Ven. Mar 29th, 2024

Edito-Campus_Credit-Francois-LaflammeSoyons honnêtes. Qui n’a pas glissé un jour dans sa poche un petit bout de papier sur lequel étaient griffonnées, façon pattes de mouche, des formules de maths afin d’éviter de les oublier ou même de les apprendre? Certains sont, sans aucun doute, passés maîtres en la matière, consacrant souvent plus de temps à concevoir leur stratagème qu’il en serait nécessaire au simple apprentissage de leurs formules.

Par Vanessa Racine

Pourquoi la tricherie a-t-elle pris une telle ampleur aujourd’hui? Profite-t-elle vraiment aux tricheurs? Vaut-il la peine d’être honnête, quitte à obtenir de moins bonnes notes? Dans un dictionnaire, la définition de tricher se résume à ne pas respecter les conventions, en feignant néanmoins de s’y conformer. Et c’est vraiment ce qu’un étudiant fait lorsqu’il triche consciemment.

C’est pourtant une pratique très répandue, plus qu’on le pense. En 2013, Léger-Marketing a interrogé près de 10 000 universitaires québécois dans un sondage Internet : 76 % ont admis avoir triché lors d’un examen au cours de l’année.

Un inquiétant essor

Avec les nouvelles technologies, la fraude scolaire est devenue massive. Aujourd’hui, les méthodes sont plus nombreuses. D’ailleurs, vous n’avez qu’à ouvrir une page YouTube avec le mot « triche » en recherche pour avoir des milliers de trucs. Les téléphones intelligents sont aussi devenus les meilleurs amis des tricheurs, devant les montres agendas et autres gadgets de haute technologie.

En plus des résultats du dernier sondage énoncé plus haut, 43 % des étudiants admettent aussi avoir utilisé leur téléphone portable au moins une fois pour tricher. Rien de plus simple, donc, que de sortir son téléphone lors d’une pause aux toilettes et de chercher sur Internet une formule mathématique toute faite. Chaque question, ou presque, trouve sa réponse sur le Web.

Dans un même temps, des épreuves ont lieu avec l’usage de calculatrices personnelles dont les mémoires peuvent, aujourd’hui, contenir de très nombreuses informations. Et les enseignants ne sont pas autorisés à « fouiller » pour regarder les réponses inscrites.

Je plagie, tu plagies aussi

De plus, le plagiat est un phénomène en pleine expansion dans l’éducation. Selon une autre étude menée auprès de 1 200 étudiants québécois en 2013, 79,7 % des personnes sondées déclaraient avoir recours au copier-coller. Et selon un sondage maison que j’ai fait auprès d’enseignants à la Faculté des lettres et sciences humaines, neuf sur dix affirmaient avoir déjà été confrontés au plagiat. Un devoir type contiendrait en moyenne 20 % de copier-coller selon ces mêmes enseignants. Ils déplorent par contre le manque de temps et de ressources pour vérifier les sources sur le Web et pour repérer le plagiat dans les travaux.

Les étudiants qui pratiquent le plagiat oublient assez opportunément que l’usage des textes, sans l’autorisation de leur auteur, est prohibé. D’ailleurs, au niveau universitaire, le problème est d’ordre juridique.

Acheter son diplôme sur le Web

Dans un monde qui va de plus en plus vite, la performance a un prix et bien des étudiants l’ont compris. En fin de session, plusieurs sont prêts à acheter des travaux sur internet sans même s’assurer du résultat. J’ai poussé l’expérience sur Kijiji. Pour le même travail en anglais, trois rédacteurs réclament 150 dollars, 300 dollars et même 350 dollars, et ce, sans aucune garantie sur le produit final. D’autres sites Internet proposent carrément un acte illégal, c’est-à-dire de reproduire le diplôme d’une vraie université, pour une somme encore plus importante.

Partir sur la bonne réponse

Pourtant, on le sait, la triche nuit à un véritable apprentissage et fausse les résultats. Heureusement, et il faut le rappeler, que tout le monde ne triche pas. Par peur des sanctions ou par amour propre, bon nombre d’étudiants n’ont jamais été tentés par la triche et ne le seront jamais.

Et il faut aussi penser à ce que deviendront les étudiants qui ont pris l’habitude de tricher à l’école. Tricheront-ils aussi dans leur vie? Parce que la triche est la voie la plus facile. Marquer comme acquis les diplômes que vous n’avez pas validés, et combler les blancs de votre CV par des formations ou de courtes expériences professionnelles en sont des exemples courants. Ou même bluffer pour séduire, qui est un classique, car toutes les histoires sont possibles lors d’un premier rendez-vous. Ainsi, mensonges de toutes sortes sont autorisés pour réussir, persuader et charmer. Est-ce là où nous voulons aller dans la vie? Douter de chaque affirmation ou de chaque personne? Je vous laisse réfléchir sur cette pensée…

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