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Par Ariane Lacerte

Le 21 janvier dernier, l’Université de Sherbrooke a reçu un invité bien spécial pour donner une conférence sur les changements climatiques et les effets sur la biodiversité. C’est le Dr Ahmed Djoghlaf, secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique dans le cadre du Programme des Nations Unies pour l’environnement jusqu’en 2012 qui a animé la conférence. Le Collectif vous fait un sommaire des constats inquiétants sur l’état de la biodiversité.

L’extinction accélérée des espèces

L’extinction de certaines espèces vient bouleverser les écosystèmes et entraine un déséquilibre dans la faune. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), l’Homme aurait causé la disparition de plus de 2,5 millions d’espèces. L’ONU dénonce d’ailleurs que, dans la dernière décennie, les comportements humains ont mis en péril la survie de plus d’un million d’espèces animales et végétales. À ce jour, près de 50 % des espèces d’insectes essentielles aux écosystèmes sont en déclin. La situation inquiétante de ces derniers cause la disparition de leurs prédateurs. En Europe, dans les 30 dernières années, 80 % des insectes ont disparu, ce qui a contribué à l’extinction de plus de 400 millions d’oiseaux. Selon le Birdlife International, l’extinction des oiseaux va se produire 100 à 10000 fois plus vite que la norme. Les abeilles sont aussi en grand danger. La Fédération des apiculteurs du Québec estime les pertes à plus de 50 %. Comme M. Djoghalf l’a mentionné, les pesticides sont en partie responsables de l’extinction des abeilles, mais la dégradation de l’environnement causée par l’humain est l’une des principales causes.

«Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que 4 ans à vivre.» – Albert Einstein 

Le plastique et les océans

Malgré le mouvement anti-paille observé depuis les dernières années, les Canadiens continuent à consommer plus de 57 millions de pailles par années. Bien que nous ne les utilisions que pour quelques minutes, ce petit tube de plastique prend plus de 200 ans à se décomposer. Le produit mondial de plastique représente aujourd’hui 396 millions de tonnes, mais il pourrait représenter plus de 500 millions de tonnes d’ici quelques années. Avec le déversement volontaire des déchets dans les océans et la pollution des plages, des tonnes de particules de plastique se retrouvent dans nos océans.

«90 % du plastique se retrouve dans les mers et les océans, qui abritent près de 5 millions de microplastiques, soit 13000 particules au m2», mentionne Ahmed Djoghlaf.

Le plastique dans les océans tue chaque année de nombreux animaux marins déjà en voie d’extinction. Souvenons-nous de la baleine retrouvée morte en mars 2019 sur les côtes des Philippines avec plus de 40 kg de plastique dans son ventre. Une autre baleine avait été retrouvée morte en Thaïlande en 2018, après qu’elle ait ingéré plus de 80 sacs de plastique. Le plastique se retrouvant à la surface des océans joue un rôle très important dans le réchauffement des eaux. Il agit en quelque sorte comme une couverture et empêche l’absorption du CO2. La problématique du plastique dans les océans a un impact sur la vie humaine. En consommant du poisson, qui lui a mangé du plastique, nous nous exposons à plusieurs problèmes de santé. Selon Ahmed Djoghlaf, les Américains ingèrent près de 70000 particules de plastique chaque année.

Anthropocène

Lors de sa conférence, Dr Ahmed Djoghlaf a mentionné que nous sommes maintenant dans l’époque appelée l’Anthropocène. Cette période de l’histoire de la Terre est caractérisée par l’ensemble des événements géologiques qui ont été causés par l’Homme. Nous avons maintenant le pouvoir de modifier la planète et nos activités humaines ont eu de nombreuses répercussions sur celle-ci.

«Les deux tiers des écosystèmes ont été dégradés par l’Homme et la perte de la biodiversité a atteint des dimensions inégalées», a affirmé M. Djoghlaf.

En continuant sur ce point, l’ancien secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique explique que la perte de la biodiversité est aujourd’hui plus rapide qu’à toute autre période de l’histoire. D’ici 2050, les experts estiment que de 25 % à 50 % des espèces auront disparu. Le point de non-retour approche de plus en plus vite et il est de notre devoir d’agir.

L’évolution humaine au détriment de notre planète

Le confort humain a un prix et nous le payons de plus en plus. Que ce soit avec les feux en Australie ou même ceux en Amazonie, les conséquences se font ressentir. L’urbanisation a un impact important au niveau de la modification de la biodiversité. Qui dit ville, dit bétonisation, asphalte, fragmentation des écosystèmes et perte de la biodiversité, comme l’a expliqué le conférencier. En 2007, l’humanité a vécu un changement de paradigme, ce qui signifie que plus de gens vivent maintenant à la ville qu’à la campagne. Le développement de nos sociétés et notre consommation ont un impact direct sur la pollution atmosphérique et sur le réchauffement planétaire. En 2014, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié, avec l’aide de plus de 2100 experts dans plus de 120 pays, son 5e rapport. Dans celui-ci, les experts déclaraient que le réchauffement planétaire est indiscutable et est causé par les activités humaines.

Les conséquences des activités humaines se ressentent avec la fonte des glaces et la montée des eaux, ce qui menace certaines îles de disparaitre. Les régions côtières du Québec sont aussi à risque de disparaitre. Une pénurie d’aliments est aussi à prévoir, due aux terres infertiles et au manque d’eau. Monsieur Ahmed Djoghlaf continue de parler des conséquences en mentionnant que la pollution atmosphérique causée par les émissions de CO2 est à l’origine de plusieurs cancers et maladies cardiovasculaires. Une étude de McGill démontre un lien entre le cancer au cerveau et la pollution atmosphérique. L’étude, menée à Montréal et à Toronto, conclut que les personnes exposées à davantage de nanoparticules pendant une année augmentent de 10 % le risque de développer un cancer du cerveau.

Pour visionner la conférence, vous pouvez vous rendre sur la page Facebook du Centre universitaire de formation en environnement et développement durable.


Crédit Photo @ Le Devoir

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