Mer. Avr 17th, 2024

Par Virginie Roy

Le groupe technique Bâtiments Intelligents de l’Université de Sherbrooke (BIUS) travaille depuis trois ans sur le projet VG360, une serre passive intelligente qui permettra une culture quatre saisons.

Le groupe d’étudiants, majoritairement du programme de génie du bâtiment, a travaillé à créer une serre misant sur le soleil comme seul entrant énergétique, la notion même de bâtiment passif.

Si la façade vitrée, orientée plein sud, permet à la serre de se chauffer, l’énergie du soleil permet également de faire fonctionner les différents systèmes nécessaires au bon fonctionnement de la serre.

La Ferme Berthe-Rousseau, située à Durham-Sud, est l’heureuse bénéficiaire de la serre. « C’est un match parfait », sourit Louis Barcelo, président de BIUS. « On avait un projet, on avait l’ambition de le réaliser, mais ça nous prenait un espace ».

Et cet espace, la Ferme était en mesure de leur fournir : une bonne superficie pour être capable d’y construire le bâtiment, mais aussi un emplacement dégagé pour pouvoir l’orienter plein sud.

De jardins en bacs placés dans la serre, l’idée a évolué pour répondre aux besoins des propriétaires. « Voyant que la ferme avait besoin d’un petit peu plus de surface de culture, on a décidé d’enlever le plancher et de cultiver à même le sol », explique le président.

L’enveloppe développée avec soin au cours de l’année précédente a été gardée, mais le processus d’idéation a été réitéré pour les mécaniques internes. Selon Louis Barcelo, après près d’un an à peaufiner les ébauches, « [la serre] avait un assez bon manteau pour résister tout l’hiver. » VG360 est d’ailleurs prête à vivre sa première saison froide puisque l’extérieur est complètement étanche depuis deux semaines.

L’intelligence au travail

Raphaël Boisjoly-Sallafranque, VP de BIUS, présente le système de ventilation en tuyauterie blanche, le système de recharge de batteries et le boîtier des batteries

Trois composantes rendront la serre intelligente : le système d’irrigation, la ventilation et la domotique.

Pour permettre une culture dans les meilleures conditions possible, la serre doit permettre d’avoir énormément de ventilation en été tout en la limitant au courant de l’hiver. Le système installé a été pensé afin de dépenser le moins d’énergie possible. « On n’est pas branché à Hydro-Québec, on n’a pas de l’énergie à l’infini », fait remarquer Louis Barcelo.

Pour le moment, l’équipe s’est consacrée à la ventilation « d’hiver » uniquement. Lorsque les températures plus clémentes arriveront au printemps, elle réajustera le tout pour l’été.

Les prochaines étapes consisteront à implanter des capteurs dans le sol qui permettront de mesurer l’humidité. Si le taux d’humidité est trop bas, un réservoir surélevé d’eau permettra de remédier à la situation. Selon le zonage déterminé par les jardiniers, chaque parcelle pourra être irriguée indépendamment.

« Mais sans le cerveau, chacun des systèmes ne se parlera pas et ne sera pas optimal », note le président à propos de la domotique derrière tout ça. Les membres de BIUS pourront ainsi gérer la serre et ses différentes composantes dans le confort de leur salon.

Ce projet évolutif en est environ à 50 %. « La serre n’est pas encore intelligente. C’est comme nous en génie, on ne rentre pas génie, c’est un processus », blague Louis Barcelo.

La mission de BIUS étant de développer ou d’améliorer des concepts, tout en propageant l’information et en partageant les connaissances acquises, les plans finaux de VG360 seront totalement libres de droits.

L’engouement pour le projet est d’ailleurs déjà bien présent, au plus grand plaisir de Louis Barcelo. « Par contre, on n’est pas prêts à donner la documentation à tout le monde en ne sachant même pas si cela va fonctionner, affirme Louis Barcelo. On se laisse l’hiver et le temps de valider tout ça. »

Avec plus de 100 Go de vidéos et de photos prises lors de la construction, cette documentation sera aussi accompagnée de capsules informatives. « Il y a mille et une manières de construire un bâtiment. Possiblement que la manière qu’on a utilisée, ce n’est pas la meilleure, mais, en fin de compte, elle a fonctionné », commente le président.

Il considère que même si monsieur et madame Tout-le-Monde devront probablement adapter les plans à leur propre réalité (budget, espace, etc.), l’information transmise par BIUS leur sera tout de même très bénéfique.

L’avenir de BIUS

Le projet initial de serre construite sur les terrains de l’UdeS et servant à approvisionner le Café CAUS, en partenariat avec le Jardin collectif, est toujours sur la table.

Conscient qu’il tenait un projet bêta entre ses mains, Louis Barcelo constate que le report du projet n’est pas une mauvaise chose en soi. « On était des jeunes entités, le Jardin collectif et nous, et on s’attaquait à un gros client », raconte-t-il.

Avec l’année d’analyse et la validation du concept, il sera plus aisé pour BIUS de réfléchir à savoir si la même théorie peut être appliquée pour un plus gros bâtiment. « On part quand même de l’envergure d’un cabanon pour aller vers une grosse maison », s’avise le président de BIUS.

Quelques autres projets trottent dans la tête de l’équipe, comme sa participation possible au Solar Decathlon, une compétition internationale d’architecture, de design, d’urbanisme et d’ingénierie, un projet dirigé par une étudiante en génie.

Si leurs efforts sont concentrés pour le moment sur la serre, Louis Barcelo tient à rappeler que la construction de bâtiments intelligents va bien au-delà de ça. « C’est la voie à prendre selon moi pour n’importe quel nouveau projet de bâtiment », termine-t-il.


Crédit Photo @ Louis Barcelo

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