Lun. Mar 25th, 2024

Par Laurence Richard

J’aimerais tout vous dévoiler, tout vous dire : ses aventures, ses amours, ses échecs, vous dévoiler sa recherche de liberté absolue. Elle ne la trouve pas. Mais elle y touche, cette femme qui est ornée de mystère et d’histoires de fuite.

Suzanne Meloche est une artiste, une poète et une peintre. Elle a aussi été secrétaire, postière, militante pour les droits des Noirs aux États-Unis dans les années 1960 et prisonnière. Mais Suzanne a aussi été mère de deux enfants, conjointe, amie, amante et fugueuse.

Cette femme est décédée dans un petit appartement à Ottawa rempli d’odeurs, de souvenirs et de nostalgie. Tout ça, Anaïs Barbeau-Lavalette l’a capté avec un roman sur la vie de sa grand-mère. Absente. Celle qui a fui sa mère.

Suzanne Meloche a abandonné ses enfants à un très jeune âge. L’une des enfants était la mère d’Anaïs Barbeau-Lavalette, l’auteure du roman La femme qui fuit. Cette dernière a suivi les traces de celle qui a attristé sa mère à jamais et y a découvert une vie qui a marqué l’histoire du Québec et qui a contribué à la libération des Noirs aux États-Unis. En effet, Suzanne Meloche était de ces jeunes artistes qui ont signé le Refus global à l’époque de Duplessis.

Le roman nous plonge dans cette époque oppressante à travers la voix d’Anaïs, mais les yeux de Suzanne. L’auteure du roman a une écriture dynamique et captivante. En embauchant une détective, Barbeau-Lavalette a pu imaginer les émotions que sa grand-mère pouvait vivre. En fait, l’auteure s’identifie à elle et fait en sorte que le lecteur s’identifie à Suzanne de même. Anaïs Barbeau-Lavalette s’est plongée dans les aventures de Suzanne en les décrivant comme des expériences sensorielles. Le lecteur se sent donc enveloppé par les moindres frissons que Suzanne a pu ressentir.

Vous aurez compris que j’ai dévoré ce roman. Il me rappelle les histoires de ma propre grand-mère, une militante, souverainiste et féministe aguerrie. Je me suis sentie enveloppée par la vie d’une femme qui a fui ceux qui l’ont aimée pour se libérer, pour vivre où les causes l’ont menée. Pour faire partie de l’Histoire avec un grand H. Mais après l’écriture apaisante d’Anaïs Barbeau-Lavalette, la poésie de la liberté et les aventures excitantes, il y a les réflexions. C’est impardonnable d’abandonner ses enfants comme Suzanne Meloche l’a fait. Elle les a fuis toute sa vie et les a condamnés à un vide indescriptible. Par contre, elle est l’incarnation du choix complètement indépendant des conventions, de la société. J’aime penser que tous nos choix le sont, mais je sais que ce n’est pas le cas. Suzanne a fait énormément de dommage chez ses proches, mais m’a montré que les conventions doivent être remises en question pour qu’on puisse trouver un équilibre entre nos propres choix et ceux qu’on fait pour nos proches.

Quétaine? Non. Il faut lire La femme qui fuit pour comprendre et y trouver votre propre interprétation.


Crédit photo © La Presse

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