes en raison de la pandémie», explique Pre Faucher, ajoutant que le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de l’Estrie était débordé lors du confinement et n’aurait pu assurer un maximum de soutien aux personnes qui en ressentirait le besoin à la suite de la formation.   

C’est donc du 13mai au 31août dernier que tout le personnel a été invité à suivre la formation. Pour ce qui est de la communauté étudiante, elle a jusqu’au 31octobre pour terminer les quatre modules thématiquesEn date du 2septembre, 28 % de cette dernière avait obtenu le badge certifiant sa réussite.  

Réactions dans la communauté universitaire 

Josiane Demers, étudiante en politique appliquée, considère qu’Ensemble pour prévenir et combattre les violences à caractère sexuel est utile, tout le monde ayant le même point de départ dorénavant.  

«C’est un peu infantilisant, les questions. […] En même temps, le fait que la formation revienne autant aux bases démontre que la problématique est telle qu’il faut réexpliquer des choses qui devraient déjà être acquises depuis longtemps», confie-t-elle.  

Du côté du personnel, la secrétaire de direction du Service de soutien à la formation Martine Dallaire rapporte que cette formation permet de placer des balises pour différencier ce qui est acceptable ou nonElle rajoute que, sans être empreints de mauvaises intentions, des gestes peuvent être mal perçus et la formation permet d’entamer une réflexion personnelle. 

«Le fait d’être en contact constant avec nos collègues plus d’une trentaine d’heures par semaine fait en sorte que les gens développent des relations amicales, ce qui peut mener à franchir certaines barrières, notamment avec les blagues par exemple», raconte madame Dallaire.   

Priorité depuis 2015 

Bien que la Politique visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel soit entrée en vigueur en mars 2019, cela fait cinq ans que l’UdeS met l’accent sur la prévention des VACS.  

La vice-rectrice à la vie étudiante donne pour exemples les formations offertes aux comités organisateurs des intégrations et les présentations offertes par le CALACS aux personnes étudiantes de première année 

Avec ces initiatives, 5300personnes, tant étudiantes qu’employéesétaient formées par rapport aux violences à caractère sexuel en 2018, mais avec les exigences de la loi québécoiseP-22.1, «il fallait changer de formule si l’on voulait rejoindre 32000étudiantes et étudiants et plus de 7000personnes employées»continue-t-elle 

Ressources disponibles à l’UdeS 

Comme l’indique Pre Jocelyne Faucher, l’équipe du Bureau du respect de la personne a pour mandat principal d’accueillir les personnes victimes d’une forme ou d’une autre de VACS.  

«Chaque situation est évaluée au cas par cas, dans le respect, et selon les besoins et le rythme de la victime», poursuit la vice-rectriceLes personnes peuvent ainsi venir parler aux conseillères en matière de respect, mesdames Isabelle Duclos et Geneviève Côté, de ce qu’elles ont vécu, obtenir des accommodements pour leur bien-être ou leur sécurité sur le campus, etc.  

Pre Faucher insiste : plusieurs autres ressources existent sur tous les campus«Les secrétaires de faculté, le réseau d’Aides à la vie étudiante sont des ressources vers qui toute personne peut se tourner pour partager ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent»note-t-elle.  

Un vaste nombre de services de l’Université peuvent également être mis à profit dans plusieurs cas : les consultations ponctuelles du Service de psychologie peuvent répondre à des besoins urgents, la Sécurité peut accompagner des victimes au poste de police, le Service des stages et du développement professionnel peut soutenir les étudiantes et étudiantes victimes d’abus en milieu de stage…  

«Confiez-vous : ce que vous voulez faire va peut-être apparaître plus clair par la suite», conseille la vice-rectrice à la vie étudiante.  

Climat de confiance, mais…  

Toujours selon Pre Faucherl’augmentation graduelle des consultations auprès des conseillères du Bureau du respect de la personne au cours des dernières années démontre la confiance grandissante de la communauté universitaire envers les ressources disponibles sur les campus.  

«Je suis plus portée à aller vers mon université que vers un centre à l’extérieur», explique Mégane Lortie, étudiante en communication. «Le campus est comme une microsociété : c’est plus petit que Sherbrooke. Donc, je serais plus à l’aise d’aller chercher de l’aide vers cette institution», poursuit-elle.  

Cependant, des nuances sont à apporter selon Isabel Thériault, récemment diplômée de l’UdeS. «Avec la vague de dénonciations, je nai pas nécessairement confiance en linstitution universitaire : ce qui est le plus déploré est le manque de compréhension envers les victimes et lUniversité ny échappe pas», objecte la bachelière.   

Bien qu’elle considère que le Service de sécurité soit facile d’accès sur le campus et lors des 5@8 et que leur présence soit rassuranteIsabel Thériault est préoccupée à «savoir si la sécurité et le corps professoral sont outillés pour aider une personne qui est victime dagressions à caractère sexuel ou de harcèlement.» 

Selon Pre Jocelyne Faucher, «il y a une mobilisation et une implication envers la prévention et le changement de culture à l’égard des VACS», conclut-elle, optimiste.

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