Ven. Mar 29th, 2024

Par Judith Doré Morin

L’automne s’installe à peine et voilà que le mois d’octobre débutera sous peu.  Pour plusieurs, cette période de l’année s’associe aisément avec des paysages colorés et les premiers gels qui obligent à s’habiller un peu plus chaudement. Pourtant, avec octobre commencera également le mois de l’histoire des femmes. Cette année, les célébrations s’orientent autour des femmes d’influence, ces pionnières qui ont marqué le pays.

La campagne électorale bat son plein. Le 1er octobre, il se peut qu’un nouveau parti accède à la tête du gouvernement de la province. D’ici là, l’ensemble de la population québécoise ayant atteint la majorité est invité à se rendre aux urnes afin de choisir les femmes et les hommes qui les représenteront durant les quatre prochaines années.

Voilà une situation qui apparaît tout à fait normale. Pourtant, au siècle dernier, l’implication des femmes dans la sphère politique québécoise s’avérait très restreinte. Progressivement, la détermination et le dévouement permettent à de nombreuses femmes d’intégrer un domaine duquel elles étaient jusqu’alors exclues.

En 1944, les Québécoises votent pour la première fois à l’occasion des élections provinciales. En 1961, une première députée entre à l’Assemblée nationale du Québec. En 2012, une femme se retrouve pour la première fois à la tête du gouvernement québécois.

Thérèse Casgrain

Au cours de sa vie, la lutte de Thérèse Casgrain s’oriente autour de la lutte aux inégalités économiques, sociales et politiques des femmes. Issue d’un milieu aisé, elle se voit toutefois refuser son intégration à l’université par son père. Selon lui, une femme de son rang se doit plutôt d’apprendre à gérer la maison.  À l’âge de 19 ans, elle épouse un avocat avec qui elle s’initie à la ferveur des campagnes électorales. Déjà, elle s’insurge devant le fait que la voix féminine n’est pas entendue sur la scène publique.

Recrutée par le Comité provincial pour le suffrage féminin, elle milite dès lors en faveur de l’obtention du droit de vote pour les femmes. Elle fait valoir les droits des femmes dans différents médias publics. À ses côtés, elle peut notamment compter sur la présence d’Idola Saint-Jean, première candidate à une élection fédérale en 1930, et de Marie Guérin-Lajoie, laquelle participe activement au développement du mouvement féministe québécois. Les Québécoises obtiennent le droit de vote, au niveau provincial, en 1940.

Après s’être présentée comme candidate libérale indépendante lors des élections partielles fédérales en 1942, elle se joint au Cooperative Commonwealth Federation, un parti politique réformiste qui deviendra le Nouveau Parti démocratique. En 1951, elle devient la première chef de parti au Québec.

Elle poursuit, jusqu’à la fin de sa vie, de nombreuses luttes. Que ce soit son désir de créer d’un outil pour planifier l’économie dans le but de conserver les ressources naturelles, ses actions contre l’utilisation des armes nucléaires ou son implication pour réduire les inégalités économiques, sociales et politiques des femmes, Thérèse Casgrain se montre engagée et en avance sur son temps.

Claire Kirkland-Casgrain

Acceptée au barreau en 1952, Claire Kirkland-Casgrain s’intéresse peu à peu à la politique et devient la présidente de la Fédération des femmes libérales du Québec. Il faut dire que son père, un médecin, représente alors le comté de Jacques-Cartier depuis 1939. Le décès de celui-ci, en 1961, déclenche une élection partielle dans la circonscription. Sa fille se présente comme députée libérale et parvient à se faire élire. Elle devient la première femme à accéder au Parlement du Québec.

La députée de Jacques-Cartier est réélue en 1962 avec une majorité de 50 000 voix en sa faveur. Elle intègre le conseil des ministres, sans toutefois avoir accès à un portefeuille. Deux ans plus tard, son projet de loi 16 sur la capacité juridique de la femme mariée entre en vigueur. Au fil des années, elle est appelée à occuper les fonctions de ministre des Transports et des Communications (1964-1966), ministre du Tourisme de la Chasse et de la Pêche (1970-1972) et ministre des Affaires culturelles (1972-1973).

Peu avant de mettre fin à sa vie politique, en 1973, elle soumet le projet de loi 63. Celui-ci mènera à la création du Conseil du statut de la femme en juillet de la même année. Elle entame ensuite une carrière de juge, qu’elle poursuit jusqu’à sa retraite en 1991.

Pauline Marois

Bachelière en service social, Pauline Marois travaille au sein de différents groupes communautaires en Outaouais. Elle décide ensuite d’effectuer un retour aux études, à l’Université de Montréal, et obtient une maîtrise en administration des affaires en 1976. C’est à l’université qu’elle rencontre Jacques Parizeau, qui devient ministre des Finances suite aux élections générales de novembre 1976. Deux ans plus tard, celui-ci engage la jeune femme en tant qu’attachée de presse. Ceci indique le début de la carrière politique de Pauline Marois.

Elle est élue pour la première fois, sous la bannière du Parti Québécois, dans La Peltrie en 1981. À 33 ans, venant tout juste de donner naissance à son deuxième enfant, elle entre au conseil des ministres sous la direction de René Lévesque. Au fil des années, elle accumule les charges ministérielles, prouvant ainsi qu’elle peut être polyvalente et qu’il est possible de lui faire confiance.

En 1985, Pauline Marois échoue à obtenir la direction du Parti Québécois. Elle tente à nouveau d’accéder à la tête du parti en novembre 2005, mais la candidate est, encore une fois, défaite. Après un bref retrait de la vie politique en mars 2006, elle devient finalement chef du Parti Québécois à l’été 2007. Elle est élue députée dans Charlevoix. Elle fait alors figure de chef du deuxième groupe d’opposition en 2007 puis de l’opposition officielle en 2008. En septembre 2012, elle devient la première femme première ministre de la province. Défaite en 2014, elle choisit de quitter le Parti Québécois.


Crédit Photo @ Carl Boivin

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