Jeu. Avr 25th, 2024

Par Elizabeth Poulin

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Récemment, la Tribune a annoncé en grande pompe la venue de la populaire chaîne Starbucks à Sherbrooke. Le premier comptoir se trouvera sur le Boulevard Bourque, à l’ancien emplacement de Frédette Automobiles.

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Les amoureux du «pumpkin spice latte» seront comblés, puisque la multinationale prévoit l’ouverture de cinq succursales dans la région à moyen terme. À première vue, l’implantation de la super machine américaine en territoire sherbrookois risque de causer un véritable tsunami pour les cafés locaux.

Les étudiants universitaires se divisent en deux classes: ceux qui fréquentent assidûment ces commerces, à la recherche d’une dose de caféine, et ceux qui préfèrent la bibliothèque ou le confort du chez-soi. Peu importe dans quelle catégorie ils se classent, tous sont d’accord à l’effet que les cafés locaux font partie du patrimoine économique et culturel de la ville. Face à cette unanimité, qu’est-ce qui fait craindre aux commerçants locaux l’arrivée massive de Starbucks? Gabriel Légaré et Maryse Normandin, du Café Général, affirment que tout est relatif. Il n’y aura  pas de chicane de plate-bande, puisque ceux qui recherchent des produits de qualités et un service personnalisé resteront fidèles à leurs habitudes de fréquentation.

De son côté, Catherine Migneault, copropriétaire du café Singing Goat, allègue plutôt que «ça ne laisse aucune chance pour les nouveaux entrepreneurs». Sur l’aspect de la clientèle, elle s’accorde avec son collège du Café Général pour établir que ce sont plutôt les fameux Tim Hortons et les «minis-chaînes» qui vont devoir s’adapter rapidement, étant donné que ces dernières ont une clientèle similaire à celle que recherche Starbucks.

On répète sans cesse (et avec raison, d’ailleurs) qu’il vaut mieux acheter local pour des raisons écologiques et éthiques. Dans les faits, qu’est-ce qui différencie une succursale Starbucks d’un café de quartier? Tous ont répondu unanimement: c’est la qualité des produits servis. Le choix des ingrédients et leur provenance contribuent grandement à offrir un service distinct d’une succursale d’une grande chaîne. De nombreux produits frais proviennent de producteurs de la région, ce qui diminue considérablement l’impact écologique et active l’économie locale. Cette conscience émerge progressivement chez les étudiants de la ville, qui réalisent progressivement l’importance de consommer responsablement. Cette exigence a amené quelques propriétaires à se tourner vers des torréfacteurs de la région, tels que le café «Virgin Hill Coffee» en provenance de Lac-Brome, notamment servi au Café du Globe.

À l’instar de certains organismes, les cafés de quartier constituent des  véritables «pôles communautaires», tel que l’affirme la propriétaire de Singing Goat: «Ils participent à la vie de quartier, à faire découvrir de nouvelles choses à ce à quoi on est habitué.» Julien Pisson, du Café du Globe, soulève également leur mission sociale: «On est pas des psychologues ni des médecins, mais on est là pour écouter, pour aider.»

Il ne faut pas en déduire que l’arrivée de Starbucks est une chose ontologiquement mauvaise. Gabriel Légaré reconnaît d’emblée que la compagnie américaine a fait un don à la société en popularisant la vraie «culture du café» et en servant des produits plus authentiques que certaines compagnies qui détiennent pourtant un véritable monopole en la matière. Ce qui paraît être une bataille entre David et Goliath n’a pourtant pas comme objectif la mort de l’un ou de l’autre. L’intérêt de la population et des entrepreneurs réside plutôt dans la cohabitation harmonieuse et équilibrée des commerces.


Cet article fait partie d’une section spéciale dédiée au phénomène du Café dans la ville de Sherbrooke. Pour jeter un oeil sur la description de quatre cafés étudiants tous plus conviviaux les uns que les autres, cliquez-ici. 

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