Mer. Avr 17th, 2024

Par Roxane Gaudreault  

Le 24février dernier est paru aux éditions La Mèche Les forces vitales, le premier recueil de poésie de Sarah BertrandSavard, chargée de cours à l’Université. L’œuvre poétique à caractère d’autofiction traite d’une période sombre de la vie de l’autrice, qui a accepté de s’entretenir avec Le Collectif pour parler de son livre et de son parcours 

Les forces vitales esune première publication littéraire pour Sarah Bertrand-Savard, qui a suivi un parcours d’études littéraires qui s’est soldé par une carrière dans l’enseignement dans le même domaine. Il ne s’agit cependant pas de sa première expérience d’édition puisqu’elle a publié par le passé un manuel de grammaire adapté à la réalité québécoise pour faciliter l’apprentissage des apprenants en langue seconde.  

Les deux expériences sont cependant, de l’aveu de l’autrice, complètement différentes. Pour une fervente amatrice de littérature, voir son œuvre littéraire sur les tablettes d’une librairie est une expérience incroyable: «J’ai tellement lu dans ma vieje me sens privilégiée d’être lue à mon tour!»  

Écrire le trauma : l’émotion comme moteur de création 

Les forces vitales est une œuvre poétique qui raconte une histoire. L’histoire, c’est celle de son autrice qui, par l’autofiction, réussit à amener ses lecteurs dans les émotions qui l’ont accompagnée lors d’une période particulièrement difficile de sa vie. Diagnostiquée d’un cancer du seinla mère de famille a dû subir des traitements agressifs et leurs conséquencesphysiques et psychologiques. 

Au bout du tunnel, la lumière. Avec elle, le poids de toute la souffrance accumuléeMalgré un grand soutien de la part de proches attentionnés et aimants, l’accumulation des épreuves pèse lourd sur les épaules de Sarah. Sa réaction? Écrire. Les forces vitales est le produit de ce processus d’écriture.  

La souffrance est un thème central de l’œuvre, cette souffrance qui découle de la solitude de la personne malade qui, bien qu’entourée de beaucoup d’amour, doit panser ses blessures psychologiques autant que laisser guérir son corps. «Une chose qui m’a vraiment frappée avec le trauma de la maladie, c’est à quel point on oublie. Mon cerveau m’a joué des tours! Je mélange encore parfois l’ordre des événements et je pense avoir oublié certains moments douloureux… je l’aborde dans le livre, cette réalité.» 

L’art visuel au cœur d’une création littéraire 

S’il s’agit d’une première publication littéraire, ce n’est pas une première création pour Sarah Bertrand Savard, qui s’exprime généralement par l’art visuel. C’est la cessation de son atelier de création qui l’a menée à se tourner vers la poésie.  

Un point majeur se retrouve cependant dans chacune de ses œuvres, tant littéraires que visuelles : des coupures tirées de livres accumulés ici et là avec les années. C’est d’ailleurs la forme choisie pour écrire et présenter Les forces vitales: les poèmes sont formés de mots découpés et collés pour former des phrases.  

En pleine entrevue, Sarah fait la démonstration de son processus. À partir d’une petite collection de mots ou d’expressions choisies pour différentes raisons dans différents volumes, elle crée une phrase qui l’inspire, selon son état d’esprit. Se décrivant comme une grande romantique, elle compose la phrase suivante : «Sache que/la vie s’écoule/pour te dire que je t’aime». 

Pendant l’écriturele processus s’est révélé une espèce de catharsis : «C’était ça, mon été : je coupais des mots, créais des phrases, et je pleurais.» Plus de 200poèmes ont été créés de cette manière. Ils ont été présentés à un éditeur et ce dernier s’est montré très favorable : le processus de préparation et d’édition pouvait commencer. 

Amour et poésie jeunesse? 

Lorsque questionnée sur la suite des choses au niveau littéraire, Sarah se montre enthousiaste : «Je suis une amoureuse de littérature jeunesse, je voudrais utiliser le même processus pour créer un recueil de poésie jeunesse. Je ne suis pas certaine du propos, mais ça risque bien d’être lié à un de mes sujets préférés : l’amour!»


Crédit photo @ Anik Moulin

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