Lun. Mar 25th, 2024

Campus-Nora - Credit Nora T LamontagneRécit d’une soirée à jeun dans la navette de la FEUS, remplie de gens tout sauf à jeun.

Par Nora T. Lamontagne

Nous sommes à l’Université de Sherbrooke un jeudi soir semblable à tous les jeudis soirs à l’Université de Sherbrooke. C’est-à-dire que les 5 à 8 battent leur plein, que la bière coule à flot, et qu’il faudra, éventuellement, que tous les fêtards rentrent à la maison, avec ou sans détour par le centre-ville.

Pour faciliter la migration des party animals, la FEUS, le REMDUS et l’Université ont mis en place, depuis septembre 2014, un service de navette qui fait l’aller-retour entre les deux pôles de la ville familiers aux étudiants : l’Université de Sherbrooke et le centre-ville de tous les Contacts et Studio Sex accessibles à partir de la station du Dépôt.

À première vue, la navette ressemble à un autobus comme un autre. Quatre roues, un chauffeur, des sièges et des portes qui se refermeront nécessairement au mauvais moment. Mais ce serait de négliger sa mission pour la soirée : transporter en toute sécurité des étudiants en perte de repères géospatiaux jusqu’à bon port.

Capitaine de ce bateau ivre, Richard Bachand en est à sa deuxième soirée de navette. Il est accompagné de Cédric Viens, un agent Garda incognito. Oui oui, Cédric a l’air d’un étudiant sobre, mais il doit s’assurer que le brasse-camarade ne se change pas en brasse-autobus, et que la beuverie déjà bien entamée ne soit pas poursuivie à bord de cette navette sèche.

Mais pour l’instant, il est 21 h 30 et le seul passager de ce voyage est un étudiant français, bock à la ceinture, qui entretient le chauffeur pendant tout le trajet de ses aventures noctambules. Une fois au Dépôt, il repart dans la noirceur sans plus de cérémonie. « Je pouvais le sentir dès qu’il est arrivé, celui-là! », s’exclame Richard.

L’odeur que Richard évoque se fera de plus en plus présente au fil des heures. Un mélange de fond de tonne et de pizza refroidie, que les fenêtres entrouvertes malgré le froid ont peine à faire disparaître.

Deuxième voyage. Cette fois-ci, l’autobus est plein et les quelques kilomètres qui séparent l’Université du centre-ville ont des allures d’intermède d’une soirée déjà bien entamée. « On est vraiment chanceux d’avoir la navette », témoigne Jean-Philippe, étudiant en génie mécanique. Habitué des 5 à 8, il a déjà « cinq bières et quatre verres de fort » dans le nez, et assure ne pas avoir été plus de quatre fois au cours du vendredi matin en trois ans.

Mélanie, étudiante en enseignement au secondaire, s’étonne quant à elle que la navette ne soit pas plus bondée. C’est qu’il est encore tôt.

Le départ de 22 h 20 est parmi les plus populaires. Cette fois, les étudiants qui doivent rester debout font preuve de concentration pour ne pas perdre leur équilibre. Parions que quelques-uns souffrent d’un mal de cœur de boisson, rendus à ce point.

L’ambiance est assez surréelle : rappelons que nous nous trouvons à bord d’un autobus qui pourrait très bien reconduire ces mêmes étudiants le lundi matin pour le cours de 8 h 50. Les néons donnent un air blafard à la scène, mais ne semblent pas pour autant gâcher l’excitation générale. Nous arrivons à destination et l’autobus libère ses passagers une fois de plus. « Ça fait drôle, hein, de leur parler quand on est à jeun », me glisse Richard, complice.

Il n’a pas tort. Mais il faut croire que l’alcool ne fait pas disparaître toute civilité. « Merci, chauffeur! », lance en sortant le dernier passager enivré.

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