Mer. Mar 27th, 2024

Par Josiane Demers

En juin dernier, la population américaine apprenait, sans surprise, que l’ancien vice-président Joe Biden avait obtenu assez de délégués lors des primaires démocrates pour remporter la nomination. Incessamment, le nom de la personne qui terminera la course à ses côtés en tant qu’aspirant à la vice-présidence sera révélé. Ce choix est particulièrement important, car non seulement il s’effectue sur un fond de pandémie et de tensions raciales, mais aussi, si élu, Biden deviendra, à 77 ans, la personne la plus âgée à combler la fonction de président des États-Unis.

Une femme à la vice-présidence

Le 15 mars 2020, l’ancien acolyte de Barack Obama s’est officiellement engagé à nommer une femme pour occuper la position qu’il a lui-même assurée pendant 8 ans. Il a insisté en affirmant que « pour moi, il ne s’agit pas seulement de désigner une femme, il s’agit de nommer une femme progressiste ». Le candidat à la Maison-Blanche démontre, de ce fait, une ouverture au changement. Il faut souligner qu’aucune femme n’a occupé ce poste dans l’histoire des États-Unis. Jusqu’à maintenant, seul le sénateur ayant obtenu la nomination républicaine en 2008, John McCain, avait choisi une femme comme running mate, soit Sarah Palin. Le duo a cependant été défait aux élections présidentielles de la même année.

La représentativité des femmes est un enjeu politique majeur depuis plusieurs cycles électoraux, mais les États-Unis sont encore loin d’une parité. Bien que les élections de mi-mandat en 2018 eussent donné lieu à un nombre record de femmes élues au congrès, ces dernières représentent à peine le quart des sièges. Comme exposé par le Center for American Women in Politics (CAWP), seulement 26 % du Sénat et 23,4 % de la Chambre des représentants sont féminins. La sensibilité de l’ancien vice-président face à cette problématique risque de l’aider à se différencier de son adversaire Donald Trump, qui multiplie les propos discriminatoires face aux femmes depuis ses tout premiers pas en politique. Depuis cette annonce de Biden à la fin de l’hiver de cette année, plusieurs noms de candidates potentielles émergent sur les lèvres des analystes.

Amy Klobuchar se retire

Amy Klobuchar s’est avérée être une adversaire tenace face à Joe Biden lors des primaires. Cette dernière a éventuellement mis fin à sa campagne pour ensuite octroyer son appui à l’ancien vice-président. La sénatrice démocrate du Minnesota a longtemps fait partie des aspirantes favorites pour devenir la partenaire de campagne de Biden. Par contre, suite aux évènements récents à Minneapolis dénonçant la brutalité policière et le profilage racial subis par la population afro-américaine, Klobuchar s’est retirée de la course. Lors de cette annonce, la sénatrice explique que « c’est un moment historique et l’Amérique doit le saisir. Je crois fermement […] que c’est le moment de nommer une femme de couleur pour cette fonction ». Le passé est venu rattraper celle qui a été vivement critiquée pour sa gestion inadéquate des inégalités alors qu’elle siégeait comme procureure en chef de l’un des comtés le plus peuplés du Minnesota.

Kamala Harris comme favorite

Suite au retrait de Klobuchar, Kamala Harris se hisse au premier rang du peloton de candidates potentielles à la vice-présidence. N’ayant pas reçu les appuis espérés lors des primaires démocrates, elle a tout de même su tirer son épingle du jeu. En débat, la population a pu observer une femme forte, déterminée et charismatique dotée d’un sens de la répartie hors pair. Elle a vigoureusement confronté Biden lors d’un des débats télévisés pour avoir vanté son travail auprès de sénateurs ségrégationnistes dans les années 1970, à l’intérieur des pages de sa biographie parue en 2018. Lors de son retrait de la course, elle a endossé celui qu’elle avait auparavant critiqué. Elle a expliqué cela en mentionnant qu’il s’agissait d’un débat et qu’il était normal de défendre des points de la sorte dans ce type d’arène. L’avocate de 55 ans est la première sénatrice d’origine indienne et jamaïcaine à avoir été élue en Californie. Plusieurs experts considèrent ses origines comme une force, car elle pourra non seulement représenter les femmes, mais saura également faire valoir un point de vue différent faces aux luttes auxquelles les personnes racisées font face. De plus, ses politiques plutôt de centre risquent de rassurer quelques indécis entre les deux partis qui ne souhaitent pas se ranger trop à gauche. En nommant Harris, Biden pourrait ainsi démontrer qu’il ne craint pas de siéger aux côtés d’une personne qui est en mesure de le confronter sur certaines idées.

Et Warren dans tout ça ?

Élizabeth Warren, qui appuie publiquement Biden, fait également l’objet de considération au titre de vice-présidente. La sénatrice de 71 ans du Massachusetts est reconnue pour ses politiques progressistes. Elle s’est forgé une notoriété dans l’élaboration détaillée de certaines politiques et jouit d’une expérience considérable. Par contre, plusieurs considèrent qu’une femme de couleur et moins âgée devrait siéger aux côtés de Biden en novembre prochain. Selon certains sondages, Warren serait la seule femme blanche à connaître un bon taux d’approbation chez la population afro-américaine.

Suzan Rice

Bien qu’elle n’ait jamais occupé un poste d’élu, Suzan Rice est une candidate activement considérée pour le poste. Celle qui a déjà été l’ambassadrice américaine aux Nations Unies a également siégé comme National Security Adviser sous Barack Obama. Elle est reconnue comme une personne intelligente et stratégique. De plus, elle entretient une excellente relation professionnelle avec Joe Biden.

Tammy Duckworth

Cette sénatrice américaine née à Bangkok est une ancienne lieutenante-colonel et pilote d’hélicoptère de l’armée américaine. Elle a perdu ses jambes lors d’une attaque en Irak en 2004. Elle a ensuite siégé à la Chambre des représentants et a également servi sous Obama comme aide-secrétaire au département des Veterans Affairs entre 2009 et 2011. Bien qu’elle soit peu connue, elle semble faire lentement sa place comme candidate potentielle.

Plusieurs autres femmes sont pressenties au poste. Certains médias affirment que jusqu’à 13 femmes ont fait ou font présentement l’objet d’une enquête de la part du clan Biden pour déterminer si elles ont l’étoffe d’une vice-présidente. Compte tenu de son âge, Joe Biden se considère comme un « candidat transitoire » et souhaite que sa running mate puisse éventuellement lui succéder comme présidente.

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