Jeu. Mar 28th, 2024

PORTRAIT 4Il était là, le 25 octobre 2014, à tous nous faire trembler sur la ligne de départ. Mais cette fois-là, ce n’était pas par la crainte qu’il inspire à ses adversaires. Cette fois-là, c’était à cause de l’émotion dans sa voix à l’occasion de son dernier cross-country universitaire. Rétrospective de la carrière d’un des grands du Vert & Or.

Par Julien Beaulien

Débuts de carrière

Olivier Lavoie provient d’un milieu sportif. Au secondaire, il commence à s’entrainer, quelques fois par semaine, pour se mettre en forme en vue de sa saison d’hockey. En 2003, il fracasse deux records du Québec aux Jeux du Québec en s’entrainant seulement deux fois par semaine. Pourtant, le hockey reste sa priorité. C’est néanmoins le début officiel de sa carrière en cross-country avec l’entraineur Ben Leduc. Il poursuit toutefois avec l’entraîneur Jean-Nicolas Duval et réussit à se qualifier en 2005 pour les championnats du monde. Au Maroc, il goute au traitement réservé aux stars de l’athlétisme. Il devient champion canadien au steeple-chase. C’est ainsi qu’il décide – finalement – d’arrêter de jouer au hockey et de faire de la course sa priorité.

Entrée dans l’équipe

Fort de ses succès, Lavoie est ensuite recruté, dès la fin de son secondaire, par Richard Crevier. L’entraineur lui fait miroiter une place au sein du Vert & Or, alors meilleure équipe universitaire au pays. Il déménage donc à Sherbrooke pour compléter ses études collégiales et se fait initier à la vie Sherbrookoise par James Cadovius et Frank Ménard.

En 2009, il fait son entrée officielle avec le Vert & Or. Il commence à s’entrainer avec Vincent Paquet, actuel entraineur-chef de l’équipe de cross-country. Au sein de l’équipe, Lavoie trouve des partenaires rapides et expérimentés, qui roulent tous en bas de 33 minutes au 10 kilomètres. Après une première saison réussie, il est nommé recrue de l’année au Québec, puis au Canada.

PORTRAIT 3Saison 2010-2011 : la consécration

L’année suivante, Lavoie devient capitaine de l’équipe, autant en athlétisme qu’en cross-country. Il devient champion québécois et champion de la division est en cross-country. Aux provinciaux d’athlétisme, il remporte une médaille à chacune des courses auxquelles il participe. Les Championnats canadiens ont lieu à Sherbrooke cette année-là. Il est médaillé de bronze au 3000 mètres, devant ses amis, sa famille et ses partenaires d’entrainement.

Lavoie raconte la course. Il dit en avoir encore des frissons. Officiellement, pour cette course, il est classé avant-dernier. Il reste 1600 mètres : il commence à trouver les choses difficiles, mais demeure bien positionné. Il reste 800 mètres : il sait qu’il peut tenter quelque chose, qu’il a un bon kick final. À 400 mètres de la fin, il est encore dans la course, et la foule scande son nom. Il se sent bien. Il se dit : « showtime ». Peu importe ce qui arrivera, il donne tout. Il risque. Il finit 3e au Canada, derrière Alex Genest, qui allait quelque temps plus tard participer aux Jeux Olympiques. C’est le moment clé de sa carrière avec le Vert & Or.

La suite

L’été suivant, Olivier Lavoie fait une série de courses en Europe avec l’équipe Asics. Il inscrit son meilleur temps au 1500 mètres. À l’automne, il termine deuxième au Championnat provincial de cross-country. Puis, une grosse blessure survient : il se déchire l’ischio-jambier. Il ne réussit malheureusement pas à se qualifier pour les Championnats canadiens. Après 10 années de course, de temps et d’efforts, il se rend compte de la fragilité des succès en sport. « Je passais de l’année d’avant, où je gagnais tout, à là, où j’avais de la difficulté à courir ». Il décide donc de partir en échange étudiant. Il prend ainsi une année pour se remettre en question.

Il revient au Québec à l’automne et a encore le gout de la performance. Il connait une saison de cross-country 2013 réussie et gagne l’argent au Championnat provincial d’athlétisme au 1500 mètres. Il mène pendant un moment Charles Philibert-Thiboutot (espoir olympique québécois). Il réalise alors que ce qu’il avait toujours recherché c’était un moment comme il avait vécu lors de son 3000 mètres, deux ans auparavant.

« C’est un rêve qui s’est réalisé, mais qui s’est aussi envolé. Ce moment-là, je courrais littéralement après. J’ai vécu le plus beau moment de ma vie en course à pied. J’ai encore de la misère à [le] décrire. J’ai atteint ce que je voulais atteindre. Et je n’ai pas senti, depuis cette journée-là, le besoin d’en mettre plus. Quelque chose est disparu au moment de cette course-là. Ensuite, tu recherches le même feeling, mais il y a un feu, un désir qui est estompé. »

Désormais, Lavoie essaie de redonner au Vert & Or, comme on l’a fait pour lui : « James et Frank n’ont pas compté les moments qu’ils ont passé avec moi. Ils m’aidaient, pas seulement sur la piste. C’était des grands frères pour moi, et j’essaie, peut-être à une moindre échelle, d’être un mentor. J’ai accompli ce que j’avais à accomplir. Mon but, c’est maintenant d’aider les gars et de les voir finir une course et sourire, comme je l’ai fait après mon 3000 mètres. »


Le mythe

On a souvent entendu qu’Olivier Lavoie n’était pas le favori des courses qu’il a gagnées. En effet, en 2011, au départ du 3000 mètres, il n’était classé que onzième favori. Au 1500 mètres de ses derniers Championnats provinciaux, il avoue ne pas avoir été celui qui était le plus en forme. Il explique : « Forme pour forme, je n’en aurais pas gagné beaucoup. Mais, avec ce qui se passait dans ma tête, il n’y [avait] pas beaucoup de gars qui auraient pu me battre. J’étais prêt à m’arracher les tripes. Je n’ai pas peur d’avoir mal. J’ai le gout d’avoir mal. Je vois ma limite et je suis prêt à la dépasser. Quand j’étais prêt, j’ai fait mieux que des gars qui avaient plus de talent que moi. »

 

Richard Crevier et l’avenir du Vert & Or

Richard Crevier, entraineur-chef du Vert & Or, prend sa retraite cette année, après une vie dédiée au programme. Lavoie le décrit comme un leader irremplaçable. Il croit, cependant, que quelqu’un peut prendre sa place et ramener la culture de l’excellence dans le programme : « Les bons athlètes amènent les bons athlètes. C’est un peu ce qui a été négligé dans les dernières années, d’où le creux. Mais ce creux est derrière nous, et l’équipe est en train de remonter. Il y a le potentiel que Sherbrooke redevienne ce qu’elle a toujours été ».

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