Jeu. Avr 11th, 2024

TOPSHOTS-TENNIS-FRA-OPEN-WOMENLe milieu du sport professionnel est reconnu pour être un monde très conservateur et le plus bel exemple est la place quasi inexistante des exploits sportifs féminins sur nos écrans. La popularité importante des Jeux olympiques et du tennis féminin, avec Eugénie Bouchard en tête, tendent malheureusement à nous faire oublier le peu de visibilité et d’investissements qu’ont les sports féminins professionnels.

Par Jean-Philippe Ouellette

Le Canada et le soutien aux athlètes amatrices

Pour voir les meilleures athlètes féminines, il faut regarder dans les rangs collégiaux, universitaires et amateurs. En 2012-2013, 112 athlètes féminines ont représenté l’Université de Sherbrooke. Elles comptaient pour 41 % des 276 étudiants ayant porté les couleurs vert et or. Au Canada, cette même année, 5359 des 11 301 athlètes universitaires canadiens étaient des femmes, soit 46 %. Le budget a été réparti de façon équitable : sur les 14,6 millions de dollars distribués en bourses d’études sportives, 6,2 millions (46 %) furent reçus par des femmes.

À nous le podium, programme destiné à soutenir les athlètes amateurs canadiens, propose aussi une division balancée de ses investissements, ce qui explique les succès du Canada aux Jeux olympiques, autant dans les disciplines masculines que dans celles féminines. Toutefois, on peut se douter que plusieurs pays ne partagent pas la philosophie canadienne dans son appui équilibré aux athlètes de pointe.

Un milieu sportif professionnel féminin presque inexistant

C’est dans le sport professionnel que le bât blesse. Certes, les joueuses de tennis et les golfeuses font bonne figure en ce qui concerne les salaires, mais ce sont deux exceptions qui viennent confirmer la règle.

Considérant l’énorme attention qui est dirigée vers l’équipe nationale de hockey féminine lors des Jeux olympiques, on serait amené à penser que cet engouement existe à l’extérieur de cette compétition. Détrompons-nous : la Canadian Women’s Hockey League ne compte présentement que 5 équipes. La raison? Le manque de notoriété du produit, ainsi que le fait que la plupart des hockeyeuses de haut niveau étirent leur carrière collégiale et universitaire, où elles ont accès à de meilleures conditions.

Ainsi, lorsque la chaîne sportive TSN a décidé en 2001 de faire figure de pionnière en créant un pendant féminin (WTSN), celle-ci a essuyé un cuisant échec. WTSN a été dissoute après deux années, faute de contenu et d’intérêt. Cette déconfiture s’explique simplement : peu de gens s’intéressent au sport professionnel féminin parce que la couverture est de piètre qualité, mais l’absence d’intérêt influence négativement la qualité de la couverture.

L’exemple de la WNBA

La situation de la WNBA, ligue de basket-ball féminine américaine, décrit très bien le paysage sportif féminin en Amérique du Nord. Elle est, avec la ligue de soccer NWSL, l’une des deux seules ligues à payer ses joueuses aux États-Unis. Puisque la ligue est détenue par la NBA, adonnons-nous à un désolant jeu des comparaisons.

L’ensemble des salaires des joueuses de la WNBA totalise un peu plus de 10,4 millions de dollars américains, soit le tiers des 30,4 millions de dollars qu’encaisse annuellement Kobe Bryant, joueur étoile des Lakers de Los Angeles. La rémunération maximale dans la WNBA est fixée à 107 000 dollars américains, le cinquième du salaire minimum de la NBA.

Cette année, la ligue a décidé d’orienter son marketing vers la population homosexuelle, ce qui est à l’opposé de sa position traditionnelle de s’en tenir au produit sportif. Les initiatives entreprises dans le cadre de la campagne WNBA Pride, dont les Pride Game, ont été louangées, ce qui n’a pas empêché certains d’accuser la ligue d’opportuniste. En effet, la stratégie a été très payante pour la WNBA, qui a vu le nombre de téléspectateurs doubler lors des séries comparativement à l’année dernière, avec des cotes d’écoute aux alentours de 800 000. Il ne reste qu’à voir si ce succès se perpétuera l’an prochain.

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