Ven. Mar 29th, 2024

Par Guillaume Marcotte

Mariana Mazza a été huée par un spectateur après qu’elle ait mentionné les noms d’origine arabe de ses frères dans le cadre de sa tournée Femme ta gueule. Si l’humoriste a figé sur scène, ce fut de même pour l’audience du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Les yeux de Mariana se sont rapidement remplis d’eau, et comme elle l’a expliqué lors de son entrevue à l’émission de radio du soir La soirée est encore jeune, l’humoriste a terminé son spectacle d’un air boudeur. C’était la première fois en cinq ans de carrière que Mariana Mazza vivait une attaque de la sorte, une attaque raciste, malgré son spectacle somme toute provocateur.

L’humour au Québec

La province du Québec est reconnue pour être une province dont le star système est composé presque exclusivement d’humoristes : que l’on parle de Martin Matte, de Louis-José Houde, de Guillaume Wagner ou de Mariana Mazza, ces noms sont connus de tous. Nos humoristes québécois sont réputés pour leur humour, mais aussi pour les positions qu’ils adoptent et ils ne se gênent pas pour les crier haut et fort. Ils possèdent d’énormes tribunes et sont des influenceurs dans de nombreux domaines, dont la politique et l’avancement de la liberté d’expression.

Dans le cas de Mariana Mazza, il est question d’une voix directe et dénudée de « flafla ». Mariana Mazza est un pilier dans les domaines du sexe, de la race et de la liberté d’expression : c’est grâce à des numéros comme « Sable dans le vagin » qu’elle vient ouvrir le dialogue sur la sexualité, sur la beauté et la dangerosité de la sexualité; c’est grâce à des blagues sur les prénoms de ses frères qu’elle vient sensibiliser ses spectateurs au racisme en l’abordant avec humour; c’est grâce à sa franchise sans pareille et à sa grande gueule qu’elle vient encourager les gens à exprimer ce qu’ils pensent.

Si parfois le contenant de Mariana Mazza peut paraître raboteux et tout croche, le contenu est quant à lui très pertinent.

La liberté d’expression au Québec

Évidemment, les humoristes ayant droit de s’exprimer librement, il en va de même pour leurs fans : n’est-ce pas?

En soi, toute la question de liberté d’expression des humoristes québécois est un sujet très controversé, considérant l’affaire de Mike Ward et de Jérémy Gabriel. Cependant, la liberté d’expression a pour but fondamental de permettre aux hommes et aux femmes d’exprimer le fond de leur pensée, quoique la pensée elle-même se doit d’être pertinente et non véhémente. La ligne devient donc mince entre s’exprimer sous prétexte de la liberté d’expression et insulter son voisin.

Mariana Mazza s’expose à la critique de par sa désinvolture et de par les enjeux qu’elle choisit de traiter. Elle a droit en bonne et due forme à sa liberté d’expression. Néanmoins, ce qui lui est arrivé au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke n’est pas acceptable d’un point de vue de liberté d’expression : on parle alors de haine gratuite, de racisme et de manque de respect.

Le racisme à Sherbrooke

On l’oublie souvent, nous, les universitaires, vivons dans une bulle privilégiée, loin de la pauvreté de Sherbrooke. On pense, et moi le premier, que le racisme, l’homophobie, la xénophobie et le sexisme sont des concepts flous, lointains et un peu dépassés. Et pourtant, ce genre de comportement se retrouve à Sherbrooke.

Le climat tendu dans lequel nous vivons à la suite de l’élection de Donald Trump et de la tragédie de la mosquée à Québec est palpable et tangible : il semble que ces manifestations haineuses se multiplient, tant sur les réseaux sociaux que dans les salles de spectacle.


Crédit photo © La Presse

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