Jeu. Avr 11th, 2024

Par Francis Patenaude

« L’urgence climatique est une course que nous perdons, mais c’est une course que nous pouvons gagner. La crise climatique est causée par nous – et les solutions doivent venir de nous ». Ces propos, tenus par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors du Sommet Action Climat du 23 septembre dernier, expliquent bien l’urgence de la situation environnementale dans laquelle nous évoluons. 

Depuis quelques années, il devient effectivement de plus en plus difficile de rester insensible à la question des changements climatiques. De près ou de loin, les conséquences qui en découlent se concrétisent à un rythme jugé alarmant par la communauté scientifique. Alors que par le passé, plusieurs ne semblaient pas convaincus de l’urgence de la situation, il semble que la multiplication des rapports scientifiques accablants sur l’évolution du climat commence bel et bien à être entendue.

D’ailleurs, le 25 septembre dernier marque un moment important pour la société québécoise, alors que les députés de l’Assemblée nationale ont adopté à l’unanimité une motion reconnaissant le phénomène d’urgence climatique. Bien que plutôt symbolique et peu contraignante pour le gouvernement caquiste, cette motion reste tout de même une preuve de la conscientisation des députés sur la situation environnementale. 

Dans le cadre de la semaine pour le climat, les Québécois et Québécoises semblent avoir eux aussi ressenti le besoin de souligner l’importance de la question climatique. Le 27 septembre, ce sont effectivement près d’un demi-million de personnes qui se sont présentées à Montréal pour se faire entendre dans le cadre de la marche pour climat. Alors que les rues de la métropole étaient bondées comme jamais, le nombre de manifestants représentant un véritable record, la Ville de Sherbrooke a elle aussi eu droit à un rassemblement d’une ampleur impressionnante.

Sherbrooke se lève pour la planète

Débutant devant la grande bibliothèque Roger-Maltais de l’Université, la marche pour le climat sherbrookoise a attiré un nombre impressionnant de citoyens sensibles à la question environnementale. Dans la foule, des familles, des étudiants, des jeunes et des personnes plus âgées ont répondu à l’appel. Avec sur place plusieurs milliers de personnes déterminées à démontrer leur intérêt pour la question des changements climatiques ; l’enthousiasme, l’exaspération et l’espoir semblaient se côtoyer dans cette marée de gens gonflée à bloc.

C’est donc vers 13h30 que la marche s’est officiellement enclenchée sur le boulevard de l’Université, la foule défilant au rythme des slogans et des instruments de musique. Dans la masse de gens, Raphaël, étudiant en génie du bâtiment, explique alors au Collectif pourquoi il a décidé de se joindre à la manifestation : « Je crois qu’il n’y a pas d’autres choix logiques que celui de participer à ce genre d’évènements. Même si les gens présents aujourd’hui ne mettent pas toujours autant d’efforts qu’il le faudrait dans leur quotidien, leur présence témoigne tout de même de leur sensibilité à l’urgence climatique ». 

Lentement mais surement, le bruyant cortège a ensuite emprunté l’artère Galt Ouest pour venir s’étirer tout au long du pont Jacques-Cartier.  Une courte pause près du lac des Nations aura par la suite permis à un deuxième groupe de manifestants de se joindre à la marche.

 Après avoir écouté les discours enflammés de plusieurs intervenants, ce sont ainsi entre 5000 et 10 000 personnes qui se sont remises en marche sur l’artère King Ouest, bloquée pour l’occasion. La foule déterminée s’est finalement rendue à sa destination, l’hôtel de ville. En somme, la marche fut donc une autre éclatante démonstration de la capacité de mobilisation sherbrookoise. 

Marcher pour le climat, efficace?

Alors que certains semblent douter de l’efficacité réelle des rassemblements populaires, comme ceux qui se sont tenus un peu partout dans le monde, Le Collectif a cru pertinent de demander l’avis d’une experte de la question environnementale au Québec. Annie Chaloux, professeure adjointe à l’École de politique appliquée de l’UdeS, répond donc à deux questions qui nous permettent de mieux saisir l’importance de ces mobilisations pacifiques. 

Le collectif : Selon vous, les marches pour l’environnement auxquelles on assiste un peu partout dans le monde, depuis quelques années, représentent-elles un précédent dans l’histoire de la lutte environnementale?

Annie Chaloux : Ce mouvement est très certainement l’un des plus importants, voire le plus important de notre histoire. Depuis le tout premier jour de la Terre en 1970 aux États-Unis, les citoyens ont souvent fait usage de ce moyen de pression, mais l’ampleur que l’on voit actuellement est sans précédent.

C. : En tant que professeure sur la question environnementale dans un contexte politique, croyez-vous que ce genre de démonstration risque réellement d’inciter le gouvernement fédéral et provincial à apporter des changements à leur plan d’action sur la question climatique?

A. : Ces manifestations obligeront des prises de position plus claires, et surtout, avec leur récurrence, pousseront les gouvernements à être plus cohérents dans leur approche. Ceci étant, ces manifestations doivent aussi être suivies d’actions concrètes du côté citoyen, que ce soit par l’exercice du vote lors d’élections, ou par l’investissement plus systématique des espaces leur étant dédiés.

Le Climatoscope, un vent de fraicheur dans un contexte de réchauffement climatique

Alors que les solutions pour arriver à surmonter les problèmes environnementaux représentent les défis scientifiques les plus complexes des dernières décennies, il est inspirant de constater que plusieurs figures du monde académique travaillent pour offrir un monde meilleur aux générations futures. Pourtant, dans un univers médiatique où l’information se perd entre sensationnalisme et surabondance de nouvelles de toutes sortes, il devient parfois difficile de rester au fait des dernières avancées pertinentes en ce qui a trait à la lutte aux changements climatiques. Dans le cadre de la semaine du climat, une initiative inspirante signée UdeS vient tenter de remédier à cette situation. 

En effet, le Climatoscope, une nouvelle revue francophone de vulgarisation scientifique portant sur les changements climatiques, représente ainsi une solution ambitieuse pour regrouper en un seul endroit les avancées techniques et académiques sur la question.  Sous la direction de Mme Annie Chaloux et de M. Gabriel Blouin Genest, tous deux professeurs à l’Université de Sherbrooke, la revue a été créée avec l’objectif de construire un pont entre le monde scientifique, parfois complexe et difficilement accessible, et le grand public. 

Lancée en grande pompe à l’Université de Sherbrooke le 25 septembre, Le Climatoscope « favorise la diffusion de connaissances sur les changements climatiques, contribuant ainsi à la sensibilisation, au développement des capacités et à la réflexion sur les problèmes, les défis et les solutions pour faire face à cette réalité. » Forte d’une centaine de pages et publiée annuellement, cette revue est dorénavant disponible en ligne gratuitement au Climatoscope.ca.


Crédit Photo @ Narcity

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